RanXerox est un délire salutaire. C'est typiquement le genre d'oeuvre qui offre un univers incroyablement riche et intéressant, et dont les personnages sont tous des ordures phénoménales. Rien ne nous sera épargné ici, notre principal protagoniste étant un androïde fabriqué avec des pièces d'électro-ménager qui passe son temps à tabasser à la gore des passants tout en s'envoyant de la came et en ayant du sexe avec des mineures. Le niveau est là. Mais la décadence générale qui s'est emparée de la société occidentale est tout simplement incroyable de richesse. La majorité sexuelle a été abaissée à l'âge de la puberté, la prostitution a été rétablie, les inégalités riches/pauvres ont explosées (les villes sont réparties en niveaux qui correspondent à autant de strates sociales), les attentats terroristes, qui soient politiques (l'union soviétique) ou religieux (les fondamentalistes voulant réinstaurer la pureté) rythment les sorties, les dernières drogues, les divertissements (des conglomérats qui sont en train de remaker pour la vingtième fois la totalité des courants artistiques du XXème siècle)... Tous les aspects de cet univers sont fascinants, et pour peu que l'on supporte les excès assumés de nos personnages, la matière à faire travailler le cerveau est ici. Toutefois, la formule a toujours cette limite de découvrir cet univers par le bas, donc avec des ordures. Le lecteur ne sera donc jamais à l'abri d'une grosse crasse et sera régulièrement bousculé dans sa lecture (lisez ça dans un lieu public pour essayer), mais l'impact laisse définitivement une marque. Pour ma part, il s'agit d'un traumatisme d'enfance, j'avais découvert ce machin à 10 ans, et je n'étais pas prêt. 17 ans plus tard, les vieux démons renaissent, mais on a un peu plus de matériel pour les maîtriser. A ranger quand même dans un endroit peu accessible pour éviter les PLS juvéniles, sinon, c'est un travail sérieux (et d'un facture technique très agréable, très années 80 dans l'esthétique, avec un cachet Duke Nukem de premier ordre).