Un album comme le bon vin

... qui se bonifie avec le temps et les écoutes.

Pour les fans de Cross qui a fait les premières heures du groupe, cet album peut être vu comme une déception. Plus épuré, plus disco, plus dans un style "seventies", le duo français revient à des sonorités majoritairement instrumentales, comme c'était le cas pour l'album Audio Vidéo Disco.
Nous sommes quand même chez Justice : les beats puissants ne sont pas oubliés, avec des titres à la Chorus, ou, plus calmement, à la Heavy Metal. De quoi nous rappeler nos belles heures à s'essouffler sur Stress.

Le duo continue la lancée qu'il a pris avec son deuxième album, AVD. Un tournant qui était déjà surprenant, quand on sait la production qu'est Cross. On retrouve une sonorité au croisement de On'n'on (sur Randy, entre autres), et Civilization (avec Love S.O.S). Une lancée qui peut commencer par surprendre, après les trois titres qui ont été lancés les mois derniers : d'abord Safe and Sound. Les influences de Pink Floyd se ressentent forcément dans ce morceau qui signe le retour de Justice, à la fois "tout comme avant", grâce à ces guitares et ces violons, et à la fois très différent, très nouveau.
Randy est dévoilé quelques semaines plus tard, faisant écho assez facilement au titre Audio Video Disco. Un rythme plus calme, comme dans la plupart des nouvelles pistes. Mais des passages toujours très puissants comme on peut l'entendre à la fin du morceau.

Vient ensuite le merveilleux Alakazam !, donnant le nom du DJ Sets surprises donnés dans plusieurs villes en Europe, morceau avec une ligne de basse puissante et envoûtante. Le meilleur morceau jusqu'à présent.

C'est donc avec trois morceaux très différents que nous restons dans le silence et l'attente. Et vient ce 18 novembre et la sortie de Woman.
La première écoute fut assez bizarre et décevante, comme ça peut le faire avec les artistes pour lesquels nous avons énormément d'attentes, surtout après cinq ans. Très surprenant, très différent de ce à quoi nous sommes habitués. Donc, très loin de ce que nous espérions/attendions, même si il suit très bien la lignée Audio Video Disco, notamment dans le mouvement funk/disco/electro. Il reste toutefois à l'opposée de Cross. Amoureux de ce premier album, vous serez probablement déçus.

Passé ce cap de la première écoute, le plaisir commence à se faire sentir, avec ce couplé Love S.O.S/Close Call, qui s'agencent comme un seul morceau, un peu comme ce que nous avions dans le premier album du groupe, effet assez rare dans l'industrie de la musique, mais qui est fort appréciable. La puissance de Love S.O.S se trouve dans son originalité, avec cette sorte d'alarme en fond sur ce slow plein d'amour.
Stop nous fait revenir au Justice épuré que nous connaissons déjà, fait penser de loin à On'N'On qui avait très bien fonctionné à l'époque.

On prend énormément de plaisir à écouter Chorus, qui revient aux fondamentaux de Justice : la violence, l'apocalypse, ce que l'on aime voir en live. Ce morceau aurait pu quand même aller plus loin, le duo aurait pu pousser le style, pousser l'énervement, la rage. C'est le défaut principal de cet album : trop épuré, trop calme. On aurait aimé qu'il soit plus fort, plus puissant, ce qui aurait été possible avec ce morceau, ou avec Heavy Metal.

De façon générale, cet album est très travaillé et très agréable à l'écoute. Mais, nous l'attendions depuis longtemps, et quelque chose manque à l'appel. On ressent parfaitement la patte de Justice derrière ces titres, mais il manque l'expérimentation, la folie, que nous aimons chez le duo français.