La quête du cinquième genre

L'éther, la matière des cieux, est une réalité. Un océan permettant de voyager vers les astres. Une réalité à explorer, conquérir. Tel est le postulat uchronique d'Alex Alice pour nous conter son histoire. Une aventure où se croisent science-fiction, drame, complots politiques et personnages hauts en couleurs. Du Nord de la France aux contrées de Bavière - espions prussiens aux trousses - nous sommes invités à suivre les pérégrinations mouvementées des Dulac, père et fils, chargés par un souverain mélancolique de construire un éthernef...

Si le scénario, convenu dans les grandes lignes, se révèle habile pour ferrer le lecteur de part son accélération inexorable (la fin de ce premier tome est excessivement frustrante tant on aspire à lire la suite) et ses personnages attachants, c'est surtout l'aspect graphique qui épate. C'est avec un plaisir gourmand qu'on se plonge dans ces planches à l'aquarelle crayonnée, somptueuses, où se dévoilent châteaux extravagants, engins volants délirants et paysages majestueux. On sent qu'Alex Alice s'est régalé à penser puis dessiner avec minutie cet univers flirtant avec l'imaginaire de Jules Vernes et le ton d'un Miyazaki de ses débuts (il dit s'être directement inspiré du Château de Cagliostro notamment), le tout dans un contexte historique passionnant (l'hégémonie grandissante de la Prusse...).

A noter que l'ouvrage est proposé en deux formats. L'un de taille traditionnelle, l'autre reprenant les dimensions de la pré-publication du récit en trois gazettes, soit du 41 x 0,5 x 30 cm. J'ai opté pour le second format et je pense que ça a grandement participé à mon plaisir de lecture tant l'impact visuel des planches est saisissant.

Bref, "Le château des étoiles" est une magnifique bande dessinée, le second tome s'annonce grandiose. Et si devoir attendre un an pour le lire me chagrine, je sais déjà que je relirai fréquemment ce premier tome avec plaisir d'ici là.