La première fois que j’ai lu Inio Asano (à la sortie du Quartier de la lumière), j’ai immédiatement été frappé par son style particulier à contre-courant de la production de l’époque. Inio parle de la vie et souvent aussi de la tragédie qui fait de violentes irruptions dans le quotidien de ses personnages. Il parle de la vie, de l’amour, du mal-être, de la peur de vieillir, de l’innocence de l’enfance ou de l’égoïsme. Sans doute de tout ce qui est présent en lui et qui a amené à faire de lui ce qu’il est. Ce qui transpire de sa personnalité dans ses œuvres son des sentiments de doute, de peur d’être blessé et d’autodestruction. Du moins, c’est ce que JE perçois. Et quand je m’apprête à lire du Asano c’est ce que je m’attends à y trouver. Et c’est aussi pour ça que j’ai toujours répondu présent à chacun de ses mangas parus en France.


Dès les premières secondes passées avec La fille de la plage, on y est. On reconnaît l’auteur de Bonne Nuit Punpun. Une histoire très simple, assez pour qu’on s’identifie à l’une ou l’autre des situations que l’on va y découvrir ou un personnage qui y sera dépeint. Et c’est l’un des gros points fort d’Asano. C’est universel.


Koume est une jeune fille au cœur brisé. Elle s’est rendu compte que le beau gosse qu’elle idolâtrait est un coureur de nanas. Et qu’il ne veut surtout pas qu’elle parle de leur aventure aux autres. Elle est aussi dégoûtée par les autres justement. Leur attitude. Elle ne veut pas se forcer à être ce qu’elle n’est pas pour être acceptée. Elle en a vraiment marre de tout. La vie c’est pourri.


Isobe lui est amoureux de Koume depuis la 5ème. Il est plutôt gentil, donc Koume se dit qu’elle va coucher avec lui. Elle est sûre qu’il ne la rejettera pas lui au moins. Et puis elle a envie de se défouler un peu, de se vider la tête. Oui, Isobe essayera quand même de la convaincre de sortir avec lui, mais elle n’a pas la tête à ça. Entre eux, ce sera juste pour le sexe.


Seulement voilà, Isobe est brisé lui aussi. Son frère est décédé et il est le seul de sa famille à savoir qu’il s’agissait d’un suicide. Il partageait sa chambre avec ce dernier et il culpabilise de ne pas s’être rendu compte de son malaise avant qu’il ne soit trop tard.
Il se contente de la relation qu’il a avec Koume, au moins elle est près de lui et c’est tout ce qui lui importe.


Sans rentrer dans les détails, ce non-couple va donc vivre ses aventures dans cette petite ville du bord de mer avec tout ce que le malaise de l’adolescence peut contenir d’exploration des corps et d’autodestruction. Puis un jour, pendant une de leurs escapades sur la plage, Isobe va trouver une carte mémoire. Tiens ! Pourquoi pas. Ce moment est montré très discrètement dans le manga, presque en arrière-plan. Mais il va s’agir pourtant du tournant de l’histoire.
Par une suite de petits événements, la fameuse carte mémoire va se retrouver dans les mains de Koume. Celle-ci découvrira qu’elle contient quelques photos de son ancienne propriétaire, une jeune femme tout à fait charmante. Isobe va carrément flasher sur la belle inconnue. Il va jusqu’à développer une certaine obsession pour elle. Quant à Koume, sa jalousie va peu à peu grandir et tout ce qui faisait « l’équilibre » de leur relation va s’écrouler. Elle va se rendre compte de ses sentiments pour lui tandis que de son côté, il s’enferme de plus en plus dans sa solitude et va agir de plus en plus dangereusement. Son âme est à la recherche d’une certaine rédemption.
Et c’est pendant un tsunami que tout sera balayé, lavé, dissous.


Je reste volontairement assez vague sur la suite de l’histoire et sur sa conclusion. Chacun y trouvera ce qu’il voudra. Mais force est de constater que La fille de la plage n’est peut-être pas aussi sombre, ambitieuse ou profonde que peut l’être Bonne nuit Punpun, mais si je l’ai comparé en début de cet article à ce dernier c’est bien plus pour l’opposer à ce que peut être Solanin, par exemple, qui est bien plus joyeux dans sa conclusion. Disons donc qu’il se situe quelque part entre les deux. Asano dessinait La fille de la plage en parallèle de Punpun et je le voit un peu comme un moment de respiration que devait sans doute prendre l’auteur pour se sortir de temps en temps de l’abîme de noirceur qu’est son manga au garçon canard.


Pour conclure, est-ce que je conseille La fille de la plage ? Bien entendu. Mais je ne le conseillerai sans doute pas comme entrée en matière dans l’univers d’Asano. De toute façon quand on est fan, on ne peut que donner lui donner sa chance.


(Mention spéciale pour les passages qui parlent de la chanson Kaze wo atsumete du groupe happy end <3)

Maxsumoto
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le 8 juil. 2015

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