"Toute la rage de l'humanité incarnée dans ce Titan"

Shingeki no Kyojin, littéralement: "l'avancée des géants", est un manga de type shonen/seinen, de Hajime ISAYAMA qui commença à paraître au Japon dès 2009, et en France depuis cette année chez Pika, où 3 volumes sont sortis.
Le manga, auréolé du Prix Manga Kodensha de 2011, est un des gros succès éditorial au Japon (20 Millions d'exemplaires), et sa réception plutôt positive en Occident laisse présager du mieux.
En France, les trois premiers volumes son d'ailleurs dans le top 15 des ventes.
Il s'est vu décliné en une série TV d'une grande qualité visuelle, depuis cette année, ce qui a grandement contribué à l'élargissement de son lectorat.

Ce manga propose un pitch plutôt classique, mais efficace.
Sur une Terre semblable à la notre et dans un espace socio-économico-technologique de fin de moyen-âge, une apocalypse toute particulière va quasiment éradiquer l'humanité: Les Titans!
Des créatures anthropomorphes mesurant entre 3 et 15 mètres, douées d'une force physique et d'une endurance hors normes, vraisemblablement immortelles et dépourvues d'une quelconque lueur d'intelligence, apparaissent soudainement et transforment l'humanité en proie exclusive, les dévorant goulument.
Réduite à peau de chagrin, les quelques survivants vont ériger trois enceintes rondes dont les murs mesurent plus de 50 mètres de haut, les mettant à l'abri de ces terrifiants anthropophages.
La paix et la sauvegarde de l'espèce humaine était assurée… mais une paix de prisonnier et une paix relative, car 100 ans après un Titan de 60 mètres de haut va défoncer un pan du Mur Maria et permette à nouveau aux géants de déferler sur le dernier refuge des hommes.
C'est dans ce contexte que nous faisons connaissance avec Eren Jager, sa sœur adoptive Mikasa Ackerman, et leur ami Armin Arelt, qui assistent terrifiés et impuissants à une nouvelle ère de domination de l'homme, et surtout à la mort de la mère d'Eren, dévorée vivante sous leurs yeux.
Jurant de se venger et de ne pas plier face aux Titans, les trois jeunes vont s'engager dans la seule voie possible de riposte, le seul moyen développé par l'ingénierie humaine pour tenter de se défendre: les brigades d'exploration, élites des soldats de l'humanité, dont l'équipement de Tridimensionnalité est l'unique arme capable de tuer un Titan en touchant leur seul point faible, un rectangle de chair au bas de la nuque.

Si le manga est pour le moment une œuvre intéressante (et pour moi jouissive), l'ensemble reste plutôt archétypal, à l'image du genre shonen nekketsu lui-même, qui par essence développe et utilise toujours les mêmes ficelles et mécanismes narratifs, héros orphelin à la destinée mystérieuse, seconds couteaux à la psychologie bien définie et caricaturale: le rival, le chétif intelligent, le costaud au grand cœur, la fofolle, la solitaire, etc…
Et ce n'est pas non plus par le dessin que vous serez bluffé. Il s'agit là d'une quasi première grande œuvre, et les nombreuses erreurs de proportions, les perspectives foireuses, ou tout simplement des dessins parfois simplement ratés viendront par moment vous bruler la rétine, même si en trois volumes on note une légère amélioration.

Par contre l'univers original, lorgnant vers la Dark Fantasy, l’oppression permanente et l’impression d’urgence et de désespoir (générée par une mise en page très dynamique et une action frénétique), ainsi qu’une certaine violence crue et brutale, rendent l'ensemble bien plus mature et sort du simple cadre de la quête d’un héros. On s’attache au destin des hommes et femmes, dernière ligne de défense de l’humanité mais aussi chair à pâtés pour Titan, on veut voir s’ils vont enfin inverser ce triste destin, et permettre la première riposte.
Si l'auteur utilise la violence, et même le gore, ce n'est pas comme une mécanique systématique, il fait juste ce qu'il faut pour bien souligner la différence de rapport de force, ainsi que le côté vain de la lutte, alors faut-il se résigner ou se battre ?
La sensation de peur et d’oppression vient elle des Titans. Les Titans, ces Gigantesques créatures au visage grotesque, parfois souriant, carnassier, démoniaque ou simplement abruti, qui se repaissent sans émotions ni intelligence de l'humanité sont le véritable élément peur et violence.
Il se dégage de ce manga un peu la même ambiance, les mêmes frissons que dans la thématique du zombie, des créatures sans autre but que de dévorer l’homme, ce qui nous renvoie à nos peurs ataviques, héritages de l’époque ou nous étions essentiellement des proies pour un grand nombre de prédateurs.

Ces thématiques font de ce manga une œuvre plutôt adulte, divertissante et intrigante, créant une réelle empathie avec ces quelques hommes et femmes qui tentent de conjurer le sort, de se créer un destin ainsi qu’au reste de l’humanité.
Je vous conseille très fortement le dessin-animé, disponible sur le site Wakanim, en streaming gratuit, et légal.