Football District
7.2
Football District

BD (divers) de Timothée Ostermann (2018)

Football district se placerait tout en haut de la catégorie bédé comique, dans le même rayonnage de librairie que les Profs, les Pompiers ou les Gendarmes. Il faut avoir remporté un titre de quatrième division de district – le sommet de toute une carrière ! – pour comprendre ce que ça signifie. Comme son titre l’indique, l’album propose une plongée dans un club de football de district. Pour les profanes, le district (en gros, l’échelon départemental) est le plus bas niveau qui existe en football amateur. Pour trouver des joueurs adultes plus nuls, il faut aller chercher (et encore) du côté de ce football entreprise qui s’appelait autrefois foot corpo. En-dessous, ça s’appelle du sport adapté.
Quiconque a déjà tenté de pousser un ballon sur les pâquerettes d’un champ de patates pompeusement appelé terrain, fumé une clope deux minutes avant d’entrer en jeu, vu arriver un joueur à la mi-temps parce qu’il finissait le boulot à 15 heures, glissé des morceaux de carton sous ses chaussettes parce qu’il avait oublié ses protège-tibias, traversé tout un département en plein hiver pour prendre 4-0 et une douche froide, quitté le terrain pour vomir ses whiskys-cocas de la veille au soir ou entendu des remarques telles que « Ils ont trois blacks, ça doit courir vite », « Au fait, on jouait contre qui ? » ou « Comment il s’appelle, notre avant-centre ? » – celui-ci comprendra de quoi parle Football district, et n’y trouvera pas grand-chose de surprenant.
Entendons-nous nous bien, Football district n’est pas un chef-d’œuvre : il n’y a pas de véritable construction, je trouve le dessin mécanique et plutôt laid et on voit poindre çà et là quelques traits de narcissisme. Mais sur l’univers évoqué, sur le regard porté sur cet univers surtout, rien à redire. Dans ses meilleurs passages, cet album, c’est comme en district : on est nuls, mais les meilleurs d’entre nous le savent.

Alcofribas
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le 18 août 2018

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