Sur la série en général:


J'ai découvert récemment la série de BD uchroniques "Jour J": saga réecrivant au fil de ses ouvrages différents passages de l'histoire (l'alunissage, octobre rouge, la prise des tuileries, la première et seconde guerre mondiale, etc..). Si un tel concept a tout pour me séduire la forme de la série me dérange sur certains aspects.


Les passages de l'histoire réécrits sont bien choisis, et formeraient un parfait début pour un futur alternatif mais le format de la série, un album (parfois deux) par "univers" est beaucoup trop court. En effet dur de situer le contexte historique initial, introduire l'élément entraînant la divergence avec l'histoire telle qu'on l'a connaît puis développer le nouvel univers créé en un seul album. D'autant plus qu' l'univers résultant de la divergence avec l'histoire diffère souvent grandement de l'original et nécessite beaucoup d'explications sur les tournants pris. Ex: "Vive l'empereur !", le tome 7 de la série, où l'Empire Français, au début du 20è siècle, est à la pointe de la technologie grâce à l'énergie électrique (bien que pour le coup, cet album, un de mes préférés, est assez bien ficelé).


De plus les explications concernant le contexte historique initial et la "divergence" ont souvent lieu par rappel lors d'une émission radio, d'une discussion entre deux protagonistes, je trouve que ce rappel des faits en cours de récit est souvent un peu rapide et ne sonne pas naturel du tout dans le déroulement de l'histoire. Il serait peut être plus simple et complet de faire précéder chaque album par un prologue "historique".


Le second gros point qui me dérange est la survenance de figures historiques plus ou moins célèbres qui apparaissent à tort et à travers dans les albums. Je m'explique, bien que les albums détournent en quelque sorte l'histoire, cette histoire détournée voit tout de même surgir des célébrités historiques au détour de l'intrigue, souvent, à mon sens, de manière non pertinente. Ainsi dans l'album "Opération Charlemagne" Simone de Beauvoir est chargée de la propagande pour Omega, une sorte de régime Vichyste, de même Napoléon dans "La nuit des tuileries" est un mercenaire à la solde des autrichiens et Vidocq un espion au service de Danton. Les rôles joués par ces personnages sont (parfois) inspirés de leur histoire réel mais cela relève plus du clin d’œil que d'une réelle utilité au service de l'univers de l'album. La somme de ces caméos rend le tout assez peu crédible ou grotesque, bien sûr cela varie selon les albums, assez inégaux entre eux. La cohérence d'une uchronie, relèverait pour moi plutôt de la solidité de l'histoire créée, de la logique entre l'enchaînement des événements, parfois un peu légère que par la légitimation à travers de grandes figures historiques.


Sur l'album "l'imagination au pouvoir" :


Comme je l'ai dit précédemment, les albums de cette prolixe saga sont assez inégaux entre eux. Parmi ceux que je n'ai vraiment pas aimé, il y a le trop plat "la république des esclaves" et également "l'imagination au pouvoir", qui semble par ailleurs avoir été relativement bien apprécié.


Alors certes le contexte des années 70 est intéressant à traiter et riche en événement (guerre d’Algérie, mai 68, fin des années de Gaulle..) mais je ne me suis pas retrouvé dans la façon dont cela a été fait.
Le mouvement de l'imagination au pouvoir, Daniel Cohn Bendit en tête, qui promeut les valeurs de mai 1968 - et ce jusque dans l'architecture, à travers la construction de bâtiments mi odyssée de l'espace, mi village des schtroumpfs- est super caricatural. Les journalistes et membres du gouvernement parlent et sont habillés façon woodstock, c'est un peu gros.
Après l'opposition entre ce mouvement et les jeux politiques plus sombres sous-jacent est plutôt intéressant, mais le décor planté est tel que j'ai pas trop réussi à me mettre das la BD. Quand ils ont fait apparaître Jacques Chirac j'ai su que c'était fini pour moi.


En somme l'album et la saga en général présentent un concept assez intéressant mais manquent un peu de solidité dans la création de leurs univers. Après c'est personnel j'aime bien les uchronies mais préfère celles qui sont plus sobres et où chaque divergence avec l'histoire originale est expliquée/a une raison bien précise, je conviens que cela est assez dur à faire en une BD, mais c'est faisable en plusieurs albums.

vincentvega88
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le 15 janv. 2018

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