Ces 2 DVD regroupent les clips de Bruce de 1978 à 2000 ne sont que la partie « commerciale » de son talent, à laquelle il a bien fallu se résoudre surtout dans les années 80 où ces clips étaient devenus obligatoires pour une vedette de la trempe de Springsteen, alors que MTV explosait et faisait la pluie et le beau temps. C’est d’abord un homme de scène et tourner des vidéos ne doit pas faire partie de ses préférences…Honnêtement, c’est quand il doit jouer la comédie (rarement) qu’il est le moins crédible, c’est une chose qui ne doit pas lui sembler naturel mais à laquelle il doit se soumettre et il le sait comme dans « I’m on fire » où il interprète un mécano ou « Glory days », un ouvrier grutier qui a une passion pour le base-ball…Mouais, il est évident que ces clips ont contribué à fixer la caricature d’un Springsteen « working class hero », tous les muscles dehors et que Reagan cherchera à récupérer lors de sa compagne présidentielle de 84. Son talent est tellement plus vaste que ça. Quand on pense aux clips de la même période d’artistes comme Peter Gabriel, Bowie ou encore les Talking Heads, les réalisations brillantes de David Mallet ou Jean-Baptiste Mondino, on est très loin du compte avec ces vidéos même si les chansons sont excellentes, on est obligé de juger le fond autant que la forme. Mais Bruce a aussi su s’entourer de grands réalisateurs à certains moments comme Jonathan Demme pour « Streets of Philadelphia » (un Oscar pour Bruce !) ou encore Brian de Palma pour le fameux clip de « Dancing in the dark » filmé en concert et dans lequel il invite à danser avec lui une toute jeune Courteney Cox.
Car c’est bien en concert qu’il est le meilleur et ces images live sont un formidable moyen de promotion en montrant à ceux et celles qui n’ont pas eu la chance de le voir la bête de scène qu’il est. Le 1er DVD commence d’ailleurs par un des meilleurs moments, le clip de « Rosalita (Come out tonight) », filmé en concert le 08 juillet 1978 à Phoenix. On y voit des admiratrices courir sur scène et prendre d'assaut Springsteen (très drôle et franchement, on se met à tous avoir envie de devenir rockstar, non ?!!!). Clarence s’amuse lui aussi comme un fou avec son pote. Au-delà de ça, le clip capture magnifiquement l'énergie du E Street Band en concert et le pur moment de rock'n'roll qu'est cette chanson. La version électrique de « Born to run » est un montage d’images issues du Born in the USA tour en 84-85. La version acoustique de ce morceau provient du « Tunnel of love express tour » en 87-88 (c’était le 1er rappel de ces concerts) et « Leap of faith » est tirée de la tournée 93 (sans le E Street Band), elle prend une dimension supplémentaire par rapport à la version originale car Bruce en profite pour se jeter dans le public comme il l’aime ! « Murder incorporated » a été enregistrée lors d’un concert de reformation du E Street Band dans un club new-yorkais en 1995 et Bruce y retrouvait Jonathan Demme. Le but de ce mini concert était bien de tourner ce fameux clip devant un petit public de fans qui profitaient de leur chance de revoir ce groupe mythique. « Hungry Heart » est une version filmée dans un bar de Berlin avec des musiciens allemands le 9 juillet 95 pour un concert surprise. Même très sympa (« Tiens, Bruce passe en voiture près de la Porte de Brandebourg ! »...), autant dire qu’on est à des années lumières des versions d’anthologie avec le E Street Band…« The Ghost of Tom Joad » tournée dans l’émission de Jay Leno est excellente.
Pour les fans du Boss, c’est un indispensable, pour les autres, ça l’est nettement moins, ces clips étant très inégaux.