Si la culture Marvel commence à se faire un véritable nom dans le domaine du Comic en Europe, grâce à ses adaptations cinématographiques, il faut dire que certains héros n’ont pas eu le succès escompté et surtout sont cachés, voire oubliés face à la domination médiatique des Avengers et X-Men. Pourtant Deadpool semble sortir doucement du lot. Apparu pour la première fois en 1991 dans un comic des X-Men, il s’est révélé finalement être un personnage qui méritait une construction plus ample au point que ses premiers comics dédiés sont publiés en 1993. Surtout, le personnage de Deadpool se démarque de ses collègues par un humour grotesque, des plaisanteries trash, quelques similitudes avec le ridicule déjanté de la culture japonaise et une surenchère évidente. C’est un personnage qui apparaît directement cool et auquel l’humour ado(u)lescent peut s’y retrouver. Cool dans le cadre de crossovers avec d’autres personnages Marvel mais bien plus mature et sérieux dans ces séries dédiés à lui-seul. Il est intéressant de voir que Deadpool (Wade Wilson) est une copie à peine cachée du personnage de Deathstroke (Slade Wilson), chez DC Comics, un mercenaire-assassin anti-héros mais dont le ton est bien plus sérieux, plus dramatique même.

Deadpool se démarque donc par une capacité à s’auto-guérir (à l’instar de Wolverine) et un ton plus comique mais est tout comme Deathstroke, un mercenaire et un anti-héros. Si en France, le personnage est plus discret, Deadpool est bien plus connu en Amérique du Nord où il a eu droit à de très nombreux dérivés et crossovers, ainsi qu’un jeu vidéo et l’écriture actuellement d’un scénario à destination du cinéma. Tellement connu que Marvel a sorti un Comic sur ses aventures où il est amené à croisé des personnages phares de la maison Marvel et d’autres protagonistes saugrenues. C’est là qu’on en vient à Team-Up, deuxième volume. L’intrigue est particulière car elle narre six aventures différentes du personnage sans aucun lien entre elles. Deadpool est amené à bosser avec des personnages mythiques, et d’autres moins. Si certains récits ont un cran de retard, d’autres relèvent carrément le niveau avec des références malignes et un humour propice au rire soudain.

Premier récit team-up avec Machine-Man, une sorte de Terminator des assurances. Quelques bonnes punchlines, des affrontements dantesques et un méchant assez particulier, ou une méchante, ou bien finalement un méchant, enfin un antagoniste. L’aventure est drôle, un peu soft mais démarre le comic avec une bonne volonté, un humour communicatif évident et une pointe de critique sur le milieu des assurances et de la société capitaliste. Simple comme tout mais efficace. Deuxième récit avec l’Homme-Gorille, presque inspiré de La Planète des Singes, il n’en est pas moins un personnage badass dont l’affrontement entre les deux mercenaires va provoquer une surenchère de moyens grotesques (de la piqûre soporifique à la mitraillette, au lance-roquettes, fusil laser sans oublier le tank et le Mécha) . C’est du n’importe quoi, c’est amusant mais ça ne casse pas trois pattes à un canard. L’intrigue est vite emballée et dès lors qu’ils collaborent pour capturer leur client, même s’il ressemble à Lon Chaney dans le Fantôme de l’Opéra, l’histoire devient insipide et le dénouement est amené sans réelle originalité.

Troisième récit et une collaboration impromptu avec la Chose des Quatre Fantastiques. L’histoire se déroule dans le milieu du catch et Deadpool s’invite comme manager d’une équipe qui n’a rien à envier aux Road Warriors/Legion of Doom de la WCW et de la WWF/WWE pour ceux qui connaissent le milieu du catch. Le scénariste se fait plaisir et rappelle l’essence de ce sport spectacle, tout en profitant de lancer quelques piques sur l’aspect scénarisé de ce sport qui n’en est plus vraiment un. Le What The Fuck domine ce récit avec l’intervention d’un extra-terrestre qui souhaite exterminer la race humaine et dont l’issue du combat se fera sur le ring. C’est drôle, les planches sont très intéressantes avec une style très serré et une multiplication des cases évidentes. Tout le ridicule de Deadpool est condensé dans ce récit au dénouement particulier mais à l’humour plus présent sur l’image que sur les dialogues. Quatrième récit qui voit une collaboration de Deadpool avec le Dieu nordique Thor dans une ambiance qui n’est pas sans rappeler la saga Indiana Jones, le ridicule en plus. Très certainement mon récit préféré car très référencé, très piquant envers Thor et son côté séduisant envers les nouvelles fans du héros cinématographiques (dont Deadpool semble avoir le béguin) et aux punchlines amusantes et bien balancés. Un humour différent des précédents, qui me parle un peu plus et qui semble plus fouillé. Cinquième récit et une équipe du feu de dieu avec Iron Fist, dont l’environnement semble très similaire au film L’Homme aux poings de fer de RZA (The Man with the Iron Fists). Une aventure moins axé sur l’humour, bien que les plaisanteries sur la comparaison de Deadpool avec Spider-Man sont amusantes, mais davantage sur la bataille qui va avoir lieu. Une rixe épique et bien mise en scène dans ce format serré. Les références à la culture ninja sont omniprésentes. Enfin sixième et dernier récit, assurément le plus déjanté. Une histoire à l’humour grotesque bienvenu et aux personnages saugrenues, comme ce docteur Killgore et la Vache de l’Enfer. Une putain de Vache de l’Enfer qui porte une cape à la Dracula. Le meilleur avec celui sur Thor. C’est du grand n’importe-quoi du début à la fin, c’est juste jouissif et jubilatoire en tout point. Et enfin ce récit fait la part belle dans son dénouement à des situations cocasses qui brisent le quatrième Mur, cette frontière entre les cases, le dessin et les pages. S’il fallait un récit pour signifier l’humour cocasse de Deadpool, c’est bien celui-là.

Team-up, Amis pour la vie est un bon recueil des aventures de Deadpool. Le problème dans le recueil, c’est qu’ils sont assez inégaux d’un bout à l’autre mais au final, il y a suffisamment de bonne volonté comique pour apprécier le personnage comme il se doit. Les très nombreuses références à d’autres œuvres culturelles ainsi que cet humour si particulier de Deadpool feront très plaisir aux amateurs confirmés de la culture Comic. Pour ceux qui découvrent, il y aura une certaine amertume et un regret de ne pas ressentir cette même ambiance, ce même délire furieux d’une histoire à une autre. Le personnage est néanmoins super cool et l’album vaut le coup. Deadpool, j’aime ton style, mon pote.
Softon
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le 24 nov. 2013

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Kévin List

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