Après Atar Gull en 2011, l'annonce d'une nouvelle collaboration entre Fabien Nury et Brüno en a réjouit plus d'un, et le niveau d'attente mettait la barre très haute pour les deux auteurs. Puis Tyler Cross est sortie, en septembre dernier. Un polar d'une noirceur pénétrante, des effusions de sangs en veux-tu en voilà, et tout ça étalé sur plus de 90 planches.


Scénario : Tyler Cross est un gars qui n'a pas froid aux yeux. Capable de tuer n'importe qui sans hésiter, il est impliqué dans une sombre affaire de trafic d'héroïne qui va le conduire à Black Rock, Texas, un patelin perdu dans le désert pour le moins atypique. Le scénario, dans les grandes lignes, n'a finalement pas beaucoup d'importance et prône la mise en scène à l'originalité. Tyler Cross est dans la pure tradition du polar américain, ni plus, ni moins.


Dessin : Brüno, en plus d'être un dessinateur de talent, aligne les planches plus vite que son ombre. Cela est sans aucun doute due à son style épuré terriblement efficace et reconnaissable entre tous. Avec cet album, il ose des ambiances et des esthétiques nouvelles, sans pour autant perdre de sa superbe, si ce n'est pour les visages de certains de ses personnages, peu expressifs.


Pour : Des scènes d'antologies, comme celle du train, d'autant plus marquantes grâce à une mise en scène parfaitement maîtrisées, de bout en bout. On sent les très nombreuses références cinématographiques et autres clins d'oeils des auteurs, comme « Kill Bill » et « Un homme est passé » pour ne citer qu'eux.


Contre : La voix-off d'un « narrateur » est insérée par cartouche ça et là dans le récits, pour combler les silences. Si elle est bien écrite, elle est souvent mal amenée, car elle reste un procédé d'écriture très artificiel en bande dessinée.


Pour conclure : Avec Tyler Cross, Nury et Brüno ont un peu procédé de la même manière que Tarentino (dans d'autres genres) avec ses derniers films : ils ont écrit un speech de polar ultra-classique, l'ont parsemé ça et là de référence, avec une mise en scène soignée et le tour est joué. Une suite est d'ailleurs d'ores et déjà prévue. Il est difficile de le leur reprocher tant la BD est esthétiquement réussite, mais c'est sûrement pour cela qu'ils n'ont pas remporté le prix polar du festival d'Angoulême de cette année. Alors qu'entendons-nous bien, ils le méritaient amplement.


EDIT du 14 mars 2016 : La voix-off, d'un cynisme délectable, a finalement complètement sa place.

Marius_Jouanny
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le 21 oct. 2014

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Marius Jouanny

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