Ikki Mandara par Le_bibliophage

Je viens de lire Ikki Mandara de Tezuka, un gros pavé de 500 pages, qu'a tort je n'avais pas lu à sa sortie. On est clairement dans la veine de ses plus beaux chefs d'oeuvres comme L'histoire des trois Adolf ou L'arbre soleil.

Dans ce livre, Tezuka nous raconte les grands troubles politique qui ont agités les sociétés chinoise et Japonaise au début du XX ème siècle. L'histoire débute avec la révolte des Boxer en 1900 en Chine, une révolte populaire contre l'exploitation du pays par les puissances étrangères. Le pays est encore régit par un régime quasi féodale, complètement perverti par la corruption. Ce qui profite à différents pays en pleine expansion économique. Mais ces troubles politiques ne sont pas sans éveiller des tensions au Japon, où la colère de la jeunesse gronde aussi en quête de changement. En choisissant une femme comme personnage principal, Tezuka fait le choix de mettre le rôle de la femme à cette époque, comme un des autres axe de réflexion de son récit.

On ne peut qu’être impressionné par les enjeux que Tezuka donne à son récit. Il y a une trame dense et pourtant jamais son récit ne s'égare. On plonge littéralement dans l'histoire à la découverte d'une tranche d'histoire que personnellement je connaissais peu. Pour lier tous ces éléments, Tezuka fait le choix de lier l'intime au faits historiques. Le fil conducteur de ce manga est une jeune femme, Sanniang, qui va traverser tout les troubles de cette époque. Sa route croisera de nombreuses figures historiques. Pauvre et illettrée, elle est l’ingénue qui questionne pour comprendre le monde qui l'entoure.

Si dans sa construction le récit fonctionne, c'est dans le fond que l'on peut être un peu frustré. Le premier point est que la parution de ce manga à été interrompue, laissant toutes les intrigues ouvertes. Ce qui est bien évidemment très énervant quand on est pris dans l'histoire.
L'autre point sur lequel je suis réticent, c'est la densité du récit. En effet Tezuka veut en raconter beaucoup, voir trop. On peut regretter qu'il n'ai su faire des choix et plus développer certaines trames.
Dans la postface, Tezuka nous explique que le but de ce manga est de raconter la vie de Kita Terujiro, mais ce personnage n'apparait qu'a la page 311. Il est intéressant de donner un contexte, quand on veut raconter la vie d'un homme. Mais là quand même, on frise la démesure avec un tel projet. Cela dit quand c'est fait avec le talent de Tezuka, ce n'est pas réellement un défaut.
D'autant que la narration est hyper fluide et dynamique. Tezuka n'hésitant à insérer quelques touches d'humour et d'absurde, qui sont autant de respirations dans le déroulement de l'histoire.

Si ce manga a beaucoup d'ampleur, on ne peut que déplorer qu'il soit resté inachevé. Malgré ça, nous avons quand même ici un superbe récit que je ne serais que trop vous recommander.