Dominique Nicolas, le guitariste originel d'Indochine, prit définitivement congé du groupe, information que j'appris bien plus tard, mes radars auditifs étant alors orientés ailleurs et étant personnellement positionné à cette période à l'apoapse par rapport au groupe désormais mené par les frères jumeaux Sirkis.
Wax manifeste à la fois une cassure et une évolution. Une cassure car on n'entendra plus la tonalité bien reconnaissable qui sortait de la guitare de Dominique Nicolas ainsi que les compositions de ce dernier. Une évolution car Indochine avance, a toujours avancé, mais en se fragilisant ici dans une mue au risque de déconcerter de nombreux fans après avoir été amputé d'un membre cofondateur dont le défi du vide laissé paraîtra difficile à relever.
Wax est surprenant par son ton très rock, bien plus rock que le précédent album, Un Jour Dans Notre Vie, le mixage du son en étant pour quelque chose. Les bons titres ne manquent pas au fil de leur découverte comme "Echo-Ruby", "Satellite" qui lâche carrément les chevaux à ses refrains, "Unisexe" avec son échantillonnage prélevé d'un titre de The Lively Ones qu'est "Surf Rider" (qu'on retrouve dans la B.O. connue du film, Pulp Fiction, de Quentin Tarantino) et ses chœurs virant presque au gospel que l'on retrouve également dans "Je N'Embrasse Pas", ou encore "L'Amoureuse" avec ses violons, planant comme s'il s'agissait d'un générique sensuel d'un film dans le genre James Bond.
Wax s'est, malheureusement, bien moins vendu que le précédent album. Les frères Sirkis, ici comme les principaux compositeurs, joints par des nouveaux membres que sont Alexandre Azaria et Jean-Pierre Pilot venus apporter leur touche sur la peau neuve d'Indochine, ont pris un risque non négligeable en allant vers d'autres horizons sonores. Mais le risque est l'un des composants inévitables à l'aventure dans un inconnu dont on en ignore les retours sur l'instant, des retours qui se sont avérés bien maigres plus tard liés au peu d'intérêt promotionnel de la maison de disque, de la presse et d'un public qui saura assurément revenir, une partie renouvelée ajoutée à une autre partie restée fidèle depuis le début.
Si Un jour Dans Notre Vie faisait ressentir une émancipation certaine du groupe aux jadis conspuées années 1980, Wax, même si l'important compositeur d'Indochine est parti, confirme d'une manière plus éloquente et courageuse, dans une période impitoyable pour un groupe diminué, cette émancipation qui, même si majoritairement boudée ou ignorée, fut loin d'être un ratage total.