Roz Chast est une illustratrice américaine. « Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? » est son premier livre à sortir en France. Il traite du déclin de ses parents : de leur entrée dans le grand âge jusqu’à leur mort. Le tout pèse 240 pages et est publié chez Gallimard.


Fille unique, née à Brooklyn de parents juifs, Roz Chast entretient avec eux des relations compliquées. Et lorsqu’ils commencent à devenir dépendants, son premier travail sera de leur faire accepter l’idée de se faire aider.


Avant toute chose, « Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? » est un roman graphique un peu particulier. Les séquences de BDs s’intercalent au milieu de pavés de textes et d’illustrations. À cela s’ajoutent des photos, voire même des croquis en fin de bouquin. J’ai beaucoup de mal avec ce genre de livre hydride. Ainsi, les textes sont loin de ceux d’un roman et sont souvent lourds. Clairement, ils apparaissent quand le dessin ne suffit pas à exprimer les réflexions de l’auteur. À l’inverse, les séquences dessinées servent avant tout à décrire des scènes riches en dialogues.


Il est évident que nombreux seront ceux à qui ce livre parlera. Il suffit d’avoir connu ses parents ou ses grands-parents dans le grand âge pour y trouver un écho. Cependant, passé cela, que reste-t-il ? Beaucoup de longueurs et de digressions inutiles. Le livre semble écrit comme il vient et tous les détails sur les caractères des parents n’ont finalement pas tant d’intérêt que cela. Au lieu de nous le faire découvrir en dessin, tout est bien écrit, expliqué, souligné… Et quand on n’a bien compris, l’auteur nous en rajoute une couche.


L’absence totale de pudeur du livre est à la fois sa force et sa faiblesse. À trop se centrer sur ses parents, Roz Chast nous exclue de cette histoire. On regarde un peu indifférent la mort de ses parents. Il manque vraiment d’émotion ici. On n’est pas touchés. Et qu’apportent les croquis mortuaires de la mère ? Les photos ? Rien. Cela donne l’impression que Roz Chast a écrit un carnet de bord de la mort de ses parents. Cela se comprend, mais pourquoi l’afficher ainsi ?


Le dessin ne rattrape pas l’ensemble. Si le trait est vif, il manque de variation. Les parties BD sont très communes, parfois polluées par des tartines de textes et n’apportent pas de réel plus. Bref, ce n’est pas dans la bande dessinée qu’il faut chercher les qualités du livre.


Si « Est-ce qu’on pourrait parler d’autre chose ? » traite en profondeur de son sujet, est-il intéressant pour autant ? J’y ai trouvé beaucoup de longueurs, de lourdeurs et sa lecture a été un calvaire. Non pas à cause de la souffrance des parents, mais par le manque d’émotion de l’ensemble. Le jonglage entre textes, illustrations et BD est fatigant. Le fait que l’auteur exprime tout explicitement aussi. Parfois, un silence en dit plus qu’un long discours.

belzaran
3
Écrit par

Créée

le 22 sept. 2016

Critique lue 222 fois

3 j'aime

belzaran

Écrit par

Critique lue 222 fois

3

D'autres avis sur Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ?

Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ?
Asseld
7

Critique de Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ? par Asseld

Parfois beaucoup de texte, peut-être un peu trop sur certaines pages, mais après tout, c'est un roman graphique : pas une bande dessinée à proprement parler ! Mais ça ne gâche pas le plaisir que j'ai...

le 17 janv. 2021

Du même critique

Shangri-La
belzaran
5

Une critique du consumérisme caricaturale

« Shangri-La » avait marqué l’année 2016. L’album de Mathieu Bablet, lourd de ses 220 pages, proposait une couverture racée et intrigante et une science-fiction de qualité. Devant les promesses,...

le 13 déc. 2017

45 j'aime

2

Le Chemisier
belzaran
4

Quelle vacuité !

Avec le scandale de « Petit Paul » et ses accusations d’être un ouvrage pédopornographique, on aurait presque oublié qu’au même moment ou presque Bastien Vivès publiait « Le chemisier ». Ce roman...

le 22 févr. 2019

38 j'aime

L'Âge d'or, tome 2
belzaran
7

Une impression d'inachevé

Le premier tome de « L’âge d’or » avait impressionné par son dessin, notamment par ses grandes illustrations façon tapisseries médiévales. Racontant un récit initiatique somme toute classique, ce...

le 24 févr. 2021

23 j'aime

1