Disons le avec ostentation : Cathal Coughlan était un génie.

1990, le groupe Microdisney qu'il menait avec Sean O'Hagan (futur High Llama) s'est séparé deux ans plus tôt en laissant d'incroyables chansons à la fois sophistiquées et dissonantes capables de rencontrer d'honorables succès outre-Manche. Avec the Fatima Mansions, Cathal Coughlan pousse plus loin les mélodies disgracieusement envoûtantes. Il y instille une impudeur fascinante qui s'accompagne d'une prose des plus poétiques.

Viva Dead Ponies est le deuxième album du groupe après Against Nature (1989) dont le Blues for Ceaucescu résonne ici encore. On pénètre dans l'album par Angel's Delight tout comme dans le cerveau faussement apaisé et assurément dérangé de son instigateur. Au premier abord, c'est une délicatesse de notes perlées suivies d'un chant frêle que susurre Cathal. Mais très vite tout bascule dans un heavy metal aussi rageur que fugace. Rarement en une si courte séquence on aura traversé un tel trouble comportemental que l'on aurait tendance à diagnostiquer comme symptomatique d'une bipolarité. Il est vrai qu'un disque comporte deux faces. Cathal Coughlan nous invite à explorer son univers à la fois inquiétant, onirique et fabuleux. Viva Dead Ponies, à la disparité de trajectoires musicales surprenantes, finit par créer un équilibre majestueux entre des ballades innocentes (You're a Rose, Behind the Moon) enclines à rompre à tout moment par l'effraction d'une énergie démentielle (Broken Radio, Look What I Stole for Us, Darling) voire d'une House dance Music (Thursday). Quand la folie n'est pas une simple posture mais un acte artistique assumé dans la pluralité des approches. Cathal Coughan va jusqu'à nous emmener sur la face cachée de la lune, dans cette zone opaque où tous les amoureux sont aveugles. "Green bed of bottles open to the sky...." Par le désastre on arrive à atteindre la quiétude des astres. Thank you Cathal, rest in peace.

PS : Cork est un vivié de fous géniaux

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Créée

le 24 oct. 2025

Modifiée

le 25 oct. 2025

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