J'ai lu avec un plaisir constant les trépidantes aventures des sieurs Don Lope de Villalobos y Sangrin, Armand Raynal de Maupertuis et de leur compagnons: Eusebes, Rais Kader, Hermine, le Maitre d'armes. les pirates (qui m'ont fait m’esclaffer plus d'une fois), Sélène, le terrible Mendoza,... .
Le dessin de Jean-Luc Masbou et la palette de couleur employée est pour beaucoup dans le plaisir que l'on peut avoir à parcourir ces dix albums, c'est certain, mais les dialogues en prose, comme en vers, finement ciselés par le maitre artisan Alain Ayeroles ont finit de me convaincre que j'avais à faire à une série de très grande qualité. Une qualité qui ne diminue jamais à mesure des albums, même si j'ai entendu ça et là des reproches quand à la deuxième partie de la série.
J'ai personnellement beaucoup gouté la seconde partie du récit, mais peut-être est-ce mon amour de la fantaisie qui parle ici. Peut-être est-ce aussi car je me souviens encore avec émotion des ouvrages de Savinien de Cyrano de Bergerac L’Histoire comique des États et Empires de la Lune et L’Histoire comique des États et Empires du Soleil lorsque je les avais lu à l'adolescence, et auquel ce récit fait de multiples références. Gageons néanmoins que nos deux auteurs ne s'embourbent pas dans des tonnes de références littéraires ou cinématographiques vide de sens, mais les utilisent toujours pour nourrir les aventures picaresques de nos spadassins à poils (non pas que les auteurs soient particulièrement férus de nudité, mais que les héros de cette histoire sont un loup et un renard).
Parlons justement des références qui jalonnent ce récit. On y voit planer en tout premier lieu l'ombre de Cyrano de Bergerac aussi bien pour l'auteur et bretteur hors pair qui a véritablement existé et qui est l'auteur des ouvrages sus-cités, mais également de son équivalent fictionnel qu'Edmond Rostand immortalisa dans sa pièce. On y voit également de multiples références à Molière, Jean de La Fontaine, et bien entendu à toute une série de classique du théâtre de cette époque. Il faut également ajouter les multiples clins d’œil et anachronismes qui parsèment le récit, mais jamais de manière trop évidente, restant toujours en arrière plan par rapport à la belle histoire qui nous est contée.
J'y vois également une inspiration puisée au sein des Aventures du Baron de Munchausen, et je suis sûr que les film de Méliès, Von Baky et de Gilliam ont surement fait partie des récits que les auteurs avaient en tête lorsqu'ils ont façonné l'univers de leur saga.
Il faut y ajouter aussi les petits coups de coude/clins d'oeil à bien d'autres choses, tel que le nom à rallonge de Bombastus (Bombastus Johannes Théophrastus Almagestus Wernher Von Ulm) dont le nom de famille fait immanquablement penser à un sketch truculent des Monty Python, j'en passe et des meilleurs.
Bref, De Cape et de Crocs est un excellent récit d'aventure, tour à tour drôle, épique, touchant, plein de fureur et de suspens, et visuellement éblouissant, et ce serait une erreur manifeste de votre part que de manquer une occasion de partir à l'aventure en si bonne compagnie.
Pour agrémenter votre lecture, je vous conseille ardemment les excellentes critiques en vers de mon compadre Apostille qui s'avèrent être un bonus à la hauteur de la faconde de Maupertuis, et que vous trouverez réunies dans cette liste: http://www.senscritique.com/liste/J_ai_les_vers_qui_me_demangent/667178
Partez donc à l'aventure équipé de vos capes et de votre rapière dans cet univers à la fois loufoque et cohérent, je peux vous assurer que vous ne le regretterez pas!