Producteur résolument mainstream, mais talentueux, Mark Ronson se reconnaît de suite grâce à sa touche retro irrésistible, sa science de l'orchestration et parce qu'il passait souvent à la radio il y a quelques années. Le producteur d'origine anglaise s'intéresse donc à son pays pour ce deuxième album sous son nom et de nombreux artistes anglais sont repris ou passent derrière le micro. Après le hip hop, la pop prend le dessus. Et de fort belle manière, on entend des cuivres, des orchestres à cordes, des chanteurs à la voix soul, des divas, de l'exotisme, du classicisme et des reprises de groupes actuels et anciens de la perfide Albion.
L'interprétation de Stop Me, avec son petit coté grandiloquent, son orchestre pompeux à la Rob Dougan, est trop parfaite et en parait agaçante au début. Cette absence de défauts, de la voix claire de Daniel Merriweather ou des arrangements consciencieux, attise évidemment la curiosité de l'auditeur qui s'adaptera et qui finalement finira par trouver en la perfection le plus agréable (et seul) défaut de cette chanson. La même réflexion peut se faire, à moindre mesure, lors de l'écoute des deux chansons à pétasses où Mark Ronson arrive à tirer la meilleure voix de deux chanteuses à fort potentiel charismatique mais à la régularité musicale discutable. Dans Oh My God, Lily Allen est comme dans le clip une vamp rétro qui évolue avec aisance entre les cuivres et dans Valerie, Amy Winehouse nous fournit une de ses meilleures interprétations (son album est de toute façon déjà produit par Ronson).
Il n'y a pas à dire Mark Ronson est un bon producteur. Mais c'est aussi un magicien, il rend meilleur Maximo Park dans une orchestration digne d'un James Bond ou il exécute une sublime version instrumentale ska/rétro de God Put A Smile Upon Your Face de Coldplay. Des artistes moins connu se succèdent ensuite au micro comme Kenna, Tiggers, Santo Gold ou Robbie Williams, pour des reprises qui s'écoutent (notamment la version soul de Toxic de Britney) mais le clou du disque ce n'est pas comme il essaye de nous le faire croire l'immonde relecture de LSF de Kasabian par Kasabian, mais plutôt celle de Just de Radiohead par les minots de Phantom Planet, groupe connu pour être l'auteur d'une des chansons les plus mielleuses du monde. La chanson sonne tellement bien qu'elle semble avoir été écrite il y a 50 ans par un jazz-band de la Nouvelle Orléans.
Voilà, un album de reprises pas dégueu qui s'écoute au chaud avec une bière, conçu par un des maîtres du genre, et qui passe bien au dessus de l'ordinaire de ce que peuvent nous fournir les groupes pour ce genre d'exercice.