Oeuvre majeure de la bande dessinée française, elle est - avec Le grand pouvoir du Chinkel et Légendes des contrées oubliées - l'un des piliers fondateurs de l'heroic fantasy dans le 9ème art. Loisel et Letendre s'émancipent complètement des lignes directrices qu'avaient tracées Tolkien en s'inspirant de la mythologie celtique, et renouvellent ainsi le genre et créant un univers mystérieux peuplé de créatures fantastiques aux traits neufs et fantaisistes, théâtre d'une quête rythmée au scénario original et sans failles, et dont les protagonistes sont profondément charismatiques, touchants, et pleins d'humour.

L'un des charmes de cette histoire tient au fait qu'elle n'est située ni dans le temps, ni dans l'espace: le lecteur ne sait presque rien d'Akbar, le pays dans lequel évolue le quatro chargé de trouver l'oiseau du temps sinon qu'il est composé de 7 marches aux décors improbables et enchanteurs, chacune administrée et dirigée par un prince sorcier aux pouvoirs opaques, et peuplée d'une race humanoïde à l’apparence et aux coutumes singulière. Peu de choses sont dévoilées sur les relations entre ces peuples, certaines tradition et une part de savoir semble s'être perdu, l'histoire avoir été en partie oubliée, comme un parfum subtil de décadence - dont personne ne prend encore conscience - annonçant la libération de Ramor, le dieu maudit.

Ces contours abstraits, éclairés furtivement par certains personnages au fur et à mesure de leur avancée, nous mettent sur un pied d'égalité avec Pélisse et le chevalier masqué qui, jeunes et naifs, ne savent rien du monde dans lequel ils évoluent, et avancent à l'instinct, avec fougue et jeunesse, gardant leurs objectifs en tête et fonçant souvent dans le tas ! On a ainsi l'impression de les suivre et d'être guidé et parternisé avec eux par le vieux et preux Bragon, chevalier aguerri qui - quand il met son orgueil et ses tripes de côté - parvient à s'assagir et rattrape un peu les conneries du groupe. Un peu comme une bande de jeunes en voyage qu'un vieux hippie essayerait de raisonner mais qui se laisserait parfois dépasser par son caractère et qui se rallierait à leur fureur de vivre !

Quant au reste : des dessins et des couleurs qui - personnellement - ont enchanté mon enfance, et un scénario extrêmement bien ficelé pour une histoire en 4 tomes qui se suffisent presque à eux même. On est pas dans le découpage à l'arrache laissant le lecteur sur sa faim afin de mieux vendre les tomes suivant mais dans le séquençage intelligent pensé en accord avec le scénario qui sait vous garder en haleine.
messyjack
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le 2 nov. 2012

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messyjack

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