Le sept coups
Je me suis attendu à plein de choses avant de lire cet album : des vieilles histoires courtes retrouvées, les auteurs en manque d'inspiration, diverses histoires courtes visant la promotion d'un...
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le 8 déc. 2014
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BD franco-belge de René Goscinny et Maurice de Bevere (Morris) (1974)
Au début des années 1970, la saga de Lucky Luke est sur un de ses sommets (Canyon Apache, Ma Dalton, Chasseur de Primes). Goscinny est alors un peu le pape de la bande dessinée, chef de la rédaction du périodique Pilote ; mais il est de plus en plus contesté par ses collaborateurs en recherche d'une plus grande liberté d'expression post mai 68. En 1973, Pilote voit notamment le départ de ses publications phares comme Asterix, Blueberry et Lucky Luke. Goscinny quitte Pilote en 1974 et lance avec Dargaud un périodique sous-titré « Le mensuel international des copains de Lucky Luke ».
Sont publiées dans ce cadre des histoires courtes de 6 pages qui s'étaleront sur 7 mois et qui seront reprises dans ce qui sera le 42ème album éponyme "7 histoires de Lucky Luke".
Les auteurs n'en sont pourtant pas à leurs premières histoires courtes, les premiers albums signés Morris étaient souvent composés de plusieurs petits scénarios indépendants. L'arrivée de Goscinny à la fin des années 50 avait permis un allongement et une complexification des histoires de LL.
Venons en à l'album en question : à défaut d'un tout cohérent, la somme des histoires dresse un portrait de la vie dans l'Ouest américain dans lequel Lucky Luke est comme toujours un peu acteur et spectateur. Il sera question de guerres indiennes, de bétails, de shériffs, de pionniers, de desperados ; mais aussi de concert de piano dans un théâtre à Houston.
Au delà du contenu hétérogène de ces histoires indépendantes les unes des autres, la principale limite de l'album réside dans son format. Sur si peu de pages, il est finalement assez difficile de développer des personnages par ailleurs nouveaux dans l'univers de la série. Le colporteur connait un développement et une adaptation assez touchante dans la série animée Lucky Luke.
Par ailleurs, dans son excellente Etude de l'évolution du tir de Lucky Luke, le youtubeur Bédémancie relève deux anomalies assez incompréhensibles qui surviennent dans l'album :
- dans la 3ème histoire "Maverick", un personnage secondaire est désarmé par un tir en hors champ. Ce procédé graphique est devenu sous Goscinny une façon de rendre le tir de Lucky Luke surnaturel, le plaçant au dessus des autres tireurs pour lesquels leur geste avec le revolver est dessiné. Seul Lucky Luke avait la "propriété" de ce tir en hors champ...jusqu'à la planche 3 de Maverick où un éleveur du nom de Rawson tire façon Lucky Luke...
- plus grave, Goscinny tenait à ce que, malgré le contexte rude de l'Ouest américain, aucun protagoniste de Lucky Luke ne meure ni même soit blessé. Goscinny avait réussi ce tour de force par le désarmement, la ruse, la malice, etc...jusqu'à la 4ème histoire nommée "L'égal de Wyatt Earp" où le maladroit Leroy Blastwater se retrouve en duel avec Lucky Luke à la page 6 et s'en suit après 6 coups de feu :
Descendu net ! Il l'a descendu net ! C'est formidable ! Qui a fait ça ? Le célèbre Texas Killer était en train d'attaquer ma banque ! Il a été descendu quand il allait s'enfuir!
Beaucoup plus tard, les mini-histoires seront complètement à côté de la plaque comme dans le 49ème album La Corde du pendu et autres histoires qui montrera que tout n'est pas qu'une histoire de format mais aussi et avant tout d'inspiration.
Espérons que l'album prévu fin 2025, Dakota 1880 de la série Lucky Luke vu par...Appollo et Brüno, peut-être le duo le plus talentueux de la BD contemporaine, relève ce défi de faire des mini-histoires riches et marquantes dans l'univers de notre cow-boy solitaire préféré.
Appollo disant notamment dans un interview pour Spirou le 03/09/25 :
Au départ, notre variation autour de Lucky Luke devait se réduire à une seule histoire prévue pour Spirou. Mais on nous en a finalement demandé tout un album ! Brüno et moi sommes restés sur une rythmique narrative d’histoires courtes. Déjà parce que ce format a tendance à se raréfier avec la disparition de la presse, ensuite parce que ça rendait hommage à l’album « 7 histoires de Lucky Luke », que j’adore.
La disparition de la presse qu'évoque Appollo a bien eu raison du mensuel Lucky Luke. Celui-ci n'aura duré que 11 petits mois...
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Créée
le 6 oct. 2025
Modifiée
le 7 oct. 2025
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Je me suis attendu à plein de choses avant de lire cet album : des vieilles histoires courtes retrouvées, les auteurs en manque d'inspiration, diverses histoires courtes visant la promotion d'un...
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le 8 déc. 2014
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