Alphée a rejoint la foule autour du Christ et retrouvé son fils.
Jonas et Simon n’y sont pas encore mais le chemin continue. Le road-trip de David Ratte sait alors s’éclater et envoyer les personnages valser entre perte d’espoir, doute, rencontres et foi, tout ça avec tendresse et humour. Un humour religieux assez drôle, lors de la comparaison des jeunes disciples comme les membres naïfs d’une nouvelle secte dont les heureux croyants sont prêts à basculer du côté obscur de la foi, ou cette séquence encore où Simon, bon juif qui ne se risquerait pas à parler à un samaritain ou à un philistin, enfreint ses principes dans l’intérêt de leur quête. Bientôt, la désagrégation du groupe permet au rythme de se densifier, et le dessin amène un souffle agréable au récit avec l’alternance fluide de longues cases horizontales et de courts strips de trois ou quatre images.


Comme dans le premier volume, les pères sont toujours en retard sur leurs fils, et Alphée est le livre du doute : Jonas n’est plus aussi sûr de retrouver ses garçons, Simon plus aussi certain de vouloir rejoindre le sien, et Alphée, qui l’a trouvé, doute maintenant de ses anciennes motivations. S’il est toujours question de foi dans l’ambiance générale du récit, les enjeux eux commencent de s’articuler plus naturellement vers l’amour filial et la confiance en l’autre, en l’enfant. Ces trois pères en difficulté s’inquiètent toujours pour leurs gamins plus que pour eux, parce que c’est ce moment où laisser le fils prendre son envol, ce moment douloureux et incertain, ce difficile moment de doute qui fait le voyage d’être père.


      Matthieu Marsan-Bacheré
Matthieu_Marsan-Bach
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Créée

le 1 nov. 2015

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