Cyber Force (1992 - 1993) par arnonaud

Je continue mon exploration des débuts d'Image Comics. Après WildC.A.T.S, Spawn et Youngblood, je m'attaque maintenant à la création de Marc Silvestri : Cyber Force. J'avais d'autant plus envie de lire cette mini-série que là où je suis rendu dans WildC.A.T.S il va y avoir un crossover entre les deux équipes (le crossover "Killer Instinct", vu qu'on est dans les 90s).

Un peu comme Jim Lee avec WildC.A.T.S, Silvestri nous propose une repompe des X-Men sauce cyberpunk, sauf que cette fois on nous colle pas des aliens, on a juste des mégacorporations, des organisations mystérieux, des cyborgs et des mutants... Oui comme chez Marvel. C'est pas hyper clair, mais ils semblent assez semblables : ils ont des mutations génétiques improbables un peu aléatoires et ils subissent fortement les discriminations et la haine du reste de la population.

Nos héros sont l'équipe Cyber Force, un groupe de cyborgs à super pouvoirs (est-ce que leurs pouvoirs sont dû à leur côté cyborgs ou est-ce des mutants ? Je n'ai pas trop compris, ils faut dire qu'on a absolument pas leur origin story ici), composée de Ripclaw, le Wolverine natif américain, Impact qui est l'équivalent de Colossus, Cyblade l'équivalent de Psylocke, Heatwave l'équivalent de Cyclops/Havok et Stryker un genre de Cable. Au début de l'histoire ils vont sauver Velocity qui va être un peu l'équivalent de Kitty Pryde pour l'équipe, mais avec les pouvoirs de Flash. Elle est poursuivie par une organisation maléfique qui veut lui laver le cerveau pour faire d'elle une arme, et Cyber Force va la protéger.

J'ai trouvé Cyber Force plus facile d'accès que WildC.A.T.S et Youngblood qui avaient vraiment des débuts catastrophiques. Le problème de ces séries c'est qu'elles veulent introduire 12000 persos à la fois, tout en proposant plein de bastons "cools", et donc souvent ça manque clairement de temps pour développer les persos et l'intrigue tranquillement, ce qui fait qu'on ne comprend rien. J'ai peut-être désormais l'habitude, mais j'ai trouvé que c'était ici un peu mieux foutu, les persos sont introduits un peu plus tranquillement et certains enjeux à peu près bien posés. A certains moments, on a même l'impression que le scénario à du sens. Cependant, j'ai trouvé que ça devenait petit à petit de plus en plus brouillon, y a toujours plus de factions différentes qui se ramènent, plus un crossover inutile avec le perso Pitt de Dale Keown (même si je suis content de l'avoir croisé), et au final on se retrouve avec pleins de persos aux objectifs différents assez peu clairs et j'ai fini par ne plus y comprendre grand chose. C'est un peu l'inverse de WildC.A.T.S où ça devenait beaucoup plus clair à la fin du premier arc après des débuts hyper brouillon. Cependant sur Cyber Force on arrive à se laisser porter sans trop de déplaisir.

L'une des forces de la série, c'est que Silvestri arrive rapidement à camper à peu près ses personnages en leur donnant des caractères basiques mais spécifiques à chacun. C'est sans doute l'avantage de se baser autant sur les X-Men, mais du coup les personnages arrivent à devenir presque attachants, surtout Velocity, là où on en est loin sur les autres séries et ça aide un peu à s'immerger dans le récit. J'aime beaucoup également le fait qu'il y ait pas mal de femmes fortes et badass parmis les méchantes, avec Ballistic, Killjoy et Mother May I. Elles sont très charismatiques, plutôt réussies et Silvestri les met bien en avant. On regrettera que deux d'entre elles aient des costumes inutilement sexy (surtout pour Ballistic où ça n'a aucun sens), mais c'est les dérives de l'époque.

Concernant la partie graphique, j'ai beau ne pas vraiment être fan des styles 90s et encore moins des débuts de la colo numérique, cette mini-série Cyber Force ne s'en tire pas trop mal. Le style de Silvestri à l'époque est franchement plutôt solide et plutôt agréable, il arrive à avoir un découpage et une narration plutôt lisible qui met bien en valeur son dessin, et la colo numérique est pas dingue, mais passe à peu près et colle plutôt bien à l'esprit cyberpunk de la série.

Bref, des trois débuts de séries d'équipe du Image de l'époque que j'ai testé, Cyber Force est sûrement celle qui s'en tire le mieux, ou qui a ma préférence en tout cas. Je suis un peu curieux de la suite, et ça me donne un peu envie de tester les reboots qui sont sortis ces dernières années. C'est dommage que le scénar' se perde en cours de route et surtout m'ait perdu, mais ça reste pas désagréable à lire, et c'est plutôt joli si on aime les dessins 90s.