Un oiseau qui avait si bien décollé mais a mal atterri...

Peut-être que la vie n'a pas de sens, mais comme disait Camus, « il faut imaginer Sisyphe heureux ». Cette citation est tiré du livre « le mythe de Sisyphe » où l'auteur illustre par une allégorie la vacuité de la vie. Inspiré de la mythologie grecque, il raconte l'histoire de Sisyphe qui a été condamné par Zeus à faire rouler un rocher jusqu'au sommet d'une colline. Cependant, alors que Sisyphe est sur le point d'y parvenir, le rocher retombe, l'obligeant à reprendre tout son labeur depuis le début, éternellement. Tout mythe a un sens caché qu'il faut dénoué de l'histoire. Si le rocher symbolise la vie et le sommet de la colline le but, alors Sisyphe fait tomber le rocher car il n'arrive pas à trouver de sens à sa vie. Néanmoins, c'est le fait même d'essayer, chercher à trouver ce sens et par corollaire peut-être arrivé un jour à amener ce rocher au sommet du mont, qui rend Sisyphe heureux de continuer.


Le dernier chapitre de Shingeki no Kyojin vient à l'instant de paraître, mettant enfin un terme à un récit décennal qui a participé à réveiller le goût du grand public pour la Dark Fantasy.
Il met enfin un point d'honneur à la nébuleuse qui entourait l’œuvre d'Hajime Isayama permettant de déterminer son message profond, qu'il a, avec une relative maestria, fait osciller entre fatalité et espoir. Si la triste issue des aventures de Eren commençait à se dessiner au fur-et-à-mesure de l'avancée progressive des chapitres, l'espoir était encore permis, d'imaginer qu'Isayama prendrait tout le monde à revers, amènerait le dénouement là où personne ne l'attendait et offrirait enfin une fin heureuse méritée à toutes les épreuves que nos héros ont traversé...


L'auteur a emprunté une voie très difficile à accepter, parce que son message s'éloigne terriblement de la conception que nous pourrions attendre d'une telle œuvre.
Il sera fait état dans cette critique strictement du message et des thèmes de SNK, en occultant volontairement tous les autres sens de lectures, qui demandent trop de culture générale pour être analysé de façon complète, et d'espace qu'offre senscrtique pour la rédaction d'une telle description. Je ne prétends pas me substituer à Isayama car aussi pointue que puisse être une analyse, l'auteur est lui seul maître de son œuvre, dont il connaît tous les rouages sur le bout des doigts. Néanmoins, je pense qu'il est possible de faire transparaître le thème principal de l'histoire avec une certaine précision.


Après avoir brièvement encadré l'oeuvre dans son contexte (introduction), nous commencerons par aborder ce qui m'apparaît être le thème central de l’œuvre (I), son message (II), puis de souligner ses quelques inégalités et imperfections. (III).



Introduction : L'univers comme extrapolation de l'histoire du Japon.



Mes connaissances du Japon se limitent strictement aux films, reportages et Shonen que j'ai pu voir dessus. Au fil de ces visionnages sont apparues des récurrences de certains thèmes, messages ou symboliques. Isayama nous livre en filigrane de son histoire épique, des commentaires et pistes de réflexions d'une grande profondeur appuyés par les faits réels desquels il s'est inspiré pour créer le contexte de snk, l'histoire du Japon.


Le Japon a, comme chaque pays, une histoire singulière. Archipel de quatre grandes îles, longtemps cloîtré entre quatre murs durant toute la période Edo où sortir du pays était puni de mort, il vécu jusqu'alors grandement isolé du monde extérieur. Le Shogun, l'armée qui avait le pouvoir à l'époque, l'administrait seul et décrivait le monde extérieur comme dangereux, violent et impur depuis que les missionnaires espagnols et portugais eurent essayé d'apporter le nouveau testament à la paysannerie japonaise.
C'est au milieu du XIXème siècle que les américains vont détruire le mur qui isolait les japonais du reste du monde, par les « navires noirs » (黒船, kurofune) terme péjoratif désignant les navires américains qui accostèrent le port d'Uruga, poussant les japonais à sortir de leur univers moyenâgeux et à entrer dans le « monde moderne ». Ils y découvriront la photographie, les glaces, le café et toutes ces merveilleuses choses que le monde occidental a à leur proposé, mais oublient peu à peu l'histoire millénaire dont ils sont issus et l'héritage de leurs ancêtres qu'ils doivent perpétrer.


Cette ouverture au monde entraîne des cassures au sein du Japon, pays soucieux de son identité.
Ils constitueront l'Axe lors de la Seconde Guerre mondiale aux côtés du troisième Reich et de l'Italie
La Chine sera l'objet des offensives nippones, qui ne cesseront qu'avec les deux bombes atomiques larguées sur Hirosima et Nagasaki par les américains.


Nous célébrerons en août 2021 les 74 ans de ce cataclysme dont beaucoup de japonais n'ont visiblement pas fait le deuil, tant la récurrence de cet événement revient la quasi-totalité de leurs œuvres, accentué par l'injustice objectivement détestable de son traitement. Les nazis, les fascistes et les japonais sont sans cesse ramenés au rang de démons par la doctrine occidentale, alors que les américains et les alliés ayant vaillamment déversé 2 300 tonnes de bombes sur Berlin des semaines entières faisant prêt de 500 000 morts et lancé deux bombes atomiques sur des civils et des enfants faisant 300 000 morts en moins d'une semaine, sont acclamés comme les héros de l'univers ayant délivré le monde de la barbarie.


Peut-être que notre point de vue de vainqueur nous limite dans la compassion que nous pourrions avoir envers les allemands ou les japonais car après tout



c'est eux qui ont commencé la guerre », « leurs ancêtres ont massacré des milliers de personnes », « et ils ont commis des crimes irréparables ».



De même, notre point de vue occidental nous limiterait dans la compréhension que nous pourrions avoir de l'attaque des titans, la solution que proposant Isayama allant à l'encontre même de notre conception du bien et du mal.


Je veux à peine dire que l'histoire du Japon, et ose-je le dire de la seconde guerre mondiale, ait servi de base à la construction du récit d'Isayama, mais c'est surtout les conséquences de cet événements que les thèmes de l'attaque des titans expliquent. Car plus que la victoire ou la défaite de la guerre, selon qu'on se situe dans un camp ou dans un autre, c'est surtout une frontière nette qui a été définitivement franchi dans le monde entier après 1945 : Nous avons basculé d'une époque à une autre. Nous, le monde occidental et oriental, avons en à peine cinquante ans dépassé la paysannerie et l'agriculture, l'époque des bonnes mœurs et des traditions, la pudeur, le sens de la hiérarchie, et même de Dieu, pour le substituer par ce que nous appelons la modernité. Là où 31% des français étaient agriculteurs en 1945, il ne sont plus que 4,8% aujourd'hui. Là où la religion catholique avait un impact prépondérant dans les écoles, elle s'efface de plus en plus de l'horizon français. Nous pourrions dire exactement la même chose du Japon, les reliquats de la féodalités et des traditions disparaissant au profit du Japon moderne que nous connaissons.


Les hommes du bataillon d'exploration seraient des samurai. Se battant avec deux katanas, ils repoussent les étrangers venus de l'extérieur des murs, la laideur du monde extérieur. La religion du mur ainsi que le pouvoir royal en place, craignent ce qui se passe à l'extérieur et ont endoctriné la population en leur expliquant le danger qu'il leur coûterait de s'y aventurer.
L'île du Paradis serait le Japon qui voit son quotidien dévasté lorsque le titan colossal vient pour briser le mur qui les isolait.
Le Shogun, qui pourrait être rapproché de la haute-bourgeoisie ou de la brigade spécial, règne en maître sur cette île de manière très hiérarchique et inégalitaire, comme au temps de la féodalité. C'est le nouvel Empereur de l'ère Meiji, Historia, qui va mettre un terme au pouvoir du Shogun en reprenant la tête du pays, en fondant sa légitimité sur le shinto, akitsumikami, la réincarnation de la Déesse du soleil Amaterasu dans la lignée impériale, qui pourrait être assimilé au titan originel. Chaque Empereur est censé être la réincarnation de la déesse, qui transmet ses pouvoir à la génération future par le biais de divers artefacts, semblable à la famille Fritz qui transmet les pouvoirs du titan originel de générations en générations.


Eren, victime directe de cette attaque, va alors se conforter dans une haine envers les titans, et plus largement du monde extérieur. Il va alors entreprendre un voyage en dehors des murs et prendre conscience que tout n'était que manipulation depuis le début. Le monde extérieur n'est pas celui auquel il a crû, il a évolué pendant que eux sont restés à l'âge de pierre, d'autant plus intéressant que l'ère Meiji a commence en 1866, c'est-à-dire en pleine révolution industrielle anglaise, qui partage beaucoup de ressemblance avec le monde des Mahr : Vêtements (costume-cravate), inventions (découverte de la photographie, du moteur à combustion, de l'aviation), armes à feu, voitures, machine à vapeur, dirigeables, etc...
Les membres du bataillon d'exploration abandonnent progressivement et symboliquement leurs katanas pour des bombes et des fusils, leurs uniforme de samurai pour des vêtements occidentaux, leur thé pour le café (le thé étant la boisson des japonais et le café des américains).
Enfin, après de vaines tentatives de négoces, Eren refuse ce monde et déclenche le grand terrassement, qui pourrait éventuellement se rapprocher de la seconde guerre mondiale
.
Alors il peut être facile de dresser un parallèle entre l'attaque des titans et les années 1930-1945, les échos entre les époques ayant été ramenés suffisamment sur Internet. Néanmoins, c'est davantage les avis tirés de ces observations avec lesquels je suis en désaccord. Je pense qu'Isayama n'essaye pas de faire l'apologie d'un camp ou d'un autre comme j'ai pu le lire quelques fois. Je pense au contraire qu'il s’appuie sur ces faits historiques plus comme contexte, et faire un parallèle avec son message, que réellement pour exprimer son avis sur la résolution de la guerre. Il souhaite nous livrer un point de vue « neutre », comprenons un point de vue qui ne soit ni biaisé par l'avis d'un camp ou de l'autre. Je pense que nous regardons SNK avec des yeux d'occidentaux et c'est peut-être la raison pour laquelle nous ne le comprenons pas. Nous nous efforçons de caser Eren dans un camp : est-il gentil ou méchant ? Comme si la réponse à cette question justifiait d'adhérer ou non à ses idées. Or, c'est bien là le nerf d'écriture de SNK puisque c'est justement avec notre morale qu'Isayama joue. Il va sans dire qu'il cherche à nous rendre complice d'Eren, le plus souvent en se limitant strictement à son point de vue, puis, avec la technique du twist, nous faire comprendre que nous avions tort depuis le début de penser de la sorte car nous n'avions pas en mains tous les éléments qui nous permettent de comprendre.... Mais comprendre quoi ? Comprendre qu'Eren n'est ni gentil ni méchant ou plutôt qu'il est gentil et méchant à la fois. Il est à la fois cet enfant qui a perdu sa mère et cet adulte qui veut faire payer des gens qui n'ont rien fait. Les Marh ne le sont pas davantage. Il y a des Marh gentils et des Mahrs méchants, tout simplement. Et même les Mahrs gentils ou méchants ne sont pas que gentils ou que méchant. Sieg, Reiner, Greisha, tous sont tour-à-tour présentés sous un bon ou mauvais angle avant qu'Isayama retourne la situation en nous dévoilant l'information qui va nous faire changer de point de vue sur le personnage : le passé de ce dernier.


Cette approche très dialectique de l'histoire nous amène ainsi au commencement de cette critique : la relation qu'entretiennent les personnages avec leur passé. Car c'est, à mon sens, là que se concentre la sève de l’œuvre. Une œuvre qui a pour but de dire au combien ce passé nous influence, nous conditionne et nous fait prendre position dans la société. Un passé source de conflits, de réparation, de culpabilité ou de nostalgie, amenant inéluctablement une opposition d'idées puis à une confrontation pour au final aboutir à un constat absurde : l'incapacité de justifier une époque par rapport à une autre.


Isayama fait revenir trois thèmes piliers dans son histoire : Il s'agit de l'héritage, du conflit entre l'ancienne et la nouvelle génération, et de l'acceptation de la part sombre qu'il y a en chacun de nous.



I) Léguer son héritage : La transmission d'une histoire, d'une origine et d'un nom




  • A) La tradition, vecteur de l'identité familial


Traditions et modernités sont deux notions complémentaires mais également en opposition. Hegel parlait d'opposition-renforcement en désignant deux notions dialectiques, dont l'une est l'opposée de l'autre et n'existe que par le biais de cette opposition qui la renforce. La modernité se renforce en s'opposant à l'héritage et l'héritage se renforce en s'opposant à la modernité.


L'héritage est la donation de sens à ses légataire par la transmission du patrimoine. Il implique une hiérarchie (l’aîné, le père, le senpai) qui transmet une origine et une histoire à ses enfants. Contrairement à la modernité qui elle est la quête de l'identité personnelle et d'égalité, en faisant abstraction de ses origines et en détruisant la figure du père, et plus généralement de l'autorité ou de la pyramide hiérarchique, pour s'imposer en tant qu'individu. La modernité porte en elle l'idée de progrès qu'elle oppose au monde ancien, inégalitaire et archaïque, là où le monde ancien porte en lui l'idée de bonnes mœurs et de divin qu'elle oppose au monde pervers et en déshérence moderne.



C'était mieux hier » nostalgie réactionnaire « ce sera mieux demain » progressisme décadent.



La grande question philosophique posée par ce débat est lequel des deux a raison ? Selon la modernité, le monde est en évolution et ne peut qu'aller de l'avant. Dieu est mort et l'homme est jeté dans ce monde de violence sans jamais retourner en arrière. La tradition au contraire est très attachée à l'histoire de ses ancêtres, aux divinités qui se révèlent à nous, et souhaitent garder cette part de mysticisme et de hiérarchie.
C'est à cette grande question qu'Isayama se propose de répondre dans l'attaque des titans.


Tout dans SNK n'est que transmission d'héritage. De la transmission du titan originel entre les différents héritiers de la famille royale, aux rapports qu'entretiennent tous les héros avec leurs parents, aux titans dont la transformation est la conséquence du sang qui coulent dans leurs veines, légué par Ymir, et dont les neuf titans primordiaux se transmettent également de successeurs à successeurs, l'héritage est au cœur même de l’histoire.


Cette interprétation m'est apparue au second visionnage du début de la saison 2, l'épisode où Sasha parle avec son père. Ce dialogue m'apparaissait très forcé parce qu'il intervenait au milieu d'une scène d'action et je ne comprenais pas ce qui faisait sens, jusqu'à ce que Sasha dise



Notre mode de vie, c'est celui que nous ont transmis nos ancêtres, pas un autre. On ne doit rien abandonner à ces étrangers. 



C'est à ce moment que j'ai émis l’hypothèse que Sasha, venant de la forêt et donc du monde ancien, était réticente à voir la modernité arriver dans son monde. Puis, les récurrences de cette thématique revenant dans les dialogues m'ont confortées de plus en plus dans cette interprétation.



Mon père était si volubile... […] et dénigrait allègrement ses origines comme un chien bien dressé.  (Greisha Jaeger).
C'est ainsi que Frieda a hérité de son pouvoir et de la mémoire de notre histoire, comme ils ont été transmis de génération en génération depuis cent ans. (Rhodes Reiss) .
Eren, pardonne-moi […] j'étais vraiment prête à me transformer en titan et à te dévorer. Et ce n'était pas pour le bien de l'humanité. Je ne voulais surtout pas décevoir mon père ». (Historia Reiss).



Tous les dialogues évoqués font tous référence à la même chose, l'idée du père, de l'héritage et plus largement du passé. Shingeki no kyojin met en scène des personnages qui sont liés d'une façon ou d'une autre à leurs origines et cette question est omniprésente, notamment avec la symbolique même des titans. Les titans doivent, pour redevenir humain, ingérer leur aîné qui possèdent un titan primordial pour qu'il puisse transmettre son héritage. Nous pourrions presque dire que les titans sont littéralement en déshérence (déshérence = sans héritiers). Ils dévorent les hommes pour espérer retrouver un patrimoine, une origine et ainsi redevenir humain. Et cette transmission d'héritage est au cœur du pouvoir dans SNK puisque c’est de cette manière que le titan originel se transmet. Nous pourrions même dire qu'il n'est pas innocent qu'Eren dévore son propre père, Greisha, pour récupérer son héritage, celui de son père, symbolisé par sa clef et le titan qu'il lui lègue.


Mais plus largement, c'est tous les rêves ou buts de tous les personnages du manga qui sont en réalité les rêves et les buts de leurs parents. Eren veut venger sa mère car son père lui a dit de le faire « tu dois venger ta mère », Mikasa veut protéger Eren parce qu'elle est une Ackerman, Armin veut voir le monde parce que son grand-père lui en a donné l'envie, Erwin veut savoir ce qu'il y a dans la cave car son père est mort en voulant connaître la vérité, Historia veut le titan originel pour rendre fier son père, Annie veut capturer Eren pour rendre son père heureux, Connie veut sauver sa mère, Sasha sort de sa forêt sous les conseils de son père, Sieg entre dans l'armée pour rendre fier ses parents, Livai apprend le couteau pour rendre Kenny fier et parce qu'il a perdu sa mère, Peak est devenu guerrière pour son père malade, de même que Reiner pour protéger sa mère... Tous les personnages, quasiment, poursuivent les buts et les rêves de leurs parents ou pour leurs parents, sans jamais les remettre en question. Ils sont ni plus ni moins que la continuité de leurs ancêtres, leurs copies conformes, dont ils transmettront l'héritage à leur tour en faisant des enfants... Un peu comme la copie conforme de titans, transmis de génération en génération à des guerriers Mahr. Et la première transmission de cet héritage est le nom.


Notre nom de famille, aussi appelé nom patronymique, est porteur de l’histoire vécue par les nôtres et il est parfois lourd d’impacts sur notre vie. Ce nom, notre nom, recouvre notre réputation, notre image, notre origine familiale, nos réseaux relationnels induits... Il nous donne notre signature et engage notre honneur, et parfois celui de notre famille. Et c'est par ce nom que notre lignée existe à travers nous. Le premier héritage que nos parents nous lèguent, c'est notre nom.


Tous les personnages qui n'ont pas de nom de famille dans Snk ou qui n'ont pas de figure paternel sont des personnages sans buts, qui n'avancent pas car ils ne savent pas d'où ils viennent ni quel est leur but. Livai ne fait que suivre les ordres et obéir. Il comprend qui il est quand il apprend son nom, Ackerman,


De même, Christia, dont le nom et le prénoms ne sont pas les vrais, ne devient importante qu'en redécouvrant son nom de famille, Fritz, lui faisant endosser la responsabilité de son héritage royal, qui doit l'amener sur le trône.


Il est intéressant de comparer Christa et Ymir, qui a elle aussi un faux nom. Ymir est en quête d'identité, de ses origines parce qu'elle ne sait pas d'où elle vient. Son titan basique a la même apparence que son titan mâchoire car elle n'a aucune identité, pas de père ni de mère, pas de famille. Elle ne sait pas qui elle est et elle passe l'histoire à se poser des question sur son identité, son orientation, que finalement elle ne découvrira jamais...


C'est ce même nom de famille qui pousse Sieg et Eren à se voir, liés par un même géniteur, et à accroître l'intimité et la confiance entre les deux personnages.


Enfin, et à titre purement symbolique, Jeager est également l'un des surnoms attribué à une espèce d'oiseau, qu'on nomme en anglais le le Long-tailed Jaeger, oiseau qui a en définitive toujours représenté Eren, avide de liberté et désirant s'envoler un jour, oiseau assimilé en lequel il finit par se transformer à la fin du manga.


Ainsi, le nom de famille relève d'une importance catégorique. Connaître son nom de famille, c'est savoir d'où l'on vient. Mais là où Isayama est terriblement efficace, c'est que ce legs, cette transmission, ne passe pas seulement par le sang, il passe également par les actes que les adultes font et qui inspirent les enfants. Le premier épisode de SNK montre un Eren jeune, se précipitant pour voir le bataillon d'exploration qu'il admire lors du retour de leur dernière mission. C'est cette admiration envers des figures adultes qui le pousse lui-même à devenir soldat, et à inspirer à son tour un autre jeune garçon après l'échec de l'opération capture du titan féminin. Ce que Eren comprend lorsqu'il se lève de la charrette mais se ravise d'engueuler tout le monde à la vue de ce simple garçon pris d'une admiration envers lui, c'est qu'il a repris la succession des hommes qui l'ont inspiré plus tôt, quand il était petit. Eren est passé d'enfant à adulte, d'enfant admirateur à soldat qui inspire à son tour d'autres enfants.


La même chose peut être rapporté avec la petite fille, Luis, que Mikasa sauve pendant l'attaque de Trost. Cette dernière devient également membre du bataillon d'exploration, que l'on retrouve à la saison 4 et qui a rejoint le camp "pro-Jeager". Elle le dit même oralement « depuis ce jour, j'essaye de te ressembler ».
Sasha influence Kaya, la jeune fille dont elle sauve la vie après qu'un titan ait dévoré sa mère, et qui cherche à tout prix à lui ressembler. Erwin qui inspire son courage et sa détermination aux jeunes recrues, Sieg qui récupère les lunette de son mentor qui lui a appris à jouer au baseball.


Cette idée de transmission et d'héritage, ce message est oralement exprimé par le membre de la brigade spéciale qui avait tué le révérant, qu'Hansi et Livai ont torturé :



Notre rôle n'est qu'un roulement perpétuel. Quand l'un de nous l'abandonne, un autre reprend immédiatement sa place.



Ainsi, il n'est pas surprenant que chaque élément déclencheur dans l'attaque des titans trouve sa cause dans le passé, et ce passé n'est rien d'autre que l'ancienne génération qui transmet un héritage à la nouvelle. Mais le danger de cette situation survient lorsque l'ancienne génération prend conscience de l'influence qu'elle a sur la nouvelle, ce qui la pousse parfois à la manipuler. La jeune génération se sent alors responsable et redevable, peut-être à tort.


- B) La culpabilité de l'ancienne génération et l'hésitation de la nouvelle.


Le rapport que chacun d'entre nous entretient avec son passé nous est propre. Deux extrémités peuvent néanmoins être dégagées, ceux qui disent que tout était mieux avant, ce qui produit une tristesse vis-à-vis de l'époque moderne, qu'on appelle la nostalgie, et ceux qui disent que tout était horrible avant et qui produit une névrose et une haine de ses racines ou de ses origines. Dans les deux cas, il y a une production idéalisée du passé, soit à se dire qu'il est horrible soit qu'il est génial... mais objectivement cela dépend. Les nostalgiques ne voient pas toutes les horreurs du passé là où les progressistes ne voient pas sa beauté. Je n'ai pas connu la France des années 60, dont certains de mes aïeux disaient que cette époque était formidable, là où d'autres me disent au combien elle fut pourrie. Or, comme pour le combat entre l'héritage et la modernité, les nostalgiques et les progressistes se renvoient mutuellement une culpabilité mal dirigée. Là où l'effet est terriblement pervers, c'est la tendance à dire que le passé était beau ou horrible grâce ou à cause des choix que nos ancêtres ont fait, ce qui est encore une fois très discutable.
Ainsi, le "monde ancien", par peur de disparaître, culpabilise la nouvelle pour que ces derniers n'avancent jamais, leur montrant systématiquement à quel point leur mode de vie devient immoral, alors que "le monde nouveau", qui a envie de voir l'ancienne génération ou plus largement les idées qui s'y rapportent disparaître, emploie elle aussi des manœuvres pour détruire ses racines.


Nous avons de jeunes personnes, des enfants, dont l'un d'eux Sieg est même appelé « l'enfant prodige », qui doivent à la fois endosser les erreurs de leurs anciens sans jamais se sentir à la hauteur pour prendre leur succession. La jeune génération de SNK parlent d'un passé trop lourd à supporter, d'erreurs qu'ont fait leurs ancêtres et surtout de l'incapacité de succéder à leurs prédécesseurs.


Dans un premier temps, cette opposition apparaît par la tendance de nos héros à porter aux nues des figures du passé qu'ils pensent irremplaçables. Armin et Hansi se disent incapables de succéder à Erwin :



 Moi ? Prendre la place du major ? C'est absolument impossible »



Eren se dit incapable de succéder à son père, qui se dit bon à rien et incapable d'utiliser le pouvoir de l'originel.



Je n'ai rien de spécial. Je suis seulement le fils d'un homme qui l'était.



Mikasa découvre qu'elle est « l'héritière perdue de la dynastie souveraine, l’espoir de la patrie de Heazul » ce qui fait dire à Historia « Nous voilà deux à avoir hérité d'une lourde charge à la naissance » en s'adressant à Mikasa.


La parabole est atteinte avec le personnage de Sieg. Métaphore de la jeunesse japonaise, enfant né dans le monde « nouveau », il cherche constamment à se dépasser pour rendre ses parents fiers. Il essaye à tout prix d'être à la hauteur, devenir le plus fort, tout en devant nier l'histoire officielle pour écouter celle de ses parents. De sorte, une énorme pression pèse sur lui, des responsabilités qu'il est beaucoup trop jeune pour endosser mais qu'il endosse quand même car il n'a pas le choix. Cette profonde honte qu'il ressent l'amène à culpabiliser: culpabiliser car il n'est pas à la hauteur, culpabiliser car son père a honte de lui, culpabiliser pour des choses dont il n'est pas responsable.


Concernant la responsabilité de la nouvelle génération pour des fautes qu'elle n'a pas commise, ce sentiment de se devoir redevable envers eux, et réparer les fautes des anciens, s'exprime essentiellement dans la façon dont la société les culpabilisent. La jeune génération souffre énormément de ces fautes, ce que Berthold exprime à la fin de la saison 2



Ce qu'on a fait est irréparable. Mais le poids de nos crimes était trop lourd à assumer 



Mahr culpabilise, via sa propagande, la jeune génération Eldienne des crimes d'Ymir. Les parents eldiens s'en font le relais, dont le père de Greisha est le meilleur exemple :



Nos aïeux sont d'effroyables criminels […] peu importe que nous soyons directement responsables ou pas.



La plus triste conséquence de cette propagande est Reiner. Enfant ayant reçu le même apprentissage, détester ses racines et ses ancêtres, il réalise en parlant avec la brigade du bataillon d'exploration qu'ils ne sont absolument pas les démons qu'on lui présentait. Face à une terrible contradiction, il développe une schizophrénie, incapable de savoir quel choix faire. Cette double personnalité qu'il utilise pour se protéger mentalement cède peu à peu jusqu'à souhaiter le suicide.


Cette culpabilité peut se trouver à s'exprimer dans les titans. Ils représenteraient alors le poids du passé que les Eldiens veulent oublier, les rappels et les remords de leurs fautes. L'ancienne génération toujours présente en eux, dont le sang coulent dans leur veines, ceux qu'ils détestent et aimeraient voir disparaître mais en sont incapables.


Gabi est un autre exemple des conséquences d'un tel matraquage sur la jeune génération..



Il y a cent ans, vos ancêtres ont commis des crimes irréparables



Cette discussion qu'elle a avec Kaya a pour but d'illustrer encore une fois la culpabilité de Gabi pour des crimes qu'elle n'a pas commis, et plus largement que la population des murs n'a pas commis. Elle se sert pour cela de l'outil de propagande principale, utilisé dans tout le manga et l'animé : l'Histoire.


Isayama a acquis auprès de nous contemporains une réputation de « twister », un auteur se faisant une spécialité des coups de théâtres. Le coup de théâtre est un retournement de situation servant créer la surprise chez le lecteur, lui permettant de comprendre l'histoire sous un œil différent. En effet, il nous fait réalisé qu'une réponse que l'on cherchait désespérément se trouvait en réalité sous nos yeux, depuis le début de l'histoire. Or, pourquoi Isayama fait-il des coups de théâtre ? Pour surprendre, certes mais également pour nous faire changer de point de vue sur l'histoire. Sur la méchanceté des titans, sur les motivations des personnages, sur l'origine du mal.


L'auteur a eu l'intelligence de ne jamais nous montré ce qui s'est « réellement passé » il y a cent ans. Pourquoi ? Parce que le montrer aurait immédiatement gâché l'effet qu'il s'évertue tant à créer : le point de vue ignorant. Personne ne sait ce qui s’est passé il y a cent ans, mais nous le devinons par la façon dont chaque personnage le raconte. Et selon qu'on se trouve dans un camp ou dans l'autre, l'histoire n'a plus le même sens. Les éléments positifs ou négatifs sont appuyés ou éludés. Nous sommes portés d'une narration à une autre sans jamais pouvoir se faire un véritable avis sur la question car la narration du passé est toujours biaisée, toujours issue d'un point de vue ou d'une subjectivité. Ainsi, il est impossible de donner raison à Gabi ou de lui donner tort car nous ne savons pas à quel point les crimes du passé peuvent être horribles. Et ce commentaire est d'autant plus pertinent quand on le compare à notre époque où certaines personnes se servent des mêmes leviers pour culpabiliser des personnes pour les crimes de leurs ancêtres... Parce que le mot crime est lui-même sujet à caution. Selon que l'on gagne une guerre ou qu'on la perd, c'est toujours le camp des vainqueurs qui écrit l'histoire et définit le crime. Les crimes de l'un ne sont pas les crimes de l'autre et inversement. Les camps se rejettent en bloque les crimes mais les Mahr ont gagnés la guerre. Ce sont eux qui ont écrit l'histoire. « Croire l'histoire officiel, c'est croire des assassins sur parole » comme disait Simone Weil



« Ma mère n'a tué personne |...] il y a une raison qu'elle ait souffert autant, sinon ce n'est pas normal ».



Ici, Kaya appuie le sous-entendu de Gabi qui est de trouver une justification à la mort de quelqu'un ou d'un génocide. Parce qu'elles n'ont pas le même point de vue sur l'histoire, parce qu'elles ont appris des histoires différentes. D'où la comparaison avec la Seconde Guerre mondiale : avant même de donner un avis sur la guerre, nous sommes déjà conditionné par l'histoire de notre pays, l'histoire que nous ont appris nos parents et celle qu'on nous apprend à l'école. Nous sommes prêt à accepter un génocide à partir du moment où ce dernier fut nécessaire pour que les vainqueurs puissent remporter la guerre.


Et ce parallèle peut être tissé avec les fans même du manga que nous sommes. Nous avons été conditionné par une histoire, celle de l'auteur, du point de vue de Eren. Nous l'avons suivi tout le long du récit. Nous l'avons vu grandir, évoluer et nous avons vu par quelles épreuves lui et ses amis étaient passés, jusqu'où ils ont dû aller pour protéger ceux qu'ils aiment. Se vouant corps et âme pour hurler leur liberté, donner leurs meilleurs efforts pour la faire éclater aux yeux de tous, malgré le mauvais sort qui s'est abattu sur eux avec la mort de tant d'amis, pour prendre conscience au dernier moment que tout ça n'était qu'une manipulation depuis le début. Quoi qui se passe ensuite, quels que puissent être horribles ses actes, nous avons de la sympathie pour lui car nous le suivons depuis le début. Pourtant, Gabi et Eren sont les mêmes personnes. Ils ont connu les mêmes événements, dirigé leur colère qu'ils croient légitime sur les mêmes personnes. Eren ne vit que par la vengeance exactement comme Gabi, parce qu'ils sont ignorant, parce qu'ils répètent ce qu'on leur a dit, parce qu'ils faut un responsable. Et c'est en ça que le twist d''Isayama prend tout son sens : l'appréciation d'un personnage ou la haine que nous éprouvons envers lui passe par ce que l'auteur a choisi de nous raconter. Isayama oublie volontairement de nous parler de telle chose, pour mieux la révéler ensuite et nous faire prendre conscience à quel point nous sommes manipulables par une histoire.


En c'est en ça qu'il est impossible de dire que les Marh sont gentils où méchants. Le monde des Mahr et le monde Eldien sont exactement les mêmes. Les deux ont leur formes d'inégalité, inégalité aristocratique Eldienne, inégalité racialiste de Mahr, ils ont une histoire officielle qui sert de propagande, propagande sur le monde à l'extérieur des murs et propagande des Marh vis-à-vis des Eldiens, et les deux ont leur pouvoir et leur forme de contrôle sur le peuple.


Mais tous les personnages ne réagissent pas de la même manière face à l'héritage qu'ils reçoivent. Si certains l'acceptent, d'autre le refusent, et d'autre encore le combattent.



II) Le conflit intergénérationnel



SNK traite du passage de l'ancienne génération à la nouvelle génération en soulevant le conflit qui les opposent, la culpabilité de l'ancienne face à l'hésitation de la nouvelle. Il s'exprime lorsque la jeune génération s'oppose frontalement à l'ancienne.


- A) L'opposition entre la jeune et l'ancienne génération


Avant même notre naissance, les nôtres nous intègrent immédiatement dans ce que nous appelons La Famille. Ils nous projettent dans leur histoire, nous imaginent un métier, un positionnement, une qualité de vie… Ils nous équipent parfois de leurs propres valeurs : le bien et le mal, des droits et devoirs et de toutes les dérogations possibles pour parvenir à ses fins. À partir de ce constat, nous pouvons décider, quel que soit notre âge, de ne pas suivre la voie tracée par nos parents et de renier ce nom. Notre rapport au passé s'exprime donc essentiellement par eux.


Historia pour commencer est celle qui la première s'oppose à son père. Elle s'oppose car réalise que ses motivations n'étaient pas les siennes mais celles de sa lignée. Elle veut les rendre fier car trop heureuse d'avoir enfin retrouvé son nom de famille. Cependant, elle réalise que prendre la succession du titan originel en dévorant Eren ne changera rien concernant les titans. Rien n'a été résolu en cent ans parce que les Fritz ont conclu le pacte de non agression. Historia refuse alors de suivre les traces de son père et de sa lignée et décide de faire ses propres choix.


Greisha ensuite. Enfant ne comprenant pas pourquoi il doit se repentir des fautes de ses ancêtres, la mort de sa sœur et la lâcheté de son père à la défendre, lui font réaliser l'injustice viscérale du monde moderne. Mais contrairement à Historia, Greisha s'oppose à son père non pas pour renier ses origines mais aux contraires parce que son père lui les renie. Il devient ainsi le symbole de résistance, ceux qui portent le passé dans leur cœur et veulent retourner au monde des traditions.


Sieg également. Il a reçu une instruction contradictoire entre la loi de la cité et la loi de la famille. Marh le fait culpabiliser des erreurs qu'on commises ses anciens et du poids qui pèse sur ses épaules pour réparer leurs crimes. Sa famille, Greisha, lui dit au contraire que tout ça est faux, qu'il doit honorer la mémoire de ses ancêtres et que l'histoire officielle n'est que mensonge. Là où l'écriture est très ingénieuse, c'est que Sieg prend le chemin exactement inverse de son paternel. Il en veut à ses parents. Il leur en veut de lui avoir transmis cet héritage, il leur en veut de l'avoir trop mis sous pression, et les accuse de l'avoir endoctriné. Pour Sieg, son peuple, les Eldiens, est coupable de ces crimes et doivent payer. Il s'oppose ainsi à son père jusqu'à dire à Eren qu'ils sont « des victimes de ses manipulations ».
Au passage, pour appuyer l'héritage du titan bestial, il porte encore les lunettes de celui qu'il a mangé, appuyant l'idée qu'il continue de vivre en lui, et que Sieg le considère comme son véritable père.


Comme pour la partie précédente, cette opposition jeune génération / ancienne génération, ne se manifeste pas uniquement dans les rapports familiaux mais également dans les rapports politiques. Frock, toute jeune recrue du bataillon, dit clairement que « l'avenir appartient aux recrues ». Cette phrase, il la tire en réalité de son maître à penser, Erwin, qui lors de son dernier discours, a évoquer cette idée de transmission. Le fait que Frock ordonne de molester le sergent instructeur pour prouver l’allégeance des recrues à Eren est lourde de sens. Nous avons la jeune génération qui frappe littéralement une figure du passé, par son âge, et par son ancienneté dans la série puisqu'il apparaît dès l'épisode 3.


Ainsi, selon le message de SNK, nous sommes face à une impasse, une contradiction entre le passé et la modernité. Que faire ? Faut-il suivre Greisha ou Sieg ? Faut-il revenir au passé ou le détruire ? Une morale bien hollywoodienne nous pousserait à choisir l'un ou l'autre, comme s'il était impossible d'embrasser les deux à la fois.


## B) Accepter sa mort, son héritage et son passé ##


Pourquoi transmettons-nous un héritage ? Pourquoi cherchons-nous si activement à nous reproduire ? Et surtout, pourquoi avons-nous cette passion pour le passé ? Parce que nous mourrons. L'homme est fini et ne peut échapper à la mort. Comme le monde ancien fait parti du monde nouveau, la mort fait parti de la vie. Sans mort il n'y a pas d'histoire, pas de transmission, pas d'évolution et pas de vie. Alors nous transmettons notre héritage par les enfants que nous faisons, pour exister à travers eux et que eux existent à travers leur propres enfants, en espérant, vainement mais secrètement, de ne jamais être totalement oublié de ce monde..


Celui qui exprime parfaitement cette idée est bien Erwin, dans un des discours que je trouve être le plus beau qui m'est été donné de voir dans une telle série d'animation :



L'homme ne peut échapper à la mort. Pour autant, la vie est-elle vaine ? [...] Certainement pas. C'est à nous vivant de reprendre le flambeau. Comme le feront nos successeurs quand nous serons morts aussi ».



Cette phrase exprime simplement le message du manga. Nous transmettons à nos successeurs notre histoire, parce que la vie est ainsi faite. Les pouvoirs des titans se transmettent de nouvelle génération à nouvelle génération, exactement comme les anciens membres du bataillon d'exploration laissent peu à peu leur place aux nouveaux membres. C'est pour ça que Livai choisit Armin, parce que c'est à Armin de rependre le relais à présent. Erwin a accepté sa mort, il a vécu, il doit mourir pour que reste son héritage.


Ce constat est également celui que fait Sieg



Nous sommes nés pour mourir. […] Le propre de la vie, c'est la reproduction […] La mort, c'est à ce tourment que la petite voulait échapper ».



Mais Sieg, contrairement à Erwin, ne veut pas accepter sa mort. Il veut détruire les traditions et le monde ancien en stérilisant les Eldiens et de sorte les empêcher de se reproduire et de transmettre leur héritage, celui de Ymir. Nous comprenons mieux ses intentions au chapitre 137 où il explique que la vie n'existe que pour se reproduire, et donc transmettre l'héritage, ce qu'il trouve cruel. Le sens de la vie, naître pour se reproduire et mourir, le désespère parce qu'il veut être plus que ça, simplement un outil au service d'un héritage qu'il doit transmettre. Mais la raison pour laquelle il veut priver les Eldiens de la capacité de se reproduire, c'est aussi qu'il aurait lui-même aimé ne jamais venir au monde, pour ne jamais mourir. Tel Sisyphe, Sieg dévoile sa déception de la vie. Déçu car la vie n'a pas de sens, dessus car l'unique but de la vie est la reproduction. « Tout ce qui vit finit par mourir » dit-il. Mais Armin lui répond, dans la continuité de son successeur dont il transmet l'héritage, Erwin, que la vie n'est pas vaine malgré le fait que l'homme ne puisse échapper à la mort.



Peut-être suis-je né uniquement pour admirer un levé de soleil



Ce que Sieg comprend et accepte.


Les titans sont également des êtres immortels, qui ne peuvent pas mourir, comme Ymir refuse la mort.


Le parcours de Livai est assez démonstratif de ce message. Il est opposé de nombreuses fois à la mort des gens qu'il aime mais n'a jamais su quelle position adopter face à cela. C'est le discours de son oncle, Kenny, qui lui fait prendre conscience de ça. Symboliquement, Kenny transmet à Livai son nom de famille et donc son héritage, également symboliser par le sérum des titans.
Livai fait exactement la même chose avec Erwin. Il refuse de lui donner l'injection car il comprend maintenant. C’est à Armin de prendre la succession de Erwin. Je dois accepter mon héritage, faire le deuil de mes proches, et continuer à avancer. Livai se détache symboliquement du culte qui voue à Erwin, qui était plus ou moins un autre père de substitution. C'est à la nouvelle génération de prendre la relève. Il ne faut pas essayer de faire revenir l'ancienne. Erwin a échoué. Armin n'a aucun successeur. Ce poing, final, qui porte sur son coeur face à tous ses camarades décédé, faisant de lui le dernier représentant des anciens membres du bataillon.


Le retournement final peut paraître surprenant mais il me semble que l'interprétation théorique développer puisse l'expliquer.


Il importe pour cela de comprendre les personnages, non dans leur rôle de protagoniste mais dans le rôle symbolique. Ce symbolisme que représente les personnages est mis en avant dans la dernière discussion entre Eren, Armin et Mikasa. Eren dit à Mikasa et Armin



L’ignorance est ennemi de la liberté [...] Je hais les soumis et les moutons, ceux qui ne sont pas libre ».



Pourquoi ? Car Mikasa et Armin obéissent aveuglément à leur passé.
Armin, après avoir dévoré Berthold, se trouve assailli des émotions et souvenirs de ce dernier, appuyant encore la métaphore du manga, l'héritage de Berthold continue d'exister en Armin. De plus, il est incapable d'accepter la mort d'Erwin, dont il se sent responsable, et le ne se sent pas à la hauteur pour lui succéder, considérant que c'est à lui qu'il aurait fallu faire l'injection.


Concernant Mikasa, elle est un enfant trans-générationnel, née d'une mère orientale issue d'une grande lignée et d'un père occidental Ackerman insensible au pouvoir de l'originel. Étant une Ackerman, elle obéit à son instinct de protection. Donc elle est soumise à Eren à cause de son héritage, le sang des Ackerman. Elle lui voue aussi un culte depuis qu'il lui a sauvé la vie. Elle répète à Armin sur le sujet qu'Eren les aime et cite, à l'appui, tous les moments où il leur a témoigné cet amour. Ce culte qu'elle lui voue vient en réalité des souvenirs qu'elle garde de Eren et qui la poussent également à le protéger, car elle se souvient que des moments heureux passés avec lui, donc de son passé, passé dont elle n'arrive pas à se détacher et qui est destiné à faire un lien avec un autre personnage : Le lecteur du manga.


Mikasa est une métaphore des fans du manga. Elle représente l’admiration que nous, spectateurs avons pour Eren, et dont elle ne remet jamais en cause les actions, parce que nous sommes attachés au souvenir que nous gardons de lui.
Et que dit Eren à Mikasa ? Et donc que dit Eren à nous, fans de la franchise ? « Ignorance est ennemi de la liberté ». Vous n'êtes pas libres parce que vous êtes ignorant. Nous jugeons et apprécions les choses systématiquement sur ce que nous ressentons et puis voyons notre point de vue systématiquement remis en cause quand nous découvrons une information que nous n'avions pas. Gabi, Sieg, Greisha, Mikasa, tous ces personnages sont les mêmes. Ils ont un rapport au passé qui déterminent leurs choix et leurs actions.
Mikasa est soumise à son passé comme tous les autres personnages mais Eren lui s'est émancipé de ce passé. Parce qu'il contrôle le passé, il a cessé d'écouter ce que les anciens disaient, et c'est ce qu'il fait comprendre à Mikasa.
Elle comprend alors qu'elle doit comprendre. Arrêter de vouer un culte aux héros et se poser les questions des motivations. Elle se détache de son écharpe, et donc du symbole qui la lie à Eren, et décide de repartir à zéro. Qui je suis ? Qu'est-ce qui me défini ? Est-ce que je fais les bonnes choses ? Et est-ce que je les fait pour de bonnes raisons ?


Le message d'SNK et d'Isayama n'est pas de nous faire haïr le passé, c'est de laisser le passé en tant que passé. Ce n'était pas pire ou mieux avant, il ne faut pas détruire le passé mais ne pas l'aduler non plus. Voir le passé tel qu'il est, à sa place, dans nos souvenirs. Arrêter de culpabiliser pour les crimes dont nous ne sommes pas responsables, et surtout détacher l'adoration ou la haine du passé et le passé lui-même. Ne pas voir ses parents comme des modèles saints ou d'horribles personnes, mais les voir tels qui sont : des êtres qui ont été enfants comme nous, qui sont autant faillibles que nous, qui ne sont ni gentils ni méchants, et les respecter pour les efforts qu'ils ont fait, surtout pour nous élever, ce dont on prend conscience en faisant nous-mêmes des enfants.
La nostalgie pure amène à la mélancolie et le progressisme pur amène une dépression et une perte d’identité. Moi-même quand je parle de mon enfance, j'ai toujours tendance à mettre en avant le beau, et à relativiser les mauvais épisodes qui me sont arrivés, en les racontant avec humour.
Mais on ne peut pas vivre avec une vision affreuse de son passé.


Pardonner les fautes des anciens, se réconcilier avec ses parents et accepter sa mort permet de se projeter dans l'avenir.


C'est ce que Mikasa comprend, elle garde en elle le souvenir d'Eren tel qu'il existait, symbolisé par l'écharpe et l'arbre au pied duquel elle l'enterre, mais détache ce souvenir de ce qu'il est devenu, un homme vouant sa vie à la destruction. Elle n'est plus le mouton et le suiveur qu'Eren lui reprochait d'être. Elle a maintenant compris qui elle était et pourquoi.


Annie retrouve son père, Falco aussi, Peak, Reiner, la paix est conclue, les parents disent à leurs enfants à quel point ils sont fiers d'eux, chacun se réconcilie avec eux et, dans la métaphore finale, l'oiseau, représentant les membres du bataillon d'exploration, des anges avec des ailes dans le dos, s'envole, tel l'âme des morts regardant leurs descendants depuis le ciel.


Nous ne sommes que ça, des hommes au service de forces qui nous dépassent, et voués à mourir un jour. Alors plutôt que de pleurer sur l'injustice de la vie, d'être né un jour sans l'avoir demandé ou de mourir un jour sans en avoir le choix, accepter et embrasser la mort comme la vie, comprendre que nous sommes venus a monde pour transmettre à notre tour car ces notions sont indissociables et se complètent, est la seule et unique solution pour continuer.
Ymir refuse de mourir et c'est la raison pour laquelle son plan ne réussira jamais ; Car en refusant de mourir elle refuse également de vivre. Tu es né dans ce monde pour te reproduire et mourir. Combattre cette idée te fera souffrir, l'accepter te rendra plus fort.


Cette morale peut paraître nihiliste mais je la trouve très belle. Peut-être que la vie n'a aucun sens, peut-être que notre existence est absurde et qu'il est tout aussi absurde de continuer ou d'avoir l'espoir qu'un jour le sens de la vie se révélera à nous... Mais comme disait Camus:



 Il faut imaginer Sisyphe heureux !




III) Les mauvais points



Je conclurai cette critique en abordant les mauvais points car si le message d'Isayama est beau, les moyens qu'il a utilisé pour y parvenir sont assez bancals.


Le premier et saillant problème de l'attaque des titans se dessine par la partie précédente : L'histoire est complètement farfelue. Tous ces éléments sont tirés par les cheveux et s’approprient entièrement le récit. Là où je préfère que le message reste accessoire par rapport à l'histoire, dans SNK il devient son moteur au point d'en affecter sa cohérence. Des détails dont l'importance devrait être considérée comme tertiaires deviennent des éléments indispensables pour comprendre l'histoire.


Le problème est à peine que l'attaque des titans ait tant dévié de sa base, à savoir qu'est-ce qu'il y a dans la cave d'Eren, qui sont les titans et pourquoi nous sommes les derniers survivants de l'humanité ; mais résulte surtout dans l’inextricable raisonnement d'Isayama pour justifier le changement de registre de l’œuvre. A quel moment un manga traitant de la fin du monde et de monstres géants mangeur d'homme devient une métaphore de l'héritage et se transforme en complot politique ? Quel intérêt de commencer le manga qui avait pour but de découvrir comment l'humanité avait été éradiquée pour au final n'en faire qu'un mensonge, voire un simple détail, utilisé pour manipuler les Eldiens ? Lorsqu'on assiste aux péripéties des héros lors de la première saison, comment croire une seule seconde qu'ils aient pu inventer l'équipement tridimensionnel, constitué une religion, une hiérarchie, des structures commerciales et économiques en à peine cent ans ? Isayama essaie tellement de nous duper, de forcer à adhérer à une réalité pour nous tromper avec ses révélations, qu'il ne s'interroge même plus sur le fait de ce qu'il raconte a du sens ou pas. Il est normal de ne pas expliquer l'origine de chaque technologie dans les films, on s'en sert et c'est tout. Mais cela ne marche que dans le cas où l'univers développé est réellement ce qu'il prétend être.


Le titan, créature qui selon la narration d'Armin semblait exister depuis des centaines d'années, apparu sur terre comme châtiment divin pour éradiquer les hommes, quasiment immortel avec son pouvoir de régénération avancée, a été en réalité créé par une fillette esclave et utilisé comme arme biologique par les ennemis de l'île du paradis ? Cette construction est absurde et décevante. Elle relègue le titan censé être la créature la plus dangereuse qui soit à une simple péripétie. Le bataillon d'exploration peine à tuer un ou deux titans au début du manga et en quatre ans à peine ils arrivent à exterminer TOUS les titans de l'île du paradis ? Pas juste les titans du mur Maria, non tous les titans de toute l'île là où en cent ans ils n'avaient jamais réussi. L'importance croissante donnée à la politique montre clairement qu'Isayama a forcé son récit a devenir autre chose que ce qui était prévu à la base.


Le message dénature la cohérence de l'histoire


Il pourra être rétorqué que dénoncer les choix d'Isayama concernant le changement de ton de l’œuvre c'est faire peu de cas de son message : L'ignorance. Eren s'était imaginé une aventure épique aux paysages insoupçonnables et est finalement déçu d'apprendre la vérité à leur sujet, ce qu'il dit lui-même «  j'ai été déçu d'apprendre qu'il y avait eu des survivants au-delà des murs ». Comme nous, audience du manga, sommes déçus par la nouvelle orientation de l'histoire que nous avions imaginée être une aventure épique sur thème de Dark Fantasy... Et en fait non. En dépit de ce que je reproche à Isayama, d'avoir mal fait plus que d'avoir fait, ses intentions sont surtout cruelles.
Le début de SNK reprenait exactement les mêmes codes de tous les shonen : un jeune garçon rêvant du monde extérieur, qui n'a aucune compétence particulière mais a tant de volonté et de persévérance qu'il devient unique, et qui est poussé à l'aventure suite à un événement traumatisant avant que ce dernier ait crié oralement ses motivations : « je tuerais les titans jusqu'au derniers ». Par quelle malhonnêteté Isayama peut reprocher à son public d'avoir crû en une histoire alors qu'il n'y avait absolument aucun indice pour nous laisser présumer le contraire ?
Tout dans SNK criait shonen. La cave d'Eren était clairement un enjeu, pas une péripétie. Elle devait enfermer une arme spéciale ou une carte menant au repère des titans ou une ancienne civilisation, pas une photographie qui nous apprenait que l'humanité avait survécu. Si Isayama détruit le mythe entourant le titan, et par la même la fin de son manga, pour nous faire payer (nous fans d'SNK), d'avoir été déçus par le changement d'orientation de l'histoire, comme Eren a été déçu d'apprendre qu'il y avait des humains par delà la mer, c'est stupide !


Encore une fois, si c'est une critique d'Isayama, « vous êtes ignorant, vous êtes manipulable, vous avez crû en mon mensonge », c'est là encore idiot. Un message doit toujours rester secondaire, c'est du bonus qui satisfait les lecteurs les plus acharnés pour découvrir le sens caché. Ça ne doit pas être un acquis nécessaire pour comprendre les motivations des personnages. Que le message complète l’œuvre, oui, mais que le message empiète ou, pire, remplace la cohérence du récit, non.
D'où le problème principal : la nécessité d'analyser l’œuvre dans le sens symbolique, et non narratif pour pouvoir comprendre les motivations et réactions des personnages. Eren ne s'est jamais posé la question de s'il était libre ou esclave, il veut juste tuer les titans, ce qui devrait être la seule chose à préoccuper mon esprit quand je regarde un manga appelé l'attaque des titans. NOUS, lecteurs, nous pouvons faire le rapprochement entre l'héritage et les titans, parce que la narration d'Armin nous invite à le faire ; mais les personnages, eux, ne se posent pas la question d'être libre ou non, ils veulent juste survivre. La réaction d'Eren à la fin, vouloir déclencher le grand terrassement, fait sens quand on comprend le message mais uniquement si on part du principe qu'il y a un message. Choisir de faire prévaloir la cohérence du message au détriment de la cohérence de l'histoire amène nécessairement à rendre le message tout aussi incohérent, l'auteur se prenant les pieds dans ses métaphores.


Car annoncer une révélation plus tôt par des indices ou des détails, faire des coups de théâtre, faire des retournements, ce n'est pas une prouesse en soi, c'est le travail de base d'un scénariste à l'accomplir. J’avoue ne pas comprendre comment tant de personnes puissent s'extasier devant ses twists alors qu'il ne sont que l'attestation du travail le plus basique : C'est normal de travailler ses twists dans une histoire ! Il n'a rien révolutionné dans ce domaine, ça a déjà été fait et mieux fait. C'est ce qu'on attend de lui de base de faire une histoire construite et cohérente. Tous les shonen doivent le faire. Code Geass le fait, Death Note le fait, Evagelion. Dans une époque où les œuvres de fictions sont de plus en plus mal écrites, on s'empresse de porter aux nues l’œuvre la moins mauvaise, mais Isayama est loin d'être le génie créatif qui nous est tant présenté.


La faiblesse d'écriture d'Isayama s'avère par ses pirouettes scénaristiques, parfois excusables, parfois impardonnables : le liquide cérébro-spinal et le titan originel.
Le titan originel ou le Deus Ex Machina de comment écrire ton scénario à convenance sans te préoccuper de la cohérence. Ce titan existe depuis des centaines d'années et il sert à : faire perdre la mémoire aux eldiens pour réécrire l'histoire, voyager dans le temps pour changer les actions des personnages, contrôler les titans à distance par son cri même sans en avoir conscience, créer des titans primordiaux à ta guise, créer des titans de cinquante mètres qui vont pouvoir se rigidifier pour ériger des murs impénétrables, déclencher le grand terrassement, et il est aussi censé pouvoir rappeler à la vie ceux qui ont été changé en titan. Le titan originel ne répond pas à Eren parce qu'Eren n'est pas un descendant de la famille royale... Mais il s'agit surtout là d'une excuse scénaristique car le titan originel est complètement cheaté ! Si Eren avait pu contrôler le titan dès le début, fin de l'histoire, ça ne laisserait plus aucune chance à personne.


C'est pour ça que le public a été réticent à accepter le changement de ton, c'est pas parce qu'il est ignorant, c'est parce que les réponses qu'apporte Isayama sont complètement absurdes, tirées par les cheveux et incroyablement forcées. Comment imaginer un seul instant que la famille Fritz ait pu être en difficulté une seule fois face aux Mahr avec ce pouvoir ? Pourquoi s'isoler sur l'île du Paradis alors qu'ils pourraient anéantir le monde ? Ils le font car c'est nécessaire aux besoins du scénario et au message de l'auteur.
Les hasards quasi prophétiques deviennent de véritables successions de miracles, surtout quand elles sont alignées bout-à-bout. Eren déclenche le grand terrassement car il a reçu le pouvoir du titan originel par son père, pouvoir qui s'est réveillé en touchant « le titan souriant » qu'il a recroisé par hasard quand Reiner l'a enlevé, titan qui est en réalité sa belle-mère et qui est le même titan qui a par hasard dévoré sa véritable mère sous ses yeux, parce que comme par hasard c'est exactement le moment où Reiner et Bertolt ont choisi de défoncer les murs Shingeshina et Maria, ce qui a poussé Greisha à prendre le titan originel des mains des Fritz pour le transmettre à son fils qui par hasard n'a pas reçu les souvenirs de son père alors que systématiquement les souvenirs reviennent à l'héritier du titan, mais comme par hasard Eren retrouve les souvenirs de son père à la fin de la saison 3 soit 4 ans plus tard, comme par hasard juste après être descendu dans la cave où on apprend en même temps la vérité sur l'extérieur des murs... Mais parce qu'en faite il avait le pouvoir de contrôler le passé, ce qui lui a permis d'arranger les événements à sa convenance !



CONCLUSION



Je ne pense pas que SNK soit un mauvais animé, mais je le trouve loin d'être le chef-d'oeuvre qu'on lui prête. Je trouve les retournements basiques au mieux, absurdes quand ont les lient entre eux, mais j'avoue être sublimé par son message que je trouve d'une grande profondeur. L'acceptation de la mort, la confusion entre le bien et le mal, et surtout la dévotion à une cause t parvenir à se pardonner, à trouver en nous la confiance et la force pour continuer à vivre, sont des tous des thèmes qui me parlent.
Au final, je pense qu'Isayama a été pris de court par le succès de son manga, dot j'attends avec impatience la prochaine saison.

VictorMarin
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le 9 avr. 2021

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AS Dupoker

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