Il vaut mieux ne plus croiser son chemin

Je découvre cette série que j'ai longtemps évité : en effet, quand j'étais petit, que j'attendais ma mère dans le rayon BD pendant qu'elle faisait les courses, je me plaisais à lire "Garfield", "Les tuniques bleues", "Le petit Spirou", "Le déclic" (hum), etc.. Lorsque je tombais sur un album de la série "Alix", je passais dessus, parfois je feuilletais un peu quand même. Mais jamais je n'ai vraiment été attiré par cette série. Je craignais sans doute quelque chose de trop réaliste, de trop historique même. 15 ans plus tard, je me jette à l'eau.

Il y a des choses intéressantes dans cette histoire, surtout au niveau de la reconstitution que l'auteur exploite bien au travers de son intrigue. Malheureusement, la narration m'a vraiment refroidi : à la fois linéaire et décousu, le lecteur s'ennuie très vite de cette succession de conflits. En fait, ça m'a fait penser aux albums "Tintin" qui comportent le même problème : on enchaîne tellement de conflits, que ça finit par en devenir dérisoire. De plus, ça part un peu dans tous les sens, certains conflits paraissent donc gratuits et hors sujet. Les personnages sont finalement assez pauvrement traités, Alix en premier. Si bien que l'auteur s'en tient plus aux faits et au suspense qu'à un véritable développement sociologique. C'est dommage. Dommage aussi pour ce qui est de la voix off, omniprésente : le dessin n'illustre qu'une partie du texte qui est bien plus complet et fait le plus souvent avancer la narration. Notons aussi que ça manque d'ellipse, que les mouvements sont trop décomposés et que le texte n'apporte parfois pas grand chose de plus.

Graphiquement, c'est maladroit : le dessin réaliste souffre de nombreuses imperfections, allant d'un canon pas toujours juste à des positions pas très esthétiques. Les personnages sont aussi trop rigides : on a l'impression de voir des pantins et non des êtres vivants. Le trait, l'encrage, m'a semblé un peu lourd aussi : cela se ressent au niveau des visages, des mouvements, et de certains décors qui paraissent surchargés. Il reste tout de même quelques chouettes compo et des décors urbains bien documentés, tout comme les armes et armures sont bien foutues. La couleur, en revanche, m'a beaucoup plus séduit : les pages jouissent chacune d'une ambiance colorée principale agréable ; si on regarde dans le détails, on se rend compte que le coloriste évite judicieusement de se perdre dans un trop large panel de couleurs ; ainsi, certains dessins moins efficaces passent beaucoup mieux. La mise en page fait aussi défaut : la page a beau comporter quelques beaux cadrages, tout est mis l'un sur l'autre, ça manque de respiration, les lignes de force ne sont jamais valorisées. Là aussi, ça m'a fait penser à du Hergé qui avait tendance à fourrer un maximum de cases sur une page (d'ailleurs, je suis sûr qu'une remise en page permettrai d'améliorer la série "Tintin"). En ce qui concerne les textes, c'est quand même très chiant d'avoir des phrases dactylographiée : ainsi, la BD se rapproche encore plus d'un récit illustré. En plus, c'est plus froid qu'une typo faite main.

Bref, je reste assez mitigé devant ce premier album : je suis déçu de beaucoup d'élément au niveau dessin et histoire mais j'y ai trouvé assez de point positifs pour me divertir l'esprit. J'ai donc hâte de lire les prochains albums.

PS : le papa de Alix s'appelle Astorix... c'est bizarre quand même, non ?