chronique écrite en 2006


Le nouvel album de Laudanum arrive prématurément. Matthieu Malon aurait dû sortir précédemment un album sous son propre nom, francophone plus axé chanson-pop. Mais n'ayant pas trouvé preneur (au vue de la frilosité ambiante, c'est presque normal), Revoilà donc Malon a.k.a. Laudanum. Contre mauvaise fortune bon cœur, ce deuxième opus reprend les choses là où le premier System :on les avait laissées, This 80's-car pouvant même être considéré comme un Russian Moon 2 (un poil en dessous tout de même du premier). Malon semble avoir pris plus confiance en lui, paradoxalement en ayant multiplié les collaborations comme jamais, prenant exemple sur ses amis de Ginger Ale. Il délaisse donc dans une large mesure le chant pour peaufiner encore plus ses arrangements et ses mélodies. Il arrive à dessiner de véritables ambiances sombres et glaçantes dans le cadre bien défini d'un vrai titre pop (Collide avec l'Anglais Cavil au chant) ou à trouver ce qu'il y avait de bien dans Sisters of Mercy (The Only way). La musique de Laudanum peut paraître légère, certains diront
new wave, mais elle a la profondeur insoupçonnée d'un iceberg : On the fire side (avec T) virevolte pour mieux nous émouvoir et Christian Quermalet des Married Monk joue au précheur désincarné pour mieux nous faire danser sur des sons indus (Sailor and Bruno). Même Be mad or whatever (avec Elsa de Monovalley) va plus loin que Saint-Etienne, nous laissant un petit goût amer dans la bouche. Sur une base électro-pop, influencé par les 80's, Laudanum arrive à rendre différents chaque titre, se cassant la tête pour ne pas utiliser les mêmes ressorts. Un petit tube Curiste par ci (left-handed right mind), un groove synthétique et froid (perfect) par ci sans oublier les apports assumés de DJ Shadow (pour les ruptures rythmiques) et Massive Attack période Mezzanine (pour les ambiances). On accepte donc de jouer les victimes consentantes et d'être sous le contrôle spatial et temporel de Laudanum.

denizor
8
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le 7 sept. 2015

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