Henry Wade Johnson sort de prison aujourd’hui. Personne ne sait qu’il est un paranormal, un mutant invulnérable à la force surhumaine. Ex-malfrat, il est déterminé à se ranger. Mais ses anciens acolytes ainsi que des flics sans scrupules en ont décidé autrement.
Cette critique couvre les 3 tomes.
Paranormal porte très mal son titre. Cette bande dessinée n’a rien à voir avec la parapsychologie ou le surnaturel, mais tout à voir avec des mutants et les superpouvoirs. Dan Christensen aime les polars et les films noirs, mais ne vous fiez pas à son trait vieillot. L’histoire est moderne et sacrément prenante.
Graphiquement, les cases sont à peine colorées, comme si les couleurs hésitaient à s’imposer dans ce polar. Le trait si tranché de Dan Christensen se délecte plutôt d’aplats noirs qui recouvre la majeure partie des cases, ne serait-ce que pour faire du contraste. Les mouvements sont parfois grotesques comme dans Blake et Mortimer, mais l’histoire, elle ne prête pas à rire.
Comme dans les films dont il s’inspire, Paranormal conte l’histoire d’un type pas bien méchant qui se retrouve aux prises avec de vrais enfoirés. Où qu’il se tourne, il est confronté à de véritables salauds, même si on comprend également leurs motivations. Le cynisme désabusé de cette ordure de Rat face est parfaitement compréhensible lorsqu’on comprend sa vie. Comme souvent dans ce genre d’histoire, les monstres ne sont pas les mutants, mais bien les humains qui les manipulent. D’ailleurs l’agent du FBI est également un paranormal… Toutefois, la chute est un peu expédiée
avec le deus ex machina du Silencieux ainsi que son attachement pour le héros qui semble sortir d’un chapeau.
Par ailleurs, la révélation de la dernière page du dernier tome invite à une suite qui n’arrivera malheureusement jamais et c’est dommage.
Henry est en cavale, apparemment en couple avec le Silencieux alors sa femme est toujours vivante et enceinte.
Cela ressemble à un auteur qui expédie la fin de son histoire parce qu’il faut bien terminer, mais je suppose que dans un monde idéal, Dan Christensen aurait préféré faire 5 ou 6 tomes. C’est dommage, moi aussi j’aurai apprécié…
Paranormal est une excellente bande dessinée policière utilisant intelligemment les superhéros dans jamais tomber dans la démesure. Son trait peut paraître rébarbatif, mais correspond finalement à cette ambiance vieillotte. Même si on n’est pas fan du genre, l’histoire est tellement prenante qu’on s’y abîme avec délice.