Membre d’Unity (pour caricaturer, les Avengers estampillés Valiant) et personnage majeur des deux mini-séries The Valiant puis Book of Death, Gilad Anni-Padda, le Guerrier Éternel, tient ici sa propre série en 14 épisodes. Et autant le dire tout de suite, c’est un gros coup de cœur.


Tout d’abord pour la prestation graphique exceptionnelle du duo dessinateur et coloriste Raúl Allén / Patricia Martin. Chaque page est un déferlement de créativité, que ce soit au niveau de la mise en page et en scène, du découpage, de la colorisation, des jeux d’ombres et de lumière, de l’utilisation des onomatopées... Dans une osmose parfaite, le couple parvient à sublimer le propos de l’auteur qui n’a parfois plus besoin de texte pour faire passer son message. A côté, les deux autres dessinateurs, Robert Gill et Juan José Ryp (dans un interlude ultra sanglant qui va comme un gant à son style hyper détaillé) livrent un boulot tout à fait honnête mais moins éclatant.


Le scénariste Robert Venditti est également à son meilleur niveau. Si son travail sur X-O Manowar vaut le coup, il livre ici un récit sanglant et sensible, à la hauteur de l’un des personnages les plus intéressants de Valiant (et ces derniers ne manquent pas). L’intégrale est divisée en trois parties exposant des pans encore inconnus de la vie (et donc, de la mort) du personnage. Il va d’abord explorer ce qu’il se passe entre chaque résurrection de Gilad. Si certains ont du mal à quitter leur nid douillet le matin pour aller bosser, Gilad doit carrément laisser derrière lui son paradis et traverser l’Enfer avant de pouvoir revenir se battre ! Ce cheminement met en lumière la tragédie éternelle vécue par Gilad, notamment esquissée dans The Valiant et Book of Death. Le deuxième arc, « Le Labyrinthe » met au prise Gilad à celui / celle qui pourrait être considér(é) comme son arch enemy dans un schéma entre Cube, Un Jour Sans Fin et Source Code. Époustouflante visuellement, cette partie lève le voile sur un traumatisme important du personnage qui verra sa résolution, peut-être un peu trop rapide, dans le troisième et dernier arc.


Entre délires technologiques et pure fantasy, Venditti propose un récit sauvage et sans temps morts qui prend également le temps de questionner la famille, la paternité et les motivations profondes de son héros. On vit avec tendresse ces phases de quiétude « au-delà du voile de la vie, au-delà du temps » en compagnie du personnage et de sa famille avant de repartir au combat. C’est là la grande réussite du récit qui parvient à humaniser ce personnage plus vraiment humain, mû par la colère et enchaîné à son destin, persuadé de la nécessité de sa tâche. La finesse du propos de l'auteur, notamment au détour des échanges entre Gilad et son « épouse », est ainsi à ranger au même niveau de qualité que les nombreuses scènes de baston, tout simplement épiques.


Comme toujours, Bliss Comics réalise un gros travail d'édition (malgré les quelques coquilles habituelles) et offre pléthore de bonus pour un excellent rapport quantité / qualité / prix.


Magnifiquement illustrée, violemment jouissive et bien plus profonde qu’elle n’y paraît, Wrath of the Eternal Warrior est tout simplement la série que le personnage méritait. L'intégrale se place comme un indispensable du catalogue Valiant et, plus largement, comme un très grand moment de BD.

Marlon_Ramone
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le 25 oct. 2018

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