Avec Willoughby Tucker, I’ll Always Love You, Ethel Cain continue de bâtir sa légende noire. Ce deuxième album, à la fois préquel de Preacher’s Daughter et frère maudit de Perverts, est une claque d’ombre et de lumière.
Dès Jamie, la douleur s’installe comme une évidence, cordes en apesanteur et tristesse sans filtre. Willoughby’s Theme creuse encore plus profond, avant que la voix immense d’Ethel ne fissure les ténèbres : sur Fuck My Eyes, elle fait jaillir une lumière presque sacrée, comme si l’ange noir de la folk voulait nous sauver de notre propre spleen.
Les morceaux s’étirent comme des prières écorchées : huit minutes pour l’angélique Nettles, dix pour l’océan noir de Tempest. Mais c’est Waco, Texas qui terrasse tout sur son passage, final dantesque, tempête émotionnelle qui laisse exsangue.
Ethel Cain n’écrit pas des chansons : elle élève des cathédrales de tristesse et de désir. Et dans ce Willoughby Tucker, chaque note saigne, chaque silence brûle. Un album qui ne se contente pas de séduire : il hante.