Les Petits Riens,
« un livre avec beaucoup de pas grand-chose » confie Lewis Trondheim en quatrième de couverture. C’est le cas. Beaucoup de pas grand-chose sans toujours de lien, sinon le quotidien de ce quadragénaire du XXIème siècle à l’humour décalé, auteur de bande-dessinées, invité à voyager dans des lieux exotiques, et dans d’autres plus familiers.
Sur de courts gags d’une page,
Lewis Trondheim raconte ses relations au monde qui l’entoure : à ses enfants d’abord, avec une incompréhension qui témoigne du cadre différent qui sépare nos enfances à celle de nos rejetons ; à sa compagne, la complicité taquine, le lien d’amour derrière le quotidien pratique ; à ses amis, dont de nombreux collègues, auteurs et dessinateurs comme lui, et ce qu’ils partagent de moments à Angoulême, sur l’île de la Réunion, ou encore au téléphone. Et tout le reste : ses relations à la télévision, ses petits bonheurs – tel celui de trouver un coupe-ongle presque neuf dans la rue, ou un parapluie sur le rebord d’une fenêtre –, ses angoisses aussi – la malédiction dudit parapluie.
C’est fouillis, mais l’aquarelle vive et le trait fin des animaux anthropomorphes qui incarnent son entourage, donnent avec une allure enfantine,
une belle innocence à l’ensemble.
C’est reposant et honnête. Lewis Trondheim se met (presque) à nu et, au détour d’une réflexion, tire les sourires parfois jusqu’au fou rire. Les Petits Riens laissent des couleurs dans l’eau claire.
Matthieu Marsan-Bacheré