Pour moi, Batman : le Chevalier Noir est un titre sans prise de tête, centré sur l’action et où le côté enquête, réflexion est un peu mise en pause. Un peu comme si Batman, et les lecteurs par la même occasion, pouvait se défouler, relâcher la pression. Concrètement, sans être excellent, le premier volume remplissait parfaitement ce rôle avec une pléthore de personnages, de l’action à gogo et un rythme effréné. Pour ce deuxième tome : « Cycle de Violence » place à un seul ennemi et un double voyage dans le passé. Mais un élément reste commun aux deux tomes : la peur !

L’Épouvantail, dont nul ne connaît les origines, refait surface et tente de kidnapper le Chevalier Noir… Face à ses angoisses les plus profondes, Batman réussira t-il à sauver Gotham de l’emprise de son ennemi ? (contient les épisodes Batman The Dark Knight #10-15 + #0)

Depuis quelques temps maintenant, des enfants disparaissent dans Gotham. Ils sont retrouvés plusieurs jours après leur disparition, le visage livide, les yeux vides, traumatisés, comme si on avait fait reset avec leur cerveau ! Batman et Gordon sont donc sur cette affaire depuis plusieurs semaines, sans n’avoir rien de véritablement concret. Très vite, nous, lecteurs, allons découvrir qui se cache derrière cette sombre machination : l’Epouvantail ! Et alors que nous parlions de peur il ne pouvait en être autrement.
Mais très vite les enfants ne suffisent plus à l’Epouvantail et va directement s’en prendre à Gordon. Mais là aussi cela ne suffira pas. Cela ne sera qu’un piège afin de s’attaquer à sa véritable proie : Batman !

Sous forme de flashs, nous assistons par moment à des instants du passé des deux adversaires. Plus que la passé de Bruce, dont nous reparlerons un peu plus bas, c’est le passé de Jonathan Crane qui nous laisse sans voix ! Lorsque l’on voit, que l’on découvre l’horreur que son père lui a fait subir durant sa jeunesse, on ne peut que se dire que le pauvre n’est pas le seul responsable des actes ignobles qu’il commet maintenant. On ne l’excuse pas, loin de là, mais on le comprend, il ne fait en fait que reproduire un schéma qu’il a vécu. Schéma encore plus violent chez lui de par ses traumatismes passés au moment du décès de son père, moment où il a sans doute complètement basculé, perdant toute son innocence.

Bruce est un peu travaillé, et j’ai envie de demander pourquoi ? Je remarque que lorsque l’on a un titre de Batman un peu plus centré action, gros bourrin, on se retrouve quasiment toujours avec un Bruce bidon, sans profondeurs, avec une nana sexy différente à chaque histoire.
Il est cette fois-ci accompagné d’une pianiste ukrainienne, jonglant entre la nunuche et l’hystérique n’aimant pas l’attitude de Bruce. Bref, du très, très dispensable…
A côté de cela, tout au long de ce tome on a une plongé dans la psyché de Bruce, plongé qui atteint son paroxysme au cours de l’épisode #0 de ce tome, situé en plein milieu du volume. (Episode qui perd déjà d’entrée en qualité graphique, Finch ne signant pas les dessins… Et en plein tome comme ça, cela pique les yeux) Durant cet épisode nous suivons un jeune Bruce cherchant à tout prix, et par tous les moyens à découvrir qui à tué ses parents, et surtout pourquoi ? Plus le temps passe et plus Bruce se met en tête que son père à été victime d’un complot terrible et hautement retord. La chute n’en sera que plus dure. Episode qui coupe trop nettement avec le reste du tome, de par les dessins comme déjà dit, et de par l’absence d’action soudaine.
Mais quelques bonnes choses quand même sont à retenir sur Bruce. Comme dans le premier volume, c’est surtout le questionnement que l’auteur lui pousse à voir. Notamment vis-à-vis de son fils. Et la courte scène, où encore à moitié terrorisé, Bruce demande à Damian s’il lui a manqué et voir Damian lui répondre oui les yeux en larmes, c’est un moment fort. Pourquoi ne pas nous montrer plus souvent un Bruce humain dans les récits 100% action ?

Et de l’action il en est question dans ce volume. Plus que de l’action il y a beaucoup de violences et de scènes très, très chocs. Simple exemple avec Batman qui cloue l’Epouvantail au plafond avec son grappin lui traversant la mâchoire. Et oui, j’ai dit que c’était violent. Tout comme le premier volume, il y règne une ambiance malsaine, sale et lugubre. On sent un poids oppressant sur nos épaules dès que l’histoire s’attarde sur l’Epouvantail. Et il suffit simplement de regarder son design : lèvres cousues, yeux plein de folie, fripes sales, les ongles longs et cassés, tout chez lui appelle au dégoût !
Après une fois que l’on enlève l’action, la folie, et le passé fort intéressant de l’Epouvantail, on se retrouve avec une histoire classique et comme toujours à la fin c’est Batman qui gagne, non sans un ultime rebondissement, un sacrifice émouvant et une promesse pleine d’émotion. Mais cela ne nous empêche pas de passer un très bon moment.

Un petit mot sur les dessins. Je suis assez déçu. On assiste avec ce tome aux limites de Finch. Déjà un peu à l’instar de Jim Lee, c’est un peu bienvenue chez Oui-Oui, tout le monde il est beau, tout le monde il est sexy. Mais surtout on se rend compte que ce soient des enfants ou des adultes, lorsque l’on est fasse à leurs visages ils ont tous le même âge ! Il nous est impossible de faire la différence. Et les seuls moments où des personnages se démarquent c’est lorsqu’ils sont différents, lorsqu’ils sont « moches » si je puis dire. Malgré tout, cela reste très joli, très propre, et va émerveiller la majorité. Et surtout le côté malsain et sale de cette saga ressort merveilleusement.

Bref, comme pour le premier volume cela reste une bonne lecture et remplit parfaitement son office : nous divertir et nous en mettre plein la vue. L’action ne fait que d’aller crescendo tout au long de la saga jusqu’à son paroxysme et son petit moment d’émotion. Je pense même que ce tome est meilleur que le premier de par sa noirceur, de par son côté dérangeant et sale et surtout de par le fait que l’histoire fait moins superficielle que dans le premier tome, avec ici un seul méchant certes mais un méchant qui ne s’interdit rien et travail selon un plan bien précis. L’Epouvantail incarne la folie à la perfection et le pauvre se retrouvera bien puni.
Si vous voulez du grand Batman, passez votre chemin, si vous désirez un bon petit moment de divertissement, n’hésitez pas.
Romain_Bouvet
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le 13 déc. 2013

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Romain Bouvet

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