Des Orques, des Elfes, des Ogres et … des chiens de compagnie.


En créant une nouvelle temporalité à la série Donjon avec la sous-série Donjon Antipodes –, Trondheim et Sfar continuent de surprendre leurs lecteurs et démontrent qu’ils savent encore sortir de leur zone de confort, ce qui ne peut être que de bon augure pour tous les fans de cette série. Qui dit nouvelle temporalité dit donc nouvel univers et nouvelle ambiance. Etonnamment, les auteurs ont choisi de placer l’action dans un univers d’héroïc-fantasy archi-classique « à la Tolkien », peuplé d’Orques, d’Elfes, d’Ogres, etc. perpétuellement en guerre. Surprenant quand on s’appelle Donjon et que l’on est réputé pour être une série iconoclaste d’héroïc-fantasy. Comment dès lors se montrer original dans ce genre d’univers mille fois exploité, que ce soit en littérature classique, au cinéma ou en BD ? Il fallait s’appeler Sfar et Trondheim pour avoir la réponse : tout simplement en décrivant cet univers par les yeux … de chiens de compagnie !


Les nouveaux héros de cette nouvelle époque sont donc deux cabots ordinaires (ils n’ont même pas de nom !), aux caractères opposés et aux personnalités bien trempées, ce qui en fait un duo forcément comique. Il y a le gros chien d’Orque agressif, brutal mais dévoué et fidèle à son maître et le frêle chien d’Elfe maniéré, peureux et fidèle surtout à son petit confort ! Les deux clébards, d’abord opposés, vont devoir unir leurs forces (et leurs flairs) à la mort de leurs maîtres respectifs pour survivre dans ce monde où ils ne sont que de simples bêtes au service des êtres bipèdes intelligents.


Si on se doute que les auteurs vont vouloir nous expliquer grâce à Donjon Antipodes – les origines de l’anthropomorphisme sur Terra Amata, le ton est heureusement plus proche de l’habituel humour drôle et décalé propre à la série que d’un traité sur l’évolution des espèces selon Darwin. Ainsi, au milieu des guerres incessantes entre Elfes et Orques, nos deux héros canins ont des préoccupations bien plus terre à terre : faire leur toilette pour avoir le poil luisant, quémander des caresses et des câlins, trouver un nouveau maître … Retrouver ce genre de considération canine au sein d’un univers d’héroïc-fantasy traditionnel crée un décalage très drôle et l’album est au final bien amusant, d’autant que les diverses péripéties s’enchaînent bien. Seul bémol : pour l’instant le lien avec les autres sous-séries Donjon est assez diffus et il y a peu de références aux autres albums.


Si Sfar et Trondheim ont choisi de confier cette nouvelle série à Grégory Panaccione, c’est peut-être à cause de sa réputation dans le milieu de la BD à être un dessinateur qui sait dessiner très vite. L’avantage pour les auteurs (et les lecteurs !) est de pouvoir être assurés d’un rythme de parution rapide (les deux premiers volumes de Donjon Antipodes – sont parus à seulement un an d’intervalle !), ce qui est d’autant plus intéressant avec des auteurs aussi prolifiques que Sfar et Trondheim. L’inconvénient, c’est qu’en contre-partie le dessin manque parfois de soin, apparaissant par instants vite expédié, pour ne pas dire bâclé. Si les expressions canines sont bien rendues, certains décors d’arrière-plan ou personnages secondaires sont juste esquissés et manquent de détails. L’ensemble reste globalement sympathique, mais un poil ( !) plus de soin dans le dessin aurait été appréciable.

_minot_
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le 21 mars 2021

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