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Ce tome fait suite à Alliés et ennemis (épisodes 11 à 15) qu'il faut avoir lu avant. Pour comprendre les enjeux du récit et les relations entre les personnages, il faut avoir commencé par le premier tome Le Retour (épisodes 1 à 5). Il comprend les épisodes 16 à 20, initialement parus en 2016, écrits par Joshua Williamson, dessinés et encrés par Andrei Bressan, avec une mise en couleurs réalisée par Adriano Lucas.


Rya et Wendy Rhodes n'ont d'autres choix que d'accepter l'hospitalité de Mastema qui les convie à déjeuner sous la surveillance d'une dizaine de golems qu'elle a créés. Elle est obligée de quitter la table car 2 mages ont fait irruption chez, elle, chacun de son côté : Kylen et Enoch. Les 3 s'interrogent sur les motivations de Sameal (un autre mage) qui a pris en charge Mikey Rhodes et l'a emmené dans sa base. Enoch dissuade les 2 autres d'implémenter une attaque massive, et se charge d'aller parlementer seul à seul avec Samael. Pendant ce temps-là, ce dernier guide Mikey Rhodes, Brennan Rhodes et leur père Aaron Rhodes jusqu'à sa place forte souterraine. Ils découvrent une première salle immense regorgeant de reliques et de trophées ramenés de Terrenos.


Sameal fait allonger Mikey sur autel en pierre qui a été enchanté par un sort de guérison. Néanmoins ce sort ne peut pas contrecarrer l'influence du Nevermind contenu dans le corps de Mikey. L'état de ce dernier étant temporairement stabilisé, Aaron commence une discussion houleuse avec Sameal, allant jusqu'à le frapper. Il est alors révélé le lien de parenté qui les unit. Sameal informe alors Aaron sur plusieurs points, à commencer par le fait que si Mikey est bel et bien l'Élu, Brennan est vraisemblablement un mage. Leur conversation est interrompue par l'arrivée d'Enoch. Sameal laisse Aaron et Brennan veiller sur Mikey, et monte pour accueillir Enoch et s'enquérir de l'objet de sa visite. Pendant ce temps-là, Brennan essaye mettre à profit ses pouvoirs, pour guérir son frère Mikey de l'infestation du Nevermind.


L'équipe créatrice avait réussi un troisième de haute volée en donnant exactement ce qu'il attendait au lecteur, tout en le prenant au dépourvu en insufflant de nouvelles variations dans les stéréotypes en usage dans ce genre d'Heroic Fantasy. Du coup son attente est assez importante pour ce tome suivant. Il a le plaisir de constater que l'équipe créatrice est restée la même. Dès la première page, il retrouve les dessins savoureux d'Andrei Bressan, rehaussés par les couleurs d'Adriano Lucas. Il voit les 3 femmes s'installer autour d'une longue table déjà dressée, avec une autre longue table parallèle servant de desserte, et les 8 golems servant de service d'ordre un peu particulier. Lucas habille les murs en appliquant un motif géométrique élaboré pour évoquer du papier-peint. Bressan a conçu une prise de vue qui permet de voir les tenues des 3 femmes, les mouvements, et la réaction de Rya et Wendy Rhodes au propos de Mastema. Tout au long de ces 5 épisodes, il peut prendre le temps d'observer les cases, et bénéficier d'une mise en images qui ajoute beaucoup à l'intrigue imaginée par le scénariste. Alors qu'à ce stade du récit une bonne douzaine de personnages principaux se partagent les séquences, le lecteur n'a aucune difficulté à tous les reconnaître. Le dessinateur leur conçoit des apparences spécifiques, mais aussi des vêtements particuliers, parfois déclinés en 2 versions pour les personnages apparaissant aussi bien sur Terre, que sur Terrenos.


Andrei Bressan s'éclate bien avec les monstres, les créatures fantastiques et les guerriers. Mikey Rhodes reste une version de Conan avec une musculature exagérée et une grande stature qui en impose. Le lecteur retrouve avec plaisir une manifestation de Nevermind, avec une sensation de chair à vif assez désagréable. Il voit la fusion charnelle entre Nevermind et Mikey, tellement contre nature que la chair de Mikey se révulse. Il s'arrête devant un dessin en double page représentant les 5 mages unis en train de se battre contre des créatures de Lore. Il prend le temps de détailler chaque personnage et son opposant. Il sourit en voyant apparaître la créature fantastique immense dans le dernier épisode, du fait de sa taille et de sa puissance de feu. Il se repaît des scènes d'affrontements physiques. Bressan est totalement impliqué dans la logique des coups portés, dans les déplacements, dans les dégâts sur les décors. Ses dessins sont complétés avec cohérence et puissance par les couleurs qui réhaussent les énergies magiques, à la fois par leur composition chromatique, et à la fois par leur force.


Andrei Bressan et Adriano Lucas sont tout aussi impliqués dans les séquences plus calmes. Après avoir pu regarder la salle à manger et la bibliothèque de Mastema, le lecteur découvre l'étendue du repère souterrain de Sameal, dans un dessin en double page, avec un niveau de détails épatant. Puis il descend 4 étages en sous-sol, dans une mise en page astucieuse, avec un escalier en colimaçon en milieu de page, que descendent les personnages, le lecteur découvrant un niveau différent dans chacune des 4 cases de la largeur de la page. Le lecteur observe que l'artiste fait varier le nombre de cases par page pour accélérer ou ralentir la lecture, en fonction de la nature de la séquence. Il apprécie l'utilisation des cases de la largeur de la page, soit pour donner leur place aux décors, soit pour donner de la place aux larges moulinets d'épée de Mikey Rhodes. Il se rend bien compte que de temps à autre (mais pas systématiquement) les arrière-plans disparaissent le temps d'un affrontement physique, masqués derrière les éruptions d'énergie. Néanmoins il ne s'agit pas d'une astuce pour s'économiser sur les dessins, mais d'un choix de hiérarchisation de l'information pour conserver une bonne lisibilité des cases.


Grâce aux dessins d'Andrei Bressan et à la mise en couleurs d'Adriano Lucas, le lecteur peut totalement se projeter aux côtés des protagonistes, dans les différents environnements, côtoyant des individus à la forte personnalité. De son côté, le scénariste continue de faire avancer son intrigue, en la parsemant de révélations sur le passé. Il ne donne pas l'impression d'une fuite en avant comme sur Nailbiter, son autre série concomitante en 6 tomes, à commencer par Le sang va couler. Ayant été grièvement blessé dans le tome précédent, Mikey Rhodes passe 2 épisodes et demi dans une sorte de coma. Par la suite, son état délicat lui permet quand même de se battre, mais finalement il reste au second plan. Ce sont donc les autres personnages qui sont mis en avant à tour de rôle. Rya et Wendy ont droit à une poignée de séquences, avançant de manière peu significative l'état de Rya. Les personnages les plus mis en avant sont donc ceux qui se trouvent avec Sameal. Le lecteur en apprend plus sur le père d'Aaron Rhodes, c’est-à-dire le grand père de Mikey et Brennan. Il en apprend également plus sur les 5 mages qui ont lutté contre le dieu-roi Lore, avant l'arrivée de Mikey sur Terrenos.


En parallèle de ces révélations sur l'histoire proche de Terrenos, le lecteur assiste à une discussion pleine d'enjeux sous-jacents entre Sameal et Enoch, 2 des mages que Mikey est venu tuer sur Terre. Le lecteur comprend que l'enjeu pour le scénariste est de montrer l'historique de la situation et qu'elle trouve ses racines dans une génération avant celle du père de Mikey et Brennan. Mais il n'arrive pas à impliquer le lecteur dans la situation de ces 2 personnages. Ils apparaissent plus comme des ressorts narratifs que comme des individus générant une empathie suffisante. Quelques niveaux plus bas, Aaron Rhodes se retrouve avec ses 2 fils, l'un en pleine possession de ses moyens, l'autre inconscient. Le lecteur apprécie l'évolution de Brennan Rhodes, même si sa relation avec son père peine à convaincre. D'un côté, il semble normal que le père ait des réserves sur les capacités toutes nouvelles de son fils ; de l'autre ce dernier révèle une maturité bien soudaine. Du coup, le lecteur éprouve la sensation que l'intrigue prime sur les personnages, obérant son implication émotionnelle de quelques degrés. Néanmoins ladite intrigue était prenante dès le début, avec une approche originale du lien entre le monde fantastique et le monde normal. Du coup, il reste intéressé par l'histoire et par les liens entre Terrenos et la Terre, ainsi que par la méthode de passage d'un monde à l'autre. Là encore, il n'est pas bien sûr de tout suivre. Dans une discussion, les mages expliquent comment ils ont pu sceller le passage entre les 2 mondes, mais dans une autre Sameal explique qu'il s'est régulièrement rendu sur Terrenos depuis la terre pour récupérer toutes les armes dont il pourrait avoir besoin. Les explications présentes dans ce tome ne lèvent pas cette incohérence.


Après 3 tomes exceptionnels, le lecteur est impatient de voir les 2 personnages principaux Mikey & Brennan Rhodes progresser dans leur aventure et jouer à cache-cache avec le destin tout tracé du champion. Il découvre un tome dans lequel Andrei Bressan et Adriano Lucas continuent de faire exister les personnages et les différents lieux avec une grande conviction, et un sens du spectacle aussi solide que leur narration. Il découvre que Joshua Williamson concentre ses efforts sur son intrigue aux dépens de ses personnages, ce qui amoindrit le degré d'implication du lecteur.

Presence
7
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Créée

le 20 janv. 2020

Critique lue 50 fois

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