Charogne
6.4
Charogne

BD (divers) de Borris et Benoit Vidal (2018)

Tout commence au village où le maire passe de famille en famille, résout les petits tracas du quotidien, prend des nouvelles. Hélas, alors qu’il aide Le Muet aux champs, il est pris d’une attaque et décède soudainement. Toute la communauté est unanime : il mérite le meilleur des enterrements à commencer par l’extrême onction. Sauf que depuis quelques temps, le prêtre refuse de monter jusqu’au village pour une obscur querelle financière… Aussi, le village désigne quatre hommes parmi les plus robuste pour faire tout le trajet jusqu’au curé. Un trajet qui durera une longue, une interminable journée.
C’est sur cette partie que se concentre l’essentiel de la BD : la descente du cortège jusqu’au prêtre. Chacun des personnages cache de lourds secrets, des secrets inavouables dont personne ne soupçonnerait l’existence…
Tensions, rivalités ; ce chemin de croix sera l’occasion de percer bien des abcès, de déterrer haine et rancœur.
Benoit Vidal et Boris Joly nous propose ici un polar rural surprenant qui se dévoile petit à petit au fil des pages. On suit le voyage éprouvant de ces hommes qui se découvrent peu à peu, se dévoilent, se mentent et se dupent depuis des années. Aucun ne souhaite faiblir face à l’ampleur de la tâche, il en va de leur honneur et de l’honneur de leur famille !
Ces quatre personnages principaux sont tantôt très attachants, tantôt détestables et plus les abcès se percent – plus les secrets se découvrent –, plus on est surpris avec eux, loin d’imaginer jusqu’où tout cela va aller.
Comme s’il n’y avait pas assez de tension entre eux, d’électricité dans l’air, il faut aussi que les éléments se déchaînent dès le début du voyage. La pluie est omniprésente, tout comme le vent, la roche et les aspérités de la montagne. On sent bien l’aspect sauvage tout au long de la lecture.
Une autre grande force de Charogne réside dans son graphisme. Un graphisme tout en noir et blanc, jouant beaucoup sur les ombres, sec et nerveux, ajoute une atmosphère crasse. Aussi crasse que ces hommes, que leurs âmes, que leurs secrets. On se sent enfermé dans cette histoire, dans ce graphisme comme s’il s’agissait d’un huis clos alors même que les personnages sont en plein air. Des personnages aux gueules caractéristiques, un peu cassées, des visages marqués, burinés, typique d’une ambiance rurale de l’époque.
Une excellente BD, qui par ses personnages, n’est pas sans rappeler du Chabouté ou du Davodeau. C’est noir, c’est drôle, c’est surprenant. Une BD à lire en gardant à l’esprit qu’il faut toujours, toujours, se méfier des apparences !


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DameDePique
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le 27 juin 2018

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