4 ans après le précédent album, voici une nouvelle aventure de Jonathan en 62 planches. Une belle histoire au scénario complexe qui m’a donné un peu de mal.
Le début voit l’évasion d’un homme qui saute d’un ponton en mer. Malgré l’eau glacée et la vigilance de gardes qui le mitraillent dans la nuit, l’homme s’échappe en soliloquant. Fiévreux et trempé, il est recueilli le lendemain matin par des personnes qui vont lui donner le moyen d’aller jusqu’à un monastère. Monastère dont Tulku Lingpa XI était l’abbé. Tulku Lingpa était le dépositaire d’un texte tibétain du XIVème siècle « Les entretiens de Lingpa » Un recueil d’enseignements, précieux manuscrit unique et trésor du monastère. Malheureusement, pendant la folie de la Révolution Culturelle, en 1970, les chinois ont incendié la bibliothèque et déporté Tulku Lingpa XI. Mais le sort du manuscrit reste incertain. C’est ce que le lecteur apprend en même temps que Jonathan qui est hébergé dans ce monastère.
Par la même occasion, Jonathan enregistre la présence dans le coin du colonel Lan dont il avait fait la connaissance dans l’album précédent. Le colonel Lan a été éloignée longtemps. Elle a subi des mois de « rééducation ». Surveillée mais en poste, elle apprend qu’elle sera chargée d’encadrer la tournée européenne des chœurs de l’armée chinoise.
Une BD très belle esthétiquement, mais qui selon moi n'atteint pas les sommets de la série. Cosey poursuit sa présentation quasi méthodique des aspects de la lutte du peuple tibétain pour survivre face à la domination impitoyable de l’armée chinoise. C’est la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Mais, une fois de plus, Jonathan se montre astucieux. Malheureusement, il semble voué à l’échec dans sa vie amoureuse, puisque celle qui fait à nouveau battre son cœur, la ravissante Jung Lan n’a qu’un objectif, fuir la région pour vivre normalement en Europe, continent où Jonathan se sent définitivement étranger.
Le scénario est soigné mais peu crédible à mon avis. Trop de hasards qui s’enchaînent comme il faut. Pourquoi Jonathan est-il dans ce fameux monastère ? Il semble étonné de retrouver le colonel Lan, alors qu’il a fait son possible pour organiser sa fuite. Surtout, retrouver le colonel Lan à son poste alors qu’elle a subi une rééducation me semble incohérent. Et qu’on lui confie l’encadrement d’une tournée européenne alors qu’elle reste sous surveillance (et tenue de faire son autocritique…) ne fonctionne pas vraiment. Cette « rééducation » n’a pu être justifiée que par le fait qu’elle envisageait (fin du précédent album) de rejoindre le clan tibétain…
Sinon, la beauté des couleurs et des dessins emporte l’adhésion. Cosey se montre toujours inspiré pour organiser ses planches et il ménage un suspense appréciable. Il a également le don pour présenter des personnages admirables. Il recommande de lire la BD en écoutant « Tibet, Tibet » de Yungchen Lhamo, « Tian E » de Ling Ling Yu et « Days » des Kinks.