Avant-propos : Je disais dans ma critique consacrée à DC Univers Rebirth, que le travail éditorial d'Urban Comics laisse parfois - souvent - à désirer. Mais, au fond de moi, subsistait l'espoir que ce renouveau symboliserait une absence totale d'erreur. Quel fou ai-je été de croire à cette idée ! Effectivement, notons dans un premier temps qu'il est plaisant de retrouver au sein d'un même magazine Hal Jordan et The Flash, deux séries pour deux super-copains. Néanmoins, que fait la série Action Comics dans ce magazine ? Si on se renseigne rapidement, on voit que la Distinguée Concurrence définit trois grandes familles au sein de son "nouvel" univers : celle de Batman, celle de la Justice League et celle de Superman/Wonder Woman. Et tandis que le Chevalier Noir a une publication qui lui est dédiée à lui ainsi qu'à ses compagnons et qu'il en est de même pour les principaux membres de la Ligue de Justice, l'Homme d'Acier est condamné à squatter les pages consacrées aux membres secondaires de l'équipe. Pire : les lecteurs de kiosque ne pourront jamais découvrir les aventures de Diana Prince. A la place d'un magazine centré sur Clark Kent et l'Amazone, la filiale de Dargaud a préféré lancer une publication centrée sur les membres du Suicide Squad. Pour info, messieurs du marketing, si vous me lisez, le film de David Ayer a été un succès au box-office, mais s'est fait énormément basher, aussi bien par la critique que par le public. A contrario, Kal-El est au centre du DC Extended Universe et sa famille occupe une place centrale dans le multivers télévisuel de Greg Berlanti. N'aurait-il pas été plus malin de créer un magazine intitulé Superman et Wonder Woman, accueillant tout ce beau monde ? En plus, vous auriez pu surfer sur la hype suscitée par l'oeuvre de Patty Jenkins. Et merde, quoi, j'ai lu que le début de DC Rebirth, mais je sais déjà que le Dernier Fils de Krypton y joue une importance capitale. Si vous avez besoin d'aide, hésitez pas à laisser un commentaire sur cette critique. D'ailleurs, que mettre à la place d'Action Comics ? Pourquoi pas Aquaman ? Voilà. C'était ma petite lettre ouverte. Faîtes-en ce que vous voulez. Je ne me plaindrai plus. Ca se trouve, le 'zine Suicide Squad Rebirth va être super intéressant. Ou pas.


Bref. On entre dans le vif du sujet de ce Justice League Rebirth avec le one-shot éponyme de Bryan Hitch. Dessinateur brillant, le bonhomme s'est improvisé scénariste avec une saga mettant en scène un Rao dangereux pour tous ceux qui oseraient croire en lui. Assez sympa. Ca laissait présager quelque chose de plutôt cool pour son run au cours de Rebirth. Mais tout le monde ne peut pas passer après Geoff Johns. Dan Abnett, lui, en est plus que capable. Là, le récit démarre de façon assez classique : la Ligue des Justiciers s'oppose à une invasion extraterrestre. A travers plusieurs internes, on comprend qui en sont les membres et en quoi elle est importante, à la fois comme un symbole et comme un bouclier pour la Terre. Mais surtout, une question est posée : maintenant que le Superman de New 52 est mort, que faire de celui venu de l'univers pré-Flashpoint ? Spoiler alert : ce serait pas mal de lui proposer d'intégrer le groupe. En vrai, c'est un numéro plutôt agréable à lire, qui donne envie de voir comment évoluera la suite, même s'il est regrettable que l'intrigue en elle-même manque de contexte aussi bien que de précision. Enfin, si Tony S. Daniel était excellent sur les premiers chapitres de Detective Comics lors de la DC Renaissance, il semble ici peiner à déifier les héros : ce n'est pas très beau.


Dan Jurgens, lui, n'a que faire des one-shots et autres prologues. C'est un baroudeur, un vieux de la vieille qui connaît l'Homme d'Acier mieux que quiconque et qui lance son intrigue quand il l'entend. Il démarre alors directement dans Justice League 52, s'inscrivant dans la continuité de son disciple (?) Geoff Johns. L'homme rend alors un très bel hommage au Kal-El de DC Renaissance à travers les yeux et les pensées d'un Lex Luthor magistral. On a l'impression de ne pas avoir changé de scénariste, tant sa caractérisation semble être la même que dans les numéros précédents. La différence majeure, c'est que le P.D.G. chauve va être animé par l'envie de devenir un symbole d'espoir ; pour autant, il y verra toujours son profit. Lex Superior ? C'est bien dessiné, c'est très efficace et on passe à la suite. Action Comics 957. Ca peut sembler débile quand on parle de renouveau, de revenir à une ancienne numérotation, mais Dan Jurgens est un mec logique : il oppose à Luthor le Clark Kent pre-Flashpoint, qui évoluait donc dans le premier volume d'AC. Bien sûr, il a joué un peu sur la numérotation, en prenant en prenant en compte les 52 numéros de la deuxième mouture dans son addition, mais on peut pas dire que c'est idiot. Le mieux dans tout ça ? C'est pas les dessins impressionnants et épiques de Patrick Zircher. C'est pas non plus les émotions véhiculées par cette famille que forment Lois, Clark et Jon qu'on a pu suivre dans Superman Univers Hors-Série 4, qui permettent de pardonner quelques facilités scénaristiques. Non, ce qui est fantastique, c'est que Dan Jurgens parvient à transcender son pitch initial, en teasant une intrigue plus grande encore. Donnez un magazine à cet homme !


Joshua Williamson est un peu plus dans les clous. The Flash s'offre un one-shot estampillé Rebirth, qui se déroule en parallèle de ce qu'a éécrit Geoff Johns. De quoi revoir certains événements, mais cette fois du point de vue de Barry Allen. Et si le personnage semble un peu lourdingue - pourquoi ? sous la plume de Bryan Hitch, il apparaît ici comme brillant et surtout très attendrissant, définitivement atteint du syndrome Peter Parker. Le scénariste en profite pour redéfinir l'entourage du Bolide Ecalarte, insistant de façon amusante et presque Kent-esque sur son rapport avec Iris West. Ca présageait déjà du bon et, en plus, suivent deux épisodes de la série "officielle" où l'auteur gère le protagoniste avec la même tendresse tout en introduisant une création originale, August Heart et en démarrant une saga qui s'annonce dantesque. De la légèreté, de l'émotion et des références à la continuité de DC... Voilà tout ce dont Flash avait besoin. Enfin, un grand bravissimo aux sublimes dessins de Carmine Di Giandomenico.


Si Hal Jordan était un peu l'alter ego de Geoff Johns au début des années 2000, le personnage a pris des directions plus sombres et réalistes au cours de New 52, tombant finalement entre les mains de Robert Venditti. Ce dernier a amené le Green Lantern là où personne ne l'avait fait avant, le poussant à prendre des décisions impossibles, atteignant à un point de non-retour. Vraiment ? Pas sûr. Parce que DC Rebirth, c'est la guerre entre l'espoir et le désespoir, menant au retour de la lumière dans un univers si assombri. Alors tant pis si un héros a mis des années à se transformer. On peut demander au scénariste qui a passé tant de temps à le déconstruire de revenir en arrière. Pour le meilleur et pour le pire. Même s'il faut reconnaître, en l'occurrence, que les dessins d'Ethan Van Sciver sont sympas et qu'on prend du plaisir à retrouver l'aspect prophétie dans ce premier numéro d'Hal Jordan and the Green Lantern Corps.


P.S. : D'ailleurs, même si je suis très content de retrouver dans ce numéro un des meilleurs amis de Barry Allen, si on s'en fit à la composition même de la ligue, il aurait été plus pertinent d'intégrer au sommaire Green Lanterns, narrant les aventures de Jessica Cruz et Simon Baz.

Emmessem62
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le 20 juin 2018

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