Burn the Witch
6.2
Burn the Witch

Manga de Tite Kubo (2020)

Une Kurosaki Ichigo au féminin déambule, un personnage lourdingue et pétri de fausses exubérances libidinales lui saute dessus avant que ne nous apparaisse une Soul Society au rabais, troquant ici les âmes pour les dragons. Un auteur n’aime pas nécessairement qu’on réfère chacune de ses créations à la plus emblématique d’entre elles, mais un lecteur n’aime pas nécessairement relire cette même création emblématique en infiniment moins bien présentée.


Les personnages, présentés comme un jet de pierre, nous sont d’emblée antipathiques comme on ne saurait l’être davantage, calqués sur des protagonistes et antagonistes de Bleach sans qu’une poussière de détail n’y fusse ajoutée en supplément. Ces personnages, on les a tous littéralement vus ailleurs ; dans un des arcs précédents de Bleach. Que Tite Kubo ne se soit pas renouvelé, on lui pardonne en grinçant des dents ; mais qu’il n’ait pas même cherché à le faire indispose quant à l’expression de la moindre forme de mansuétude à son égard. Le character design ne cherche même pas – ne serait-ce que vaguement – à s’émanciper de Bleach ; pas même d’un iota. Très vite, on nous enfourne en travers de la gorge la présentation d’un univers tout entier qu’on n’a ni le temps ni l’envie d’assimiler. C’est vaste un univers, on prend le temps de le poser, de l’étudier, et de le découvrir étape par étape. Burn The Witch croit pouvoir nous l’exposer dans son entièreté en trois page de temps. C’eut été plus intelligent, je le crois, de nous en donner un aperçu pour, justement, nous suggérer l’envie d’en voir davantage et approfondir petit à petit. Là, ce qui nous tombe dessus dès le premier chapitre est trop bourratif pour qu’on puisse seulement chercher à le digérer.


Nous aurons évidemment droit à quelques « concept art » intéressants pour ne pas trop nous faire repartir sur notre faim, mais si ce n’est l’esthétisme en certaines circonstances, le présent manga n’a pas un point positif à mettre en avant, ni même un demi.


Des mots creux énoncés très forts, des combats vaguement mis en scène mais sans idées derrière, Tite Kubo ne se sera apparemment inspiré que du pire de son œuvre précédente. Les dragons ne sont d’ailleurs que de pâles ersatz de Hollows ; l’auteur ne cherchant même pas à céder à la nouveauté, il réécrit Bleach sans le titre et sans ce qui a pu faire l’intérêt de la série.

De l’intensité et des enjeux ? Mais pour quoi faire ? Tout s’accomplit dans la pose et dans la pose uniquement. Comme quoi, Tatsuki Fujimoto et Gege Akutami ne sauraient être tenus pour uniques responsables de ce mouvement de mode éditorial qui ne va jamais au-delà des apparences dans le Shônen qui se dessine. Et qui se dessine seulement plutôt que de chercher à s’écrire.


Ici, c’est sans doute mieux dessiné – mais si lisse – que ne peut l’être le rendu daubesque des Shônens dont on nous gave depuis un certain temps déjà. Mais outre cette distinction d’ordre strictement graphique, rien – absolument rien – ne permet de dire Burn The Witch qu’il est au-dessus de la mêlée. Il est même en plein dedans, le nez logé profondément dans le cul de la concurrence. Et, à patauger dans cette mélasse, le présent manga se sera alors confondu avec celle-ci. Tite Kubo a voulu être dans le coup en s’en tenant à des valeurs qu’il croyait sûres bien que pourtant bancales et ce, plutôt que de tenter le pari de l’authenticité. Il en résulte cinq chapitres navrants et la présente critique afin de les piétiner du pied gauche comme il se doit.


Burn The Witch n’aura même pas été une parenthèse, ni même une pâle lueur d’un instant : ça n’était rien et même moins que rien. C’était si mauvais qu’on se sera d’ailleurs aussitôt empressé d’adapter la catastrophe en anime afin d’en faire profiter le plus grand nombre. Car de même que la misère est moins pénible au soleil, la forfaiture est sans doute plus présentable une fois animée en couleur.


Bleach, à ses débuts, avait une atmosphère, une ambiance ; une identité. Une identité plus tard affirmée le temps de l’arc de la Soul Society en y agglomérant un scénario un peu plus dense et surprenant que ce qu’un lecteur pouvait en espérer. C’était il y a longtemps, à une époque où les auteurs préféraient créer plutôt que produire. Burn The Witch, à ce titre, n’est que l’énième produit usiné dans la grand machine à Shônens dysfonctionnels. Un produit apparemment conçu pour être pétris de malfaçons.

Josselin-B
2
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le 29 déc. 2023

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Josselin Bigaut

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