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Dans Marzi, Sylvain Savoia met en images les souvenirs d’enfance de sa compagne Marzena Sowa, née en Pologne à la fin des années soixante-dix.

La nostalgie peut briller dans l’œil du lecteur à la vue d’une société certes industrielle mais encore très campagnarde... Si proche historiquement et géographiquement mais qui était difficilement accessible et qui, compte tenu d’un indéniable décalage de modernité et de confort, paraît plus ancienne. Si la narratrice sait nous appâter par le caractère exotique de ses récits, elle sait aussi restituer les ombres de cette période, que ce soient celles de la société polonaise sous le régime « communiste » ou celles qui planent sur sa propre famille.
Nombreux sont les récits liés à la situation de pénurie, à l’état de guerre, aux grèves qui se multiplient, mais Marzena Sowa n’oublie pas de nous transmettre aussi une relation conflictuelle avec sa mère et l’adoration du père, assumant son Œdipe sans camouflage ni ostentation. Marzi a bien sa personnalité et n’est aucunement interchangeable. C’est cette « non universalité » du personnage qui fait la singularité de cette série et la différencie fondamentalement du Petit Nicolas, avec lequel elle a souvent été comparée. Et c’est pourtant dans les éclats de cette enfance si singulière et exotique que le lecteur trouvera des échos de sa propre existence... Un certain état d’esprit qui est le propre de l’enfant : une existence à la fois simple et mystérieuse, emplie de situations cocasses et d’une grande attention aux détails.

Ces détails font beaucoup de l’authenticité de ces récits. Sylvain Savoia qui a fourni un formidable travail de documentation loue la capacité de sa compagne à revenir « avec une incroyable facilité et une précision étonnante sur tout ce qui l’avait marqué durant cette période ». Lui-même a su trouver le graphisme juste, à la fois synthétique et précis.

Pas de liberté sans solidarité, la métaphore qui était sous-jacente depuis le début de la série apparaît au grand jour dans le 5e volume : la petite Marzi grandit à mesure que les signes des bouleversements politiques à venir s’accumulent. Les souvenirs personnels se mêlent à l’histoire nationale. Son père, ouvrier, s’investit dans la contestation du pouvoir et dans un Solidarnosc de plus en plus puissant. Gorbatchev, les élections presque libres en Pologne, la chute du mur de Berlin... : les régimes staliniens vacillent tandis que Marzi quitte l’enfance.

Vladimir Lecointre
aaapoumbapoum
8
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le 15 nov. 2012

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