Ou comment transcender une BD déjà très bonne, en la réinventant tout en gardant tout ce qui fait son charme.

Macherot voulait habiller ses personnages, et il a donc décider d'articuler les nouvelles aventures de Chlorophylle pour rendre cela cohérent. Cohérence, le mot qui désigne le mieux cet étonnant univers dans lequel vont débarquer le lérot et son fidèle Minimum. Une ile entière où les animaux ont évolué , créant une société digne de celles des hommes, mais en plus écologique forcément.

Surprenant d'inventivité, de décors qui font mouche et de traits d'esprit, "Chlorophylle et les Croquillards" parvient à conserver la fraicheur des premiers tomes, en maturant quelque peu le propos et les idées proposées. Anthracite, comme tous les grands méchants, est éternel et signe donc son grand retour, en bourgeois conspirateur. Ici, nulle volonté de contrôler le monde ou de répandre le mal : le rat noir a tout compris au système économique, et veut surtout assurer un monopole des transports, pour faire exploser leurs coûts, et donc son profit. Tout ça pour devenir plus puissant que le roi, parce que c'est bien connu, le pouvoir économique domine désormais le politique. Machiavélique, dénué de bon sentiment, Anthracite s'impose en fait comme le véritable (anti)-héros de cette histoire.

Et tout est parfaitement huilé, les péripéties et dialogues savoureux s'enchainent, tout reste cohérent, les différents acteurs ne tombent jamais dans la naïveté et surtout, on découvre case après case ce merveilleux pays qu'est Coquefredouille, et en 44 pages, Macherot parvient donc à créer un univers attachant, cohérent tout en développant une intrigue intelligente, passionnante et vraiment drôle. Du grand art.

Je ne résiste d'ailleurs pas à l'envie de retranscrire mes punchlines préférées !

"- Quand te décideras-tu à devenir meilleur ?
- Jamais, je tiens à faire de vieux os moi ... Évidemment, ce sont toujours les meilleurs qui s'en vont..."

"- Je pars seul mon commandant ?
- Mais non voyons ! Tous mes voeux de succès vous accompagnent..."

Ou encore

"- Prenez plutôt un de mes employés, j'en ai un qui est très gras.
- Un employé ? Pas question, nous ne voulons pas d'ennui avec les syndicats"

Bref, j'ai adoré.
Floax
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le 23 août 2013

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Floax

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