Imaginez un multivers redéfinissant chaque personnage. Batman n’a plus été élevé par son majordome Alfred, mais aux côtés des Tortues Ninja sous l’égide de maître Splinter. Casey Jones n’est plus ce justicier réglant ses comptes à coups de club de golf, mais un policier intègre œuvrant aux côtés du commissaire Jim Gordon. Shredder et le clan Foot sont supplantés par le Joker et le clan Rictus. Un Raphaël venu d’une dimension parallèle, dessiné en noir et blanc selon les modalités graphiques des années 1980, intervient pour prévenir tout ce beau monde de la mainmise de Krang sur leur univers, sorte de jonction entre deux mondes dissemblables, le Gotham de Batman et le New York des Tortues Ninja.


Là est le nœud de cette arche. Lorsqu’ils rencontrent ce Raphaël venu d’un autre monde, Batman et ses frères Tortues prennent conscience du caractère factice de l’univers dans lequel ils évoluent. Leur passé apparaît alors artificiel, rempli de zones d’ombre, comme orphelin d’une réalité qu’on aurait longtemps cherché à leur cacher. Le scénariste James Tynion IV effectue un travail de caractérisation très intéressant : en marge de batailles mémorables, joliment mises en images par Freddie E. Williams II et Kevin Eastman, il dresse le portrait de super-héros diminués. Donatello n’est plus ce génie ayant réponse à tout. Shredder se voit privé de son souffle épique et de son armée. Et surtout, Batman se questionne sur le sens de la famille, sur sa solitude et sur ses racines. Il constitue, de loin, celui sur qui se portent les plus grands enjeux psychologiques et dramatiques de Fusion.


Choral et rythmé, ce crossover est une curiosité qui saura satisfaire les aficionados des deux séries. La transposition de Batman chez les Tortues Ninja se fait sans réel accroc, en suivant un canevas scénaristique plutôt classique, dans des planches souvent chargées et rendues d’autant plus sombres que les couleurs apparaissent désaturées. Au rang des bonnes idées, on notera naturellement l’incorporation d’un Raphaël piqué de nostalgie (en noir et blanc, dessiné à l’ancienne par Kevin Eastman), le relooking des Tortues en fonction de l’univers Batman (Red Hood, Tim Drake, etc.) et la métamorphose du Joker en un guerrier malfaisant ô combien bédégénique. Rafraîchissant.


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Cultural_Mind
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le 28 août 2020

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