I say you are Lord, and I should know. I've followed a few

On est en 1993, j'ai 15 ans (enfin plus ou moins), et je m'ennuie un peu en cette soirée d'hiver, je déprime pas mal aussi. J'allume la télévision et je zappe d'une série B à une série française pourrie, jusqu'à ce que je tombe sur Arte et sur une scène d'un film étrange ou une femme (jouée par un homme) et son fils achètent des pierres et une fausse barbe pour participer à une lapidation. Je me marre comme une baleine et je décide de regarder le reste du film. A ce moment, je n'ai pas encore conscience que ma vie va changer, mais dés la fin du film, je sais déjà que je ne serai plus jamais pareil. En face de moi se dressent des comiques de combat ayant une vision de la société humaine aussi désespérée que moi sans doute, mais transformant ce triste constat en un film incroyablement réjouissant et vous remettant du baume au coeur. Je venais de faire la connaissance des Monty Python et de leur humour absurde. Dans la semaine, j'avais vu tous leurs films au moins 3 fois chacun et je chantais en pleine rue tel Gene kelly dans Singing in the rain des chansons sur des sujets aussi variés que le caractère sacré du sperme, la chouette vie qu'on mène à Camelot, ou sur le fait qu'il faille toujours regarder du bon coté de la vie.


Après cette introduction nostalgique, il faut parler du film.
Il est important de souligner pour les anti-chrétien primaires qui font croa croa quand il voient passer mère Thérésa(©Pierre Desproges) que la vie de Brian n'est pas un film qui se moque du Christ, mais bien de l'incapacité des gens à comprendre un message pourtant simple. Le seul passage sérieux du film est d'ailleurs son ouverture, ou on voit Jésus tenir un discours (le discours sur la montagne, Mathieu 5, verset 3 à 12) et la manière dont les gens comprennent mal ce discours et bifurquent rapidement vers la taille du nez d'un des protagonistes. La vie de Brian se moque de nous, de notre besoin insensé de suivre des gourdes sacrées ou des chaussures magiques, de nous attacher à ce qui n'a pas d'importance plutôt qu'a l'essentiel. L'un des passages qui résume le mieux cet état de fait est le discours tenu par Brian à la foule massée devant chez lui le prenant pour le messie. Brian leur dit en substance qu'ils ne doivent suivre personne, qu'ils doivent penser par eux même et tous de répéter ça d'une seule voix à la manière d'une bande de moutons. Un seul dans la foule s'insurge et dit que ce n'est pas son cas (et paradoxalement, il devient le seul qui pense par lui même en marquant son opposition au fait de penser par lui même) et tous les autres individus lui demandent de se taire comme un seul homme. Pouvait-on mieux résumer notre volonté systématique de trouver des sauveurs, des gens qui pensent à notre place? L'attaque des Python est beaucoup plus politique que religieuse et la religion n'est clairement vue ici que comme un instrument du politique destiné à contrôler les masses. C'est évidemment illustré tout au long du film par les membres du People Front of Judea ( a ne pas confondre avec le Judean People's Front qui sont des "splitters") et notamment ce passage formidable ou les deux factions se rencontrent dans le palais de Pilate et s'entre-tuent devant des romains qui ne comprennent pas ce qui se passe et un Brian atterré. Enfin, comment ne pas citer ce qui est à mon sens le plus grand numéro musical jamais tourné lorsque Brian et tous les crucifiés entonnent en coeur l'ironique "always look on the bright side of life". Et pourtant, malgré toute l'ironie contenue dans cette scène finale, je la trouve extrêmement optimiste et lorsque je me sens aux trente sixième dessous, c'est cette chanson que je chante comme un mantra face à l'absurdité de l'existence.


En Conclusion, La vie de Brian est la meilleure comédie des Python, dépassant même sacré Graal, mais la résumer à une simple comédie aussi hilarante soit elle n'est pas lui rendre justice. Ce joyau des Python est un film fondamental, et a titre personnel, un film qui a sans doute fait de moi ce que je suis aujourd'hui (comme quoi, moi aussi j'ai besoin d'une chaussure magique). Alors merci à Graham, John, Michael, Eric, Terry et Terry, pour ce film et tout ce que vous avez fait en règle générale.

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le 4 mars 2012

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Samu-L

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