Un beau bâclage en règle ?

Un peu de déception pour ce tome, attendu pourtant comme le messie pour ma part. A la fin de ma lecture, j'ai d'abord pensé que l'effet d'attente m'avait fait imaginer monts et merveilles et que la réalité me retombait un peu dessus, donc déception. Mais après la relecture des autres tomes, je confirme: le dessin me semble plus bâclé, les traits plus grossiers, les expressions moins travaillées. Les couleurs, elles, restent toujours superbes en revanches, sans même parler des délicieuses références sur l'Amérique des années 60, ces beatniks, ses Hells Angels... Mais alors qu'on retrouve certains personnages de Âme rouge, la profondeur n'y est plus. Certes, on en apprend plus sur le passé de John Blacksad, mais alors que les autres tomes prenaient le recul nécessaire et imposait un récit réflexif (notamment à l'aide de grandes cases contemplatives et d'une voix off à la fois cynique et poétique), on entre ici directement dans l'action. Les cases se rapetissent, se multiplient pour donner une impression de dynamisme, ne provoquant au final qu'une sensation de précipitation, comme s'il fallait caser le plus d'actions possible dans une seule page, vite vite ! Le récit perd son charme mélancolique pour tomber dans du Disney aux expressions grotesques et exagérées. Plus de nuance, plus de subtilité, les bad buys sont méchants parce qu'ils sont méchants, les personnages rigolos font rires et parce que c'est leur fonction, c'est comme ça, allez hop la planche suivante.
En bref: un bon album de BD, mais un mauvais Blacksad.