Cette histoire nécessite une connaissance de base sur Venom pour pouvoir saisir des éléments importants de l'intrigue. Ce tome comprend l'introduction de 10 pages parues dans Free Comic Book Day 2019, ainsi que les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019, écrits par Donny Cates, dessinés par Ryan Stegman, et encrés par JP Mayer, avec l'aide de Jay Leisten pour les épisodes 4 & 5, et de Stegman pour l'épisode 5. La mise en couleurs a été réalisée par Frank Martin. Mark Bagley a dessiné 3 pages de l'épisode 5, encrées par John Dell. Ce tome comprend également les couvertures originales de Stegman, ainsi qu'une trentaine de couvertures variantes dont celles de John Tyler Christopher (*5), Ron Lim (*5), Kyle Hotz, Adi Ganov. Il se termine avec la retranscription d'entretien avec plusieurs individus incarcérés à l'asile de Ravencroft : Cletus Kasady, Norman Osborn, Frances Barrison, Eddie Brock.


Une interview d'Eddie Brock passe à la télévision : il parle du retour de Cletus Kasady, du culte qu'il a créé pour rendre grâce à la divinité Knull, du fait que Carnage traque tous ceux qui ont pu porter un jour le symbiote Venom pour pouvoir récupérer la trace de Venom qui reste en eux, et pour pouvoir libérer Knull de la planète des symbiotes. En attendant, Eddie Brock est incarcéré à la prison de Ryker Island où il se fait harceler par Lee Price, un autre détenu. Au final, Cletus Kasady récupère le symbiote de Maniac et s'évade. Au temps présent à New York, Eddie Brock explique à Dylan Brock, toute l'histoire des symbiotes : le dieu Knull, la planète des symbiotes, Venom et tous ses hôtes, les rejetons de Venom, Cletus Kasady et Carnage, ainsi que leur objectif de libérer Knull. Dylan accuse le coup de toutes ces révélations et de leur ampleur. Voyant sa tête mise à prix sur les panneaux lumineux de Time Square, Eddie Brock décide d'aller passer inaperçu dans le métro. Il se fait pousser sur les rails avec Dylan, par Cletus Kasady. Juste avant qu'ils ne soient heurtés par une rame de métro, le symbiote se jette sur eux et se réattache à Eddy Brock. La police arrive sur ces entrefaites pour voir la rame être littéralement soulevée des rails et être stoppée net.


Les policiers demandent à Eddie Brock de se rendre, du fait qu'il est recherché. Brock leur demande de prendre en charge Dylan, et Carnage fait connaître sa présence, et engage le combat contre Venom. Ce dernier arrive à trouver une parade qui dissuade Carnage de continuer l'affrontement et qui permet à Eddie & Dylan de fuir. Eddie Brock se résout à se rendre chez une connaissance pour demander de l'aide. Il toque à la porte et Randy Robertson leur ouvre, comprenant immédiatement que les deux visiteurs souhaitent voir son colocataire Peter Parker. Spider-Man retrouve Eddie Brock et Dylan dans un diner et la discussion s'engage. Eddie demande à Dylan de les laisser parler tranquillement et explique à Spider-Man que Dylan est son fils mais qu'il ne lui a pas dit. Tout d'un coup, son regard est attiré par une information à la télévision : une fosse commune vient d'être découverte, contenant de nombreux cadavres dont quelques-uns ont pu être identifiés : Angelo Fortunato, plusieurs membres de la Fondation de la Vie, le général Thaddeus Ross.


En 2018, Donny Cates et Ryan Stegman réalisent le début d'une nouvelle saison de la série consacrée à Eddie Brock : Venom by Donny Cates Vol. 1: Rex (épisodes 1 à 6). Quelques mois plus tard, le temps est déjà venu d'organiser un événement qui donne lieu à plusieurs miniséries créées spécifiquement pour l'accompagner. Le lecteur sait que pour suivre l'intrigue de la série Venom, il doit lire le présent tome. D'un autre côté, cette histoire est également réalisée par Stegman & Cates. Il attaque donc le prologue de 10 pages et voit que l'artiste est en très grande forme : le visage expressif d'Eddie Brock (9 cases de gros plan pour la première page), la tension qui monte entre Lee Price et Eddie Brock au fur et à mesure que Price se moque de lui, le déchaînement de Carnage avec ses vrilles dans une lumière en teinte rouge d'Andrinople et grenat, pour une ambiance ensanglantée et sinistre, la nouvelle apparence monstrueuse de Carnage. Dans le même temps, il constate que Donny Cates en donne pour son argent au lecteur, avec une page d'exposition de la situation (Brock en train de parler), une scène de prison, une mise à profit de la richesse de l'univers partagé Marvel (Lee Price apparu dans la série Venom de 2016), et le retour de Cletus Kasady, tout ça en 10 pages.


Avec le premier épisode, le lecteur se rend compte que cette histoire s'apprécie mieux avec une connaissance développée de l'histoire du symbiote. Il vaut mieux avoir lu les tomes précédents de la série Venom écrite par Donny Cates pour savoir d'où cette histoire de Knull, et comment Dylan Brock est arrivé. La découverte du charnier fait surgir le nom d'Angelo Fortunato, un personnage apparu dans l'épisode 8 de Marvel Knights Spider-Man en 2005 (par Mark Millar & Terry Dodson). Par la suite, le scénariste évoque Anne Weying, personnage créé en 1993 dans la série Amazing Spider-Man, et porteuse du symbiote Venom dans une minisérie de 1995 Sinner takes all, écrite par Larry Hama. Il ne fait pas mentir le titre de cette minisérie en évoquant une forme d'absolu : il maîtrise l'histoire du symbiote et en met à profit de nombreux éléments. Il est également en phase avec la série Amazing Spider-Man de Nick Spencer, que ce soit son appartement en cohabitation ou le sort de Norman Osborn. Il évoque aussi le début de la série qu'il écrit pour Venom, en particulier avec un personnage en provenance de l'univers Ultimate.


Au vu du titre et de la couverture, le lecteur se demande si le récit va se focaliser sur Carnage (Cletus Kasady et peut-être d'autres versions) ou sur les superhéros qui vont s'associer pour le combattre. Il commence par observer qu'Eddie Brock est le personnage qui apparaît le plus souvent, puisque Spider-Man n'a droit le droit à des répliques régulières une fois que Brock est venu toquer à sa porte. De fait l'histoire oscille entre une histoire de Venom (comme un complément à sa série) et sa relation avec le symbiote, et une sorte de team-up entre Venom et d'autres superhéros dont Spider-Man. Dans le même temps, Donny Cates profite d'être associé à Ryan Stegman pour lui concevoir des séquences qui lui permettent d'en mettre plein la vue au lecteur. Frank Martin nourrit les dessins par une mise en couleurs denses, jouant sur les teintes sombres et les rouges dès que Carnage est présent dans la séquence, ainsi que les vert-bleus pour évoquer la nuit. Depuis des décennies, les dessinateurs successifs de Venom ont poussé les capacités du symbiote jusqu'à ce qu'il déforme l'anatomie humaine, en plus d'avoir des caractéristiques exagérées de bête féroce (comme sa dentition et sa propension à saliver énormément). L'artiste a bien assimilé ces différentes approches, tout en conservant les bases posées par Todd McFarlane. Le lecteur en prend plein la rétine : comme le montre la couverture Carnage est passé au niveau supérieur, et sa forme diffère de celle d'un Venom en plus fin et plus nerveux. La bouche de Carnage est devenue une ouverture sur une fournaise. Sa peau est devenue striée et craquelée, tout en conservant son élasticité, montrant que ce symbiote est en perpétuelle agitation, toujours prêt à se montrer inventif dans l'agressivité. Sa morphologie s'est un peu éloignée de celle humaine, avec une taille beaucoup plus grande pour rendre compte de son augmentation de niveau de pouvoir. De toute évidence le symbiote a procédé à un réaménagement significatif de certaines parties de son anatomie : son tour de taille réduite à la colonne vertébrale, ses mains démesurées avec des ongles devenus des griffes, et des yeux toujours plus expressifs. Venom se bat contre une créature imprévisible, changeante, impossible à maîtriser.


Les représentations de Venom sont tout autant nourries d'énergie, avec la masse musculaire imposante, des postures montrant que la créature est consciente de sa force et l'apprécie, et des dents en surnombre d'une taille impressionnante, sans oublier les déformations du symbiote quand se produit sa fusion avec un être humain. Les représentations de Spider-Man sont sympathiques, sans avoir l'entrain et la bonne humeur de celles de McFarlane. Le spectacle visuel est complété par d'autres éléments : le charisme d'Eddie Brock avec son hoodie, Spider-Man et Eddie Brock tranquillement assis sur la banquette d'un diner pour papoter, le plan sur la fosse commune la nuit sous les projecteurs (macabre à souhait), la ressemblance de Maker avec la forme du crâne des Aliens de Hans Ruedi Giger, l'apparence du chat Sleeper, la ressemblance de Cletus Kasadi avec Joker dans deux ou trois cases, etc. Le lecteur prend plaisir à cette narration graphique entraînante, car il est visible que Stegman s'amuse lui aussi. Il ne pas s'empêcher de remarquer qu'environ la moitié du récit se déroule dans des espaces clos, ce qui permet au dessinateur de s'économiser en ne dessinant pas les arrière-plans, Frank Martin utilisant des camaïeux pour habiller les fonds de case, et intensifier l'ambiance de la séquence. Au vu des forces déchaînées, il devient aussi un peu bizarre que les combats ne fassent pas plus de dégâts matériels.


Le titre annonce clairement la nature du récit : Carnage se déchaîne. Ryan Stegman se déchaîne également, avec des manifestations des symbiotes vives avec une touche d'horreur et une belle utilisation des meilleures caractéristiques des personnages Carnage et Venom développées au fil des décennies. Donny Cates raconte une histoire qui comprend des séquences visuelles où l'artiste peut s'en donner à cœur joie, et conçoit son récit comme un développement de la série Venom, donc plus intéressant pour les lecteurs qui suivent ladite série. Le lecteur se dit qu'il aurait finalement eu sa place dans la série mensuelle, et qu'il manque parfois un peu de place pour faire exister les personnages.

Presence
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le 11 avr. 2020

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