Godzilla in Hell
6.9
Godzilla in Hell

Comics de James Stokoe (2015)

Vestron, éditeur français de bandes-dessinées en lien avec la culture pop’, poursuit donc son adaptation des aventures du Roi des monstres en comics, une longue histoire d’amour qui n’avait que trop rarement franchi l’océan Atlantique pour dévaster notre cartésien pays.

Ces mini-séries, sous licence IDW, permettent d’aborder Godzilla sous des angles plus variés, que n’ont pas abordé les films. C’est donc l’occasion de mettre en place de nouvelles idées, avec la promesse de proposer du contenu original et audacieux. Et après le grand lézard à travers différents événements historiques, Godzilla: Rage Across Time, qui était assez réussi, malgré un calamiteux dernier épisode que je serais obligé de rappeler plus tard, voici donc Godzilla in Hell qui, comme son nom l’indique, plonge le monstre légendaire dans les Enfers…

(Insérez ici un rire démoniaque, de préférence d’outre-tombe)

Que les chrétiens intégristes se rassurent, il ne s’agira pas d’une aventure sataniste, puisqu’à la place de démons cornus ou du grand Lucifer, Godzilla va surtout faire des calins collés-serrés contre différents adversaires, pour autant de kaijus parfois extirpés de vieux films et qui viennent réclamer le match retour. La préface de Nicholas Jeantet, spécialiste du lézard muté, auteur de Godzilla ère Showa, explicite ces références parfois obscures extirpées de leurs pellicules respectives.

D’un bout à l’autre de cet enfer, Godzilla va donc traverser différents lieux, mordre dans quelques adversaires, cracher quelques rafales de feu. Comme pour l’autre série précédemment citée, chaque épisode est réalisé par une équipe créatrice différente, même s’il y a une vague trame, entre l’arrivée aux Enfers, l’explication de la présence de Godzilla dedans, et peut-être sa sortie. Il n’y a d’ailleurs quasiment pas de récitatif, en dehors d’un deuxième épisode avec des encarts au ton lyrique, et bien sur peu de personnes pour échanger quelques mots avec le lézard, en dehors de quelques grognements. L’ensemble doit donc se lire sans trop de précipitations et pour mieux apprécier les dessins

Une fois encore, le talent des artistes conviés est de bonne facture, on peut d’ailleurs lui souligner une plus grande homogénéité. Car si Godzilla: Rage Across Time souffrait d’un dernier épisode hideux, il avait aussi deux artistes assez impressionnants, Matt Franck et Pablo Tunica. Ce volume s’ouvre et se termine par deux belles prestations, celles de James Stokoe et son trait assez évocateur, à la mise en scène soignée, et Dave Wachter, avec un Godzilla crépusculaire mais déterminé, aux couleurs froides et appliquées. Tous deux signent les scénarios de leurs épisodes respectifs, et ce dernier épisode est d’ailleurs le plus réussi, proposant une idée autour du lézard bien plus originale qu’un combat contre un fantôme revanchard.

Le deuxième épisode est d’ailleurs signé d’une vieille connaissance de la franchise, Bob Eggleton, qui a de nombreuses fois travaillé sur Godzilla, illustrant plusieurs revues au fil des ayants-droits différents. Il est un illustrateur assez particulier, utilisant la peinture, pour des compositions plus statiques mais avec de beaux jeux de couleurs.

Ce Godzilla in Hell est donc d’une belle facture esthétique, c’est certain, avec différentes approches.

Avec son enchaînement de monstres, cette structure plaira peut-être à certains amateurs de la franchise, mais les quelques pages dévolues pour chaque épisode ne permettent pas aux affrontements d’être pleinement satisfaisants. La mini-série Rage Across Time comportait des points de vue humains pour chaque épisode, permettant d’offrir des contre-points intéressants à la dévastation de Godzilla. Celle-ci ci étant dépourvue de ces frêles humains et quasiment vierge de cartons de textes, elle ne peut compter que sur l’ingéniosité des équipes créatives pour offrir des pages stimulantes. C’était ce qui manquait pour le terrible dernier épisode de Godzilla: Rage Across Time, sans point de vue humain et uniquement composé de combats, terriblement vain et moche. C’est malheureusement ce qui se retrouve dans ce volume.

Les fans qui viennent voir du Godzilla se castagner seront satisfaits, d’autant plus qu’ils retrouveront de vieilles connaissances. Mais ce format BD épisodique ne semble pas pertinent pour ne reposer que là dessus, il est difficile de faire rentrer la rage de créatures géantes sur de si petites cases. Cette descente aux Enfers aurait pu être l’occasion d’approfondir le mythe, d’un point de vue philosophique, de questionner cette force de la nature, qui ne s’arrête pas même confronté à sa propre mort. Le dernier épisode le suggère, mais c’est trop peu, et l’idée globale de cette mini-série est finalement assez mal exploitée en dehors de ces belles planches, douce consolation.


A l'image des films, les adaptations en bandes dessinées soufflent donc le chaud et le froid selon qui prend en main ce mythe de la pop culture. Heureusement depuis Vestron a publié Godzilla : The Half Century War qui contient une histoire menée d'un bout à l'autre par le petit génie James Stokoe. Une belle réussite, chaleureusement recommandée.

SimplySmackkk
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le 15 août 2023

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