Sammy, c’est Chicago et le rêve américain, tempéré par des mœurs brutales : l'époque est à la prohibition, à Al Capone et aux politiciens véreux, à la police pourrie ou impuissante et aux rares fédéraux intègres d’Eliot Ness. Faute de gardiens de la paix, les victimes ont recours à une protection privée, à leurs frais. Secondé par Sammy Day, Jack Attaway dirige une agence de “gorilles“, sérieux et efficaces, la mitraillette Thomson M1 et son chargeur camembert sont compris dans le forfait jour. “El Presidente“ est le tyran d’une petite ile antillaise, (très) librement inspiré des Duvalier père et fils (Papa Doc et Baby Doc). Menacé par des révolutionnaires barbus, il recherche des instructeurs pour son armée. Les Gorilles s’envolent pour les Antilles.


Raoul Cauvin est un stakhanoviste. Il succède, en 1978, à Maurice Tillieux comme principale plume de la revue Spirou. Il compte plus de 50 millions d’albums vendus, d’innombrables séries à son palmarès, dont, pour les plus marquantes : L’Agent 212, Cédric, Les Femmes en blanc, Pauvre Lampil, Les Tuniques bleues et trois Spirou (La Ceinture du grand froid, La Boîte noire, Les Faiseurs de silence). Auteur humoristique pour enfants, il a pris, plus récemment, un ton plus grinçant, se laissant aller à un humour noir (Pierre Tombal, Les Voraces).


Le dessin “ligne claire burlesque et dynamique“ d’Arthur Beckmans dit Berck Berck est très proche de celui de son maitre Franquin. La séquence où nos Gorilles prennent un malin plaisir à détruire la petite armée du dictateur rappelle les inoubliables Le Dictateur et le Champignon et Le prisonnier du Bouddha.


Les armes d'El Presidente font plus de bruit que de mal. Ce ne sera plus le cas dans l’album suivant, Le Gorille à huit pattes, qui est une longue et comique hécatombe, comme quoi la censure française (des publications destinées à la jeunesse) n’était déjà plus ce qu’elle fut. Tout fout le camp.


Relu en 2017.

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le 20 févr. 2016

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Step de Boisse

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