Critique numéro après numéro.

#1 [Avril] Je continue dans la thématique Elektra après ma lecture d'Elektra Assassin en me lançant dans la nouvelle série consacrée à l'héroïne. Cette fois-ci aussi, le style graphique est assez fort, puisque c'est Mike Del Mundo qui est aux dessins, et je crois que la preview sortie il y a quelques semaines a mis tout le monde d'accord : le titre sera beau. Et c'est confirmé ici. Les peintures digitales de Del Mundo sont hyper efficaces, avec des doubles pages aux compos intelligentes et immersives, un sacré dynamisme dans les scènes d'actions et un fort sens du chara design, sans oublier une colorisation très réussie qui plonge le titre dans une atmosphère unique à base de rouge, de turquoise/vert et de jaune. Le style me fait penser à un mélange entre du J.H. Williams III, du Jerome Opena et du Phil Noto, le tout baigné dans une ambiance colorée unique. Vraiment un très bon boulot de ce côté là (même si c'est plus sage et moins audacieux que du Sienkiewicz, tout de même).

Côté scénar', si le titre commence par nous rappeler les liens avec l'univers de Daredevil de l'héroïne, Blackman semble vouloir l'éloigner un peu de tout ça et nous dépayser au passage. Je ne suis pas contre, tout dépendra de la qualité de l'intrigue à venir, qui n'a pas réellement commencée ici, ce numéro servant de présentation d'Elektra et de la mission qu'elle va devoir accomplir. On sent que le scénariste veut mettre en place un nouvel univers autour du personnage, notamment au niveau du supporting cast. Ce n'est pas une mauvaise idée, surtout que les nouveaux personnages sont très réussis visuellement. Je suis un peu triste de ne pas trop revoir la Main et tout ça, mais on ne peut pas toujours patauger dans les mêmes intrigues tout le temps, et ce n'est encore que le début.

En tout cas, c'est sympa, c'est beau, c'est Elektra, on ira voir le numéro 2 assurément, en espérant que la bonne surprise continue pour ce titre qu'à la base (lors de son annonce) personne n'attendait. [8]

#2 [Mai] Le premier numéro de la série était franchement réussi, surtout graphiquement, où Mike Del Mundo montrait à tout le monde qu'il était certainement l'un des meilleurs dessinateurs/coloristes du moment, surtout sur ses sublimes doubles pages introductives. Par contre niveau scénario, si le premier numéro était efficace, on ne savait franchement pas vers où l'on allait.
C'est un peu plus clair dans ce second numéro. Et si le scénario de Blackman est bien mené et très efficace, on ne peut s'empêcher de penser que pour le moment, ce n'est pas du GRAND scénario. C'est ça le problème des excellents dessinateurs, c'est qu'on a toujours envie de les voir illustrer des scénarios grandioses, pas des trucs "sympas mais". Toutefois, ne nous emportons pas, la série vient de commencer et elle a tout le temps de monter en puissance.
On constate par contre que Blackman semble préférer son nouveau perso, l'assassin Bloody Lips, antagoniste de ce premier arc, pour l'instant demeurant un peu dans l'ombre mais apparemment surpuissant et avec un design bien sympa... On a limite plus envie de le suivre lui, que l'on découvre durant certaines superbes pages, qu'Elektra qui reste toujours un personnage mystérieux.
En fait, le scénariste nous en dit peu sur elle, et n'arrive pas à la mettre en valeur comme il fait avec Bloody Lips et ses incroyables capacités. Ok, Elektra est balèze, et c'est une assassin, mais à part ça, le personnage est un peu creux pour le moment, sans traits de caractère vraiment marqué (si ce n'est le côté froid et rigoureux de l'assassin professionnel, super pour s'attacher à un personnage !), sans personnalité, sans particularité. Même son objectif dans cet arc manque finalement d'identité. J'espère franchement que ce point là sera travaillé par la suite car c'est un peu le gros défaut de la série. Les personnages originaux sont tous plutôt intéressants, bien écrits, mais dès que Blackman utilise les jouets des autres, il n'arrive pas à se les approprier.
C'est le cas par exemple de cette île au monstre, décor franchement cool au demeurant, qui est utilisé au strict minimum ici. On s'attendait à un festival de combat face à des gros monstres tout droits tirés des comics des années 50, et en fait non, pas vraiment. C'est un peu une occasion manquée, mais bon, ça offre quand même un décor exotique pour cette chasse au "trésor" entre assassins. D'ailleurs, cet aspects "les tueurs se mettent sur la tronche" était franchement plutôt réussi et sympa à suivre. Alors certes, on a vu plus original comme pitch, mais ça marche bien, surtout qu'on a bien différents types d'assassins, avec différents niveaux. Du naze avec son gros gun qui tire des YOLO (il faut le voir pour le croire) à de vrais pros comme notre chère Elektra.
Au final, la quête d'Elektra avance, et j'ai envie de voir la suite, pas pour le personnage principal, malheureusement sans relief, mais plutôt pour en savoir plus sur ce mystérieux Cape Crow, revoir Bloody Lip et pour revoir les magnifiques dessins, enchanteurs, de Mike Del Mundo. Il alterne entre un découpage hyper classique et très efficaces et doubles pages aux compositions bien trouvées et franchement très classes, et plonge le récit dans un univers vraiment agréable, totalement dépaysant, avec ses brumes douces, envoûtantes et mystérieuses et ses couleurs oniriques et poétiques baignées dans une teinte générale vert turquoise. Sublime. Et j'adore la texture sablonneuse, le grain, qu'il rajoute à ses couleurs, c'est vraiment un très bel effet. [7]

#3 [Juillet] La série Elektra était pour l'instant sublime graphiquement mais un peu plus faible scénaristiquement. Sur ce 3e numéro, le scénario s'améliore pas mal, la série en devient tout de même plus accrocheuse et c'était vraiment très agréable à lire. Changement de lieu pour une ville chinoise engloutie dans la mer, que Del Mundo dépeint une fois de plus d'une très belle manière, où l'on assiste enfin au fight entre Elektra et le tueur australien (honte à moi, je pensais jusqu'alors que ce type était africain, à tord), Bloody Lips. Un combat très cool pour le moment surtout que les deux assassins ont l'air bien balèzes, et en plus il y a un twist très intéressant sur la fin dont j'ai hâte de voir le dénouement.
Ce que j'ai bien aimé aussi, c'est qu'on partage quelques pensées avec Elektra, en alternance avec Bloody Lips, qui permettent de commencer à appréhender l'héroïne. J'aimerais bien que Blackman insiste un peu plus la ninja écarlate car j'ai encore du mal à la cerner. Est-elle une tueuse froide, une héroïne au grand coeur, quelle est sa sensibilité ? C'est encore un peu confus et on ne s'attache pas encore à elle. Mais bon, ça viendra peut-être.
En tout cas, un numéro très agréable, très rythme et toujours sublime. Elektra n'est pas encore une très grande série, mais je la suit vraiment avec plaisir pour le moment. [8]

#4 [Juillet] La série Elektra que personne n'achète (en témoigne les chiffres de ventes désespéramment bas de la série) atteint son 4e numéro. Un numéro plutôt cool puisque toujours aussi beau graphiquement (Del Mundo n'est définitivement pas un manche), avec de belles ambiances colorées, des effets de flous biens gérés, des compositions de pages qui ont de la gueule et des scènes d'actions dynamiques. Bref, comme d'hab' depuis le début de la série, ce n'est pas sur la partie graphique qu'on l'attaquera.
Scénaristiquement, ça continue d'être sympathique sans atteindre des sommets. C'est très divertissant, mais ça manque de profondeur, et on manque toujours d'attache à Elektra qui pourrait être, je pense, un personnage intéressant, mais c'est ici à peine esquissé, alors qu'on a pourtant une scène d'introspection. Y a quelques trucs ça et là, et elle est vraiment cool et badass, mais Elektra reste trop dans sa carapace (mais c'est aussi et sûrement son personnage).
A part ça, le petit supporting cast qui se compose autour de l'héroïne est très sympathique (surtout la donneuse de mission qui parle en rose, qui est depuis le début une vraie trouvaille visuelle et qui du coup s'impose vite) et Bloody Lips est toujours un vilain qui a de la gueule, hyper puissant et résistant, sans pitié, sans morale et esthétiquement réussi.
Le numéro est franchement bien mené, très rythmé, mais il lui manque du fond pour être vraiment intéressant ou des scènes d'actions vraiment over the top pour être vraiment saisissant... Néanmoins, le personnage qui apparaît en cliff à l'air lui aussi très cool et devrait permettre à la série de continuer à être un divertissement plus que honnête. [7]

#5 [Août] Fin du premier arc d'Elektra. Une série que j'aime bien mais qui ne marche pas trop commercialement, malheureusement. Sûrement parce que Blackman nous offre un scénar' sympathique mais auquel il manque un petit quelquechose pour être vraiment accrocheur. Y a de nouveaux personnages fascinants, mais pas une vrai mythologie qui se développe, et globalement, je trouve que tous les personnages sont caractérisés trop superficiellement, on ne les connaît pas, on ne s'y attache pas. Elektra a pleins de monologues internes dans ce numéro, donc y a un peu de mieux à son niveau, mais il ne va pas falloir relâcher l'effort. L'autre soucis scénaristique, c'est qu'il manque aussi un petit truc à l'intrigue pour être vraiment accrocheuse, peut-être qu'on ne sent pas assez notre ninja favorite en difficulté ? Peut-être que faire des assassins qui se recherchent les uns les autres et se battent entre eux est trop léger scénaristiquement, il faudrait peut-être un second fil narratif ?
Par contre graphiquement, y a rien à redire. J'adore le boulot de Del Mundo, c'est personnel, dynamique, hyper beau, on a une sublime double page... Rien que pour ça, c'est dommage que la série ne marche pas plus, surtout que ce n'est pas mauvais au niveau du scénario. Ce n'est peut-être pas le truc le plus fou que vous ayez pu lire, mais ça passe largement avec les dessins majestueux de Del Mundo. On a un affrontement de début de numéro superbe notamment. J'ai par contre trouvé que la manière de se débarrasser de l'ultra charismatique Bloody Lips était un peu précipité et j'espère qu'il reviendra se venger sous peu. De toute manière, on peut pas abandonner un personnage aussi charismatique au bout de 5 numéros, ça n'aurait pas de sens.
Bon en tout cas j'ai bien aimé le numéro, j'aime bien la série, vivement la suite. [7]

#6 [Septembre] NAOOOOOO ! Mike Del Mundo est parti de la série ! A la place on se paye Alex Sanchez (le mec qui dessinait les premiers numéros de Katana chez DC, et il a sans doute fait d'autres trucs que je connais pas...). Inutile de vous dire que l'on perd grandement au change. J'espère que Del Mundo reviendra pour conclure la série (puisqu'on sait désormais que la série se terminera au #11)...
Y a plusieurs soucis avec le dessin de Sanchez. Déjà, il est trop réaliste et du coup les délires graphiques comme Cape Crow perdent tout leur intérêt, tout leur sel (heureusement que Bloody Lips n'était pas là, j'imagine pas le massacre visuel sinon), ensuite, je ne sais pas pourquoi, tous ses personnages ont l'air d'être asiatiques, ce qui est assez bizarre. Et enfin il lui manque toute l'inventivité visuelle de Del Mundo. Son dessin a beaucoup moins de charme, ses essais de découpage audacieux sont rares et un peu trop gratuits (même si celui avec les bulles est sympathique) et des fois il fait des trucs très étranges qui rendent pas très bien.
Donc voilà, GROSSE perte visuelle, et c'est bien dommage puisque c'était le point fort de la série. Niveau scénar', on a perdu le fascinant Bloody Lips et personne n'est là pour vraiment prendre le relais (même si un nouvel antagoniste se prépare à entrer en scène durant tout le numéro et risque d'être bien cool dans le #7)... Et Blackman a toujours la flemme de donner une personnalité à Elektra ce qui est un peu dommage. On aimerait bien s'attacher aux personnages qui ont de bons designs mais ils ont zéro personnalité, du coup on s'en fout un peu de leur sort...
Bon sinon y a du name-dropping de méchants marvel de seconde zone qui font des petites apparitions clin d'oeil sympas, c'est toujours bienvenue.
Bref, Elektra est une série avec malheureusement des faiblesses de plus en plus évidentes... J'espère que les auteurs seront se reprendre sur le prochain numéro et que Del Mundo reviendra un jour. Mais j'ai l'impression qu'on ne pleurera pas trop l'arrêt de la série... [6]

#7 [Octobre] Woh... Sans Mike Del Mundo, cette série Elektra part complètement en couille. Alors que je trouvait la série sympa jusque là, j'ai eu le sentiment en lisant ce numéro de lire une de ces merdes qui nous attendent au fond des mag Panini...
Le charme est rompu. Clairement.
Alex Sanchez fait des pages qui n'ont pas vraiment d'attrait et ses choix de cadrages me semblent pas toujours franchement pertinent. Il dessert franchement la série. Si le scénario était vraiment solide, ça passerait peut-être, mais là... Mike Del Mundo donnait une âme à la série, Sanchez lui enlève et nous sert quelque chose de basique qui affadirait toutes les séries du monde, je crois.
Et en plus Blackman me semble en grosse panne qualitative. Le combat face à lady bullseye qui devait être le gros morceau du numéro est torchée en 5 pages de manière grotesque, l'un des nouveaux personnages marquant esthétiquement de la série se fait tuer comme une merde ce qui est un peu dommage pour l'héritage que pouvait éventuellement avoir la série...
Et tout le passage à la Nouvelle Orléans est un peu chiant. Surtout que l'esprit de la ville est carrément absent. Sanchez fait un décor vaguement ressemblant dans une case et après, hop, fonds abstraits, faut pas déconner non plus.
Donc voilà une belle sortie de route pour Elektra. Personnage toujours aussi peu attachant d'ailleurs. Espérons que le retour de Del Mundo, à priori dans le prochain numéro si je ne me trompe pas, remette les choses en ordre. [4]
arnonaud
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Créée

le 25 mai 2014

Modifiée

le 29 oct. 2014

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arnonaud

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