Un thriller occulte détonant malheureusement pas toujours renversant

Eldo Yoshimizu est un artiste que nous avons découvert en France via le diptyque Ryuko édité chez Le Lézard Noir. Avant d'être auteur de manga, Yoshimizu officia dans l'art contemporain pendant des années en créant des sculptures. Artiste touche à tout, il a également comme hobbys la photographie et la musique.
Gamma Draconis est une création originale des éditions Le Lézard Noir. On trouve donc au scénario Benoist Simmat, un journaliste économique et scénariste de bande dessinée amis de Stéphane Duval (créateur et directeur des éditions Le Lézard Noir).
Ce manga est donc une création franco-japonaise qui n'a sans doute pas toujours été aisée vu que le scénariste et le dessinateur ne parlent pas la même langue.
L'éditeur a mis les bouchers doubles en proposant une édition de toute beauté avec très grand format, couverture rigide, papier et impression très qualitative.
L'édition et le format permettent de profiter au maximum des prouesses graphiques de Eldo Yoshimizu.


Gamma Draconis est un thriller occulte qui mélange plusieurs influences pour un résultat détonnant mais parfois un peu maladroit.


Nous suivons Aiko Moriyama, une jeune femme d'origine japonaise qui étudie l'art religieux à la Sorbonne tout en effectuant en parallèle des recherches sur les sciences occultes. En même temps, les auteurs montre des faits étranges se déroulant à Londre. Une mystérieuse organisation a volé le miroir de John Dee qui donne accès à de terrifiants pouvoirs. Cette organisation est officiellement la Gamma fondation, une grande puissance financière aux sombres dessins.


Aiko va rapidement être touché par les agissements de la fondation lorsque ses recherches vont être bousculés. En effet, les spécialistes qui l'aident dans ses recherches vont avoir successivement des crises (pile quand ils ouvrent leur ordinateur). Amis avec la policière en charge de l'enquête et qui fréquente le même dojo qu'elle, Aiko va de plus en plus s'impliquer dans ses étranges phénomènes qui semblent avoir des liens avec ses recherches ésotériques.
Le scénario est vraiment sympa, on est captivé par ses événements étranges, les personnages introduits ont de la gueule et le rythme du récit nous entraîne dans une course passionnante.. mais je trouve que plus l'histoire se révèle, plus elle s'avère un peu trop classique et apporte des éléments déjà très utilisés ailleurs. La part d'ombre que recèle le manga dans sa première partie captive mais les auteurs peinent à renouveler cette aura mystérieuse dans la seconde partie du récit.


Le récit m'a fait penser à plusieurs reprises au sublimes Saru de Daisuke Igarashi. (ed Sarbacane) L'occultisme, l'histoire qui nous fait voyager dans plusieurs lieux existants et bien reconnaissables, un personnage principal qui semble être la clef de certains mystères, un dessin qui décolle la rétine... Les deux récits partent dans des directions différentes mais j'y retrouve beaucoup de similitudes.


La lecture de ce manga propose un brassage d'influences et de cultures. C'est à la fois ébouriffant et passionnant mais donne aussi l'impression d'un trop plein qui cache une histoire au final très basique et qui manque de profondeur.


Ayant bien apprécier le récit tout en lui trouvant certaines lourdeurs dans l'écriture, je dois bien avouer que le dessin de Eldo Yoshimizu contribue énormément au plaisir de lecture.
On retrouve son graphisme influencé par le Gekiga (image dramatique), Kamimura en tête. Le dessin est cependant très moderne, dense et expressif mais aussi anguleux. Le dessinateur joue beaucoup avec les bulles, onomatopées, la taille et la forme des cases.. C'est constamment inventif et entraînant. En ce sens, le rythme effréné du récit colle parfaitement avec la rythmique de narration de Yoshimizu qui souffle constamment sur le lecteur.
Visuellement, le livre a un charme fou, ça pète et propose des images fortes qui reste en mémoire. Cependant, là aussi j’émets quelques réticences. J'ai dans l'ensemble adoré le dessin mais certains passages, cases, designs dénotaient trop à mon goûts, renforçant une impression de fourre tout.
Les bulles paraissent parfois vraiment grandes par rapport à la quantité de texte et cachent alors des passages moins denses visuellement.


Je ressort de ma lecture avec une impression en demi-teinte. J'ai à la fois beaucoup apprécié tout en la trouvant peu consistante après coup. Mes attentes étaient peut être trop élevés mais je conseil tout de même cette lecture très graphique qui propose sont lot de mystères, d'actions et de surprises.
Je reste dans l'attente de découvrir de nouvelles œuvres de Benoist Simmat et/ou Eldor Yoshimizu.

nolhane
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le 22 mars 2021

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