Cette collection de bandes dessinées historiques nous est recommandées, à nous les enseignants d'Histoire-Géographie, êtres d'exception qui devons affronter et désamorcer toutes les polémiques identitaires du monde. C'est le premier ouvrage de ce type que je lis. On trouve à la fin 8 pages pédagogiques sur Soliman, ses conquêtes, sa culture, ses chantiers et sa mort.


Je n'aime pas particulièrement le graphisme : Soliman est peu expressif, tandis que les traits du Shah d'Iran sont outrés pour en faire un méchant d'opérette. L'histoire insiste sur les guerres, si bien qu'une grande partie de l'ouvrage montre des saynettes d'officiers parlant au sultan dans des tentes de campement militaire. On a au fonds peu de détails sur les institutions ottomanes, qui ont permis à cet empire de se pérenniser, et on insiste seulement sur le chef de guerre, le bâtisseur et la cruauté du système de succession ottomane. De même on a pas de référence à des documents d'époque (sauf un poème écrit par Soliman pour déplorer la mort de son épouse). Au mieux, les détails supplémentaires sont relégués dans l'annexe de fin de livre.


C'est dommage, car auparavant il me semble qu'on savait faire de la BD historique qui pouvait aller loin dans la pédagogie intradiégétique. Au final, on reste sur une impression de survol, où l'on a rapidement vu quelques éléments de cadre matériel, mais à peine un avant-goût. Très peu de choses sur la question religieuse, les rapports entre ethnies, etc... On s'attache assez bêtement à un destin individuel, résumé à l'activité guerrière et successorale. On n'a pas de véritable idée des rapports de force internes avec lesquels Soliman devait composer.


Je suis donc assez sévère, d'autant que le graphisme ne m'a pas non plus accroché. On est dans une représentation assez traditionnelle, avec des couleurs et des décors d'arrière-plan assez plats et fades.


Synopsis
On ne commence pas sur la genèse de Soliman, mais on prend son règne in medias res, alors qu'il doit faire assassiner son fils Mustafa, qui l'a critiqué. Soliman est déjà au sommet de sa puissance : après avoir conquis l'Occident jusqu'aux Habsbourgs, il mène la guerre contre le Shah et la dynastie safavide. Il rentre à Istanbul, trouver un maigre réconfort dans les bras de sa première épouse Hürrem. Il rencontre l'architecte Sinan qui fait construire la Sulemaniyeh, seule mosquée d'Istanbul capable de rivaliser avec Sainte-Sophie. Il repart en voyage, apprend la mort d'Hürrem, pour laquelle il prévoit un tombeau commun près de la Sulemaniyeh. Souhaitant préparer sa succession, il doit choisir entre son fils Selim, dévoué et terne, et Bayezid, populaire auprès des janissaires et susceptible de lui faire de l'ombre. Il éloigne Bayezid, qui se révolte. Défait, il se réfugie auprès du Shah, qui monnaie son assassinat. On retrouve Soliman, âgé, qui prie au mausolée d'Eyyub avant de repartir en campagne en Occident. Il essaie de faire bonne figure devant les troupes, reçoit des ambassadeurs de Raguse et d'autres de France, prêts à s'allier contre Charles Quint. Il fait un détour pour punir un prince fêlon, Zrinski, à Pecs. Il assiège la ville, mais meurt. Les officiers cachent sa mort jusqu'au retour à Istanbul pour éviter une sécession de l'armée.


Bref, ça n'est pas très bien. Ce ne sont pourtant pas les jeunes chercheurs amateurs de bande dessinée qui manquent en France.

zardoz6704
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le 30 juin 2020

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