Les deux tomes de la série de Jirô Taniguchi sont parus en 2015 chez Kana, mais c’est en 2016 que je conclus mon petit parcours dans cet univers.


Après un premier tome passablement attrayant, l'heure est à la conclusion de l'aventure aussi il s'agit de profiter pleinement des chapitres qui s'offrent à nous et des pages couleurs présentes, toujours aussi belles à croquer du regard.


Takéru et le petit groupe qui le suit continuent à se diriger vers le sud, pour rejoindre la capitale, Abyss. Au fur et à mesure de leur avancée, ils se rendent compte d’un phénomène majeur : la 8ème glaciation bat de l’aile. Le climat se réchauffe et, en même temps que les températures montent, la nature se réveille. Comme après une longue hibernation des créatures peu voire pas du tout aperçues jusque-là se signalent, parfois menaçantes pour nos personnages. Surtout la vie végétale sort de son hibernation, avec une activité débordante et, pour tout dire, menaçante ! La forêt ne s’est pas levée du bon pied et elle se met à attaquer les gigas (immenses baleines), les humains… Elle est en colère. Hostile la nature.


Rejoindre le sud est donc d’autant plus urgent pour Takéru et ceux qui l’accompagnent qu’ils sont « poursuivis » par la forêt. Tout l’intérêt de l’intrigue posée par Taniguchi réside dans ce mouvement qui ressemble à une chute de Charybde en Scylla : plus nos personnages avancent vers Abyss plus on réalise qu’en lieu et place d’un refuge accueillant, la capitale pourrait bien être l'autre fossoyeuse des survivants. Parce que l’environnement est dangereux (les survivants sont au sous-sol) et que la Grande Mère, l’unité centrale qui a rendu tant de services par le passé déraille. Elle développe une conscience propre, se prend pour Dieu et se lance dans la fabrication d’une nouvelle race d’humains, plus forts, plus résistants…


Ces humains 2.0 ont un petit nom : Adolf (ça ne s’invente pas). La nouvelle race humaine maîtresse d’Abyss est née ; elle n’a pas l’air bien amicale. Et pour lui faire de la place, Grande Mère se lance dans une opération d’élimination des humains encore en vie. Pas de coexistence possible.


Entre une mère Nature déchaînée et une Grande Mère qui a fondu ses circuits (imprimés) nos survivants doivent se débrouiller pour survivre. Le personnage au centre du récit est bien sûr Takéru qui se met à ressentir certaines choses, à prendre conscience de certaines réalités, aidé en cela par sa rencontre avec le Dieu Bleu/Medishin - qui reste plutôt en retrait. En exagérant un peu, on peut dire que Takéru a le sort des hommes entre ses mains, une sacrée progression étant donné le premier contact que l'on a pu avoir avec lui.


Ce dernier tome est l'occasion d'une prise de conscience du passé, du monde qui est tombé, des relations hommes-Nature qui dominaient et qui ont été en grande partie oubliées... L'illusion de la technologie - représentée par Grande Mère - évoque l'idée que le salut des hommes, leur avenir et place dans le nouvel environnement qui se dessine ne pourra être trouvée qu'avec une meilleure compréhension de la nature, une symbiose et non la volonté de l'asservir.


On l'aura compris, cette série de la fin des années 1980, début 90, n'a pas pris une ride et elle se termine en laissant la porte ouverte : quel avenir attend nos survivants ? Quels mots de conclusion sont présents, laissant suggérer une nouvelle étape à venir. C'est à nous de l'imaginer. Oui, vraiment, cette série et son message n'ont rien perdu de leur actualité.

Anvil
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le 11 févr. 2016

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