Il arriva donc ce qui devait arriver. Le succès attisa les intérêts et ceux-ci se combinèrent à des techniques commerciales bien rodées pour assurer pérennité à une source de profits – mais de préférence en édulcorant l’intérêt primordial de l’œuvre. Si ce second et dernier volume de l’essentiel des récits de l’Homme-Chose conclue avec brio et originalité la première série menée haut la main par le très regretté Steve Gerber (1947-2008), elle enchaîne aussi avec la seconde, hélas bien moins inspirée en dépit de la présence d’auteurs de renom aux scénarios de ces épisodes ; on peut citer parmi ceux-là Michael Fleisher et surtout Chris Claremont, qui en dépit de leur immense talent respectif ne parvinrent pas vraiment à s’affranchir de l’influence de Gerber.

Ajoutées à cette quasi-absence d’émancipation les apparitions intempestives de personnages récurrents du bestiaire Marvel, tels que ceux évoqués dans la quatrième de couverture de l’ouvrage reproduite dans sa fiche, et ceci afin d’attirer de nouveaux-venus à ces récits mettant en scène l’Homme-Chose qui, pourtant, ne partage que bien peu de choses avec les personnages susmentionnés, et c’est le bouquet : la platitude des scénarios se trouve d’autant plus tirée vers le bas qu’elle se combine à ce genre des super-héros qui s’avère dans l’écrasante majorité des cas incapable du réalisme le plus essentiel et par là même d’apparaître vraiment crédible (1). Bref, cette seconde série se perd bien loin de la sophistication de la précédente, celle-là même qui devint une œuvre-culte mais aussi, dit-on, influença beaucoup Neil Gaiman notamment.

À vrai dire, la seule raison qui pourrait pousser un lecteur un tant soit peu critique à acquérir ce second volume tient dans la conclusion de la première série amorcée dans le volume précédent et où l’immense talent de conteur de Gerber frise lors de ce dénouement ce qu’on pourrait peut-être appeler du génie – ou du moins quelque chose qui y ressemble…

(1) j’invite le lecteur curieux d’en savoir plus sur ma position à ce sujet en lisant ma chronique de Miracleman (Alan Moore, Alan Davis & Gary Leach ; 1982) :
http://www.senscritique.com/bd/Miracleman/critique/3568200

Note :

Si ce second et dernier volume d’Essential Man-Thing s’arrête avec la seconde série de l’Homme-Chose, les récits mettant en scène celui-ci se poursuivirent à travers une troisième puis une quatrième série, sans oublier les diverses apparitions du personnage dans les aventures de différents personnages de l’univers Marvel. À ma connaissance, seule la dernière de ces productions ultérieures connut une réédition sous forme de compilation comme c’est le cas pour ces deux Essential.
LeDinoBleu
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Science-fiction, Super-héros et Fantastique

Créée

le 5 oct. 2012

Critique lue 190 fois

1 j'aime

LeDinoBleu

Écrit par

Critique lue 190 fois

1

Du même critique

Serial Experiments Lain
LeDinoBleu
8

Paranoïa

Lain est une jeune fille renfermée et timide, avec pas mal de difficultés à se faire des amis. Il faut dire que sa famille « inhabituelle » ne lui facilite pas les choses. De plus, Lain ne comprend...

le 5 mars 2011

45 j'aime

L'Histoire sans fin
LeDinoBleu
8

Un Récit éternel

À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de...

le 17 août 2012

40 j'aime

Capitaine Sky et le Monde de demain
LeDinoBleu
8

Pulp (Science) Fiction

La science-fiction au cinéma obtient rarement l’assentiment des amateurs du genre dans sa forme littéraire, parce que cette dernière privilégie les idées et les émotions au spectaculaire et aux...

le 31 juil. 2011

33 j'aime

8