Un petit essai de jeunesse.

Ce petit roman graphique de jeunesse a été amélioré par son auteur en vue de la présente réédition. Ce récit d’un enfant retrouvé blessé au pied d’un escalier de son école rend bien la tendresse qui existe entre lui et son père qui le soigne. En fait, l’enfant n’a pas vraiment eu un accident, et le récit joue essentiellement sur la récupération de sa mémoire, qui passe par des images qu’il dessine, tel un dragon redoutable...

Le dessin, ligne claire semi-réaliste, a pris le parti de se limiter à trois tons chromatiques : le noir, le blanc, et une sorte de bleu-gris, qui justifie en partie le titre de l’album, ce qui limite malgré tout le réalisme de l’ensemble, et ouvre plus facilement la porte à des éclairs oniriques ou à des débris de mémoires qui reviennent.

On comprend moins bien le parti pris du titre : l’album utilise le bleu, le gosse s’est ramassé des bleus dans sa chute, il doit avoir des bleus à l’âme, et il y a même un médecin que le gosse appelle « Docteur Bleu ». Bon, tout ça paraît assez arbitraire et ne mène pas très loin.

Le discours subjectif de l’enfant (dans des bandeaux narratifs) suggère un certain détachement de la réalité, et l’auteur avoue qu’il a cherché à simuler le type d’écriture « froide » de « L’Etranger », de Camus.

Le dessin, sympa mais assez raide, fait bien plus illustration de roman que BD. Cela manque un peu de charme, mais le sujet de la violence subie par un enfant n’est pas vraiment charmant en soi.