Sous les sunlights des tropiques…

Ny Ravo est un légiste freelance envoyé par la capitale pour apaiser les rumeurs de trafic d’organes qui secouent la ville de Morondava, petite ville côtière située à l’ouest de l’ile de Madagascar. Le corps émasculé d’un jeune garçon appartenant à une ethnie de pêcheurs qui vit en autarcie, a été retrouvé, sans vie, sur la plage de Kimony…

C’est la couverture très attrayante tout en nuances de bleu, vu sur la page de l’éditeur des bulles dans l’océan présentant ses nouveautés à venir, qui m’a donné envie d’acheter et de lire cette BD. Je l’aurais attendu plusieurs mois avant que je puisse acheter le seul exemplaire de la librairie dans les jours qui ont suivi sa sortie officielle. J’avais lu distraitement le pitch et d’après le sous-titre (« une enquête en territoire Vezo »), je m’attendais donc à une intrigue avec un inspecteur de police, classique. D’où ma surprise en lisant les premières pages et en m’apercevant que le héros n’était autre qu’un expert médico-légal indépendant (je ne m’imaginais pas que cette profession pouvait se pratiquer en freelance), tout juste débarqué de Tananarive. Ce personnage principal, un peu rond et à l’allure bonhomme, est assez sympathique. Il contraste un peu avec le personnage du commissaire, plutôt antipathique, corrompu et sans scrupule.

Le scénariste Franco Clerc, met en scène dans cet album, une ethnie particulière, les Vézos, ainsi que leur culture, qu’il a découvert en réalisant un documentaire pour Arte en 2016. L’auteur passe un temps non négligeable, au début de l’histoire, pour bien poser le contexte. Fan de polar et d’histoires policières, il nous offre un récit plein d’exotisme avec une intrigue assez plaisante qui nous amène sur plusieurs pistes avant de conclure par une fin ouverte, qui malheureusement ne donne pas toutes les réponses attendues. J’avoue que cette fin m’a laissé un peu sur ma faim. J’aime bien comprendre et là, on découvre le meurtrier mais pas son mobile. J’ai peur que s’il devait y avoir un autre tome, celui-ci raconterait une nouvelle enquête de Ny Ravo plus qu’il ne donnerait une fin à celui-ci. Le scénariste a surement décidé de laisser libre court à l’imagination du lecteur à moins que cela soit une facilité de l’auteur, en panne d’inspiration. Mais comme je suis un optimiste de nature, je préfère opter pour la première hypothèse car je me dis que même si je n’ai pas lu ses précédentes œuvres, l’auteur en est à sa 4ème bande dessinée et deux éditeurs lui ont déjà fait confiance.

Je connaissais, Stephan Pelayo en tant que coloriste sur les premiers cycles de Okko, le héros de HUB. Mais ici, c’est son premier album en tant que dessinateur et il ne se débrouille pas trop mal. Même si les visages de certains personnages sont intentionnellement assez caricaturaux, les décors extérieurs et arrière-plans sont bien souvent travaillés ou en tout cas donne cette impression du fait de la maitrise des couleurs par l’artiste. Le découpage relativement classique dans l’ensemble se calque sur le format comics de l’album en laissant s’exprimer l’intrigue dans des cases plutôt grandes qui donne de l’espace aux personnages. Les couleurs gorgées de soleil donnent aux pages une tonalité dépaysante.

Version illustrée : http://www.artefact-blog-bd.com/recit-complet/haza-lahy/