Un jour, un homme sonne chez Pascal Rabaté. Il fait du porte-à-porte pour vendre ses poèmes. De cette anecdote (qui constitue la première scène), l’auteur en fait un scénario qu’il confie à Alain Kokor, celle d’un poète itinérant, pauvre, cherchant à vivre par les mots. Ce one-shot est paru chez Futuropolis pour une petite centaine de pages.


« Alexandrin » est une fable sur un homme qui ne cesse de parler en alexandrins. Un petit retour aux pièces de théâtre d’antan au langage tout sauf naturel. Avec son grand manteau, il a un côté vieille France qui lui sied bien. Sa rencontre avec un jeune garçon ne pourra hélas pas améliorer sa condition misérable. Ils errent, cherchant des foyers aptes à payer pour de la poésie.


J’ai trouvé ce « Alexandrin » un peu léger. Les auteurs se font plaisir en accumulant les bons mots, mais le fond de l’histoire est un peu mince. Si c’est un conte, il n’a pas vraiment de morale ou d’enseignements à tirer. Il y a bien une série de rencontres, mais rien de très marquant. Bref, l’histoire se lit plutôt bien, mais sans que l’on sache trop ce que les auteurs cherchent à nous dire. Reste le côté poétique, indéniable.


L’appréciation de l’ouvrage ne peut se faire que par l’appréciation des vers de Rabaté. Là, ça passe ou ça casse. En effet, l’effet artificiel (et lourd ?) des dialogues en alexandrins en rebutera plus d’un. Le problème est qu’Alexandrin parle en vers tout le temps (mais pas toujours en alexandrins !). Faire rimer ne suffit pas à faire de la bonne poésie. J’ai été peu sensible à cette poésie dialoguée, ni littéraire, ni argotique, ni quoi que ce soit. Ça manque de quelque chose. De fulgurance ou d’humour.
Le dessin de Kokor accompagne très bien l’ambiance de l’ouvrage. Son trait charbonneux grisâtre et les couleurs pastel qui le mettent en valeur sont en parfaite adéquation avec les propos désuets d’Alexandrin. À la fois dynamique et doux, son dessin est un plaisir des yeux.


Cet « Alexandrin » m’a déçu. Malgré un dessin séduisant, je ne suis pas arrivé à me passionner pour le destin de cet homme singulier. Il manque quelque chose à cette fable, un fond plus fourni. Des surprises peut-être ? Reposant sur des dialogues en vers pas toujours digestes, la lecture est réservée aux amateurs de poésie. Et c’est bien dommage.

belzaran
6
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le 8 nov. 2017

Critique lue 187 fois

belzaran

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